MSA
La « résignation » grandissante face aux chiffres de la crise

En 2016, 30 % des agriculteurs, soit 131 450 exploitants, au réel ont déclaré des revenus professionnels inférieurs à 4 248 € en 2015. (©Watier visuels)
En 2016, 30 % des agriculteurs, soit 131 450 exploitants, au réel ont déclaré des revenus professionnels inférieurs à 4 248 € en 2015. (©Watier visuels)

En 2016, 30 % des agriculteurs, soit 131 450 exploitants, au réel ont déclaré des revenus professionnels inférieurs à 4 248 € en 2015.
En 2016, 30 % des agriculteurs, soit 131 450 exploitants, au réel ont déclaré des revenus professionnels inférieurs à 4 248 € en 2015. (©Watier visuels)

Plus les mois passent et plus le constat de la crise agricole chiffré par la MSA s’aggrave. Selon la sécurité sociale agricole, « 30 % des agriculteurs, soit 131 450 exploitants, au réel ont déclaré des revenus professionnels inférieurs à 4 248 € en 2015. » Soit tout juste 354 €/mois. « En 2014, ils étaient 18 % dans cette situation. » Autrement dit, la part de producteurs ayant déclaré de très faibles revenus, pouvant notamment demander un report de cotisations sociales a explosé de 66 % en un an.

Pour ces agriculteurs concernés, la MSA a rappelé devant la presse mardi 11 octobre 2016 les mesures d’accompagnement financier. Ces exploitants dégageant moins de 4 248 € en 2015 et 2016 de même que les nouveaux installés et jeunes agriculteurs dont les revenus n’ont pas dépassé les 4 248 € en 2016 peuvent opter pour l’assiette annuelle des cotisations, option exceptionnellement reconduite en 2016. Ils bénéficient automatiquement d’une « année blanche sociale », reconductible dans la limite de trois ans.

Par ailleurs, «  25 400 foyers d’exploitants agricoles ont bénéficié de la prime d'activité en juillet 2016, soit 61 800 personnes couvertes pour un montant moyen de 207 euros par mois et par foyer. » Depuis début 2016, 39 000 exploitants ont bénéficié de la prime d‘activité, et « 8 800 foyers d’exploitants agricoles ont bénéficié d’un droit payable au RSA socle ».

« Des gens désormais plus résignés que combatifs »

En juin dernier, Pascal Cormery, le président de la caisse centrale de MSA parlait d’une « cocotte-minute prête à exploser » pour évoquer l’ampleur de la crise agricole. Mais l’explosion, synonyme de contestation et de revendication, a finalement laissé la place à une « résignation des campagnes » quasi-silencieuse. Outre les nouvelles mesures financières du plan Valls du 4 octobre 2016, la MSA ne peut alors qu’insister sur les mesures d’accompagnement qu’elle peut mettre en place pour les agriculteurs victimes d’un plan social sectoriel aussi discret que douloureux.

Le dispositif Agri-écoute mis en place début 2015 mais pleinement opérationnel à partir d’avril 2015 avait enregistré 1 219 appels en 2015. « Au premier semestre 2016, on en est déjà à 1 024 appels », explique Pascal Cormery. Avec néanmoins une baisse des appels depuis le mois de mai. « C'est inquiétant de voir des gens désormais plus résignés que combatifs, commente-t-il. Demander le RSA est quelque chose de psychologiquement difficile. Pour bon nombre de demandeurs, c’est vécu comme de la mendicité. »

Dans ce contexte, la MSA s’emploie à multiplier les « rendez-vous prestations » pour expliquer aux demandeurs toutes les aides et tous les droits auxquels ils peuvent prétendre, y compris des dispositifs qui ne relèvent pas de la MSA : aide à la reconversion professionnelle, formation professionnelle, cumul emploi-retraite, retraite progressive, délais de paiement, etc.

Les représentants de la MSA saluent aussi l’enveloppe de 4 M€ pour financer le remplacement des agriculteurs en situation de burn-out. Mais « on ne va pas financer beaucoup de semaines de congés avec ça », lâche pourtant Michel Brault, le directeur de la CCMSA.

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