Macron vante la «société de choix» pour sortir des inégalités
Au Mans, l’ancien ministre s’est prononcé pour une simplification « drastique » du droit du travail et a propose d’ouvrir les droits au chômage pour les salariés démissionnaires.
Sécurité, travail, mobilité, santé et éducation… Emmanuel Macron est passé à une nouvelle étape de son diagnostic mardi au Mans, où il tenait son deuxième meeting depuis son départ du gouvernement. La semaine dernière, à Strasbourg, il avait parlé de la nécessaire rénovation de la vie politique . Cette fois, devant près de 700 personnes, il s’est concentré sur les préoccupations quotidiennes des Français. Les thèmes n’ont rien de surprenant : nul besoin de faire du porte-à-porte pour constater que les sujets soulevés par l’ancien ministre de l’Economie, à commencer par la sécurité et le travail, sont prégnants. Les fractures territoriales ou les faiblesses du système éducatif français sont pour leur part des préoccupations de longue date.
Mais c’est sur son analyse et sa façon de les appréhender qu’Emmanuel Macron se veut innovant, car il fait le constat que le modèle actuel, malgré toutes les rustines qui sont apportées, produit plus d’inégalités qu’il n’en résout. Selon Macron, les injustices sont partout. « Notre société, depuis des années, ne garantit plus un égal accès à la sécurité , à l’éducation, à la santé, au logement , au travail. Nous pouvons continuer de dire que nous sommes le pays de l’égalité, nous avons cette passion de l’égalité, nous nous mentons à nous-mêmes », a déclaré Emmanuel Macron au cours de son meeting.
Passer d’une « France qui subit » à une « société de choix »
Comme il l’avait fait à Strasbourg, Emmanuel Macron a égrené quelques pistes de réformes : rebâtir le renseignement territorial et ressusciter la police de proximité, donner la primauté aux accords de branches et d’entreprises,et simplifier « drastiquement » le droit du travail. Dans ce domaine, il propose aussi une vraie rupture pour renforcer les droits des salariés avec l’ouverture des indemnités chômage aux salariés démissionnaires. Il propose aussi d’avoir une vraie politique de l’offre en matière de logements, repenser les transports de proximité pour désenclaver les territoires concernés, mettre en place un vrai système de santé publique en lieu et place d’un système de soins, en finir avec les échecs scolaires en fin de primaire et revoir l’orientation post-bac en matière d’éducation pour changer un système qu’il juge « à bout de souffle ».
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Autant de pistes pour passer d’une « France qui subit » à une « société de choix », et mettre fin à un « système de l’uniformité de l’indifférenciation, de la massification, et donc un système de la déception qui produit de l’injustice », a clamé Macron, n’hésitant pas à se positionner « contre le système ». Emmanuel Macron fait le pari que si les réformes sont expliquées, contextualisées, elles seront approuvées par les Français. Exactement ce que l’exécutif n’a pas fait, à ses yeux, avec la loi travail.
« J’irai quand je le sentirai »
Les propositions précises – son entourage en évoque de cinq à dix - seront avancées en novembre et décembre, mais, au fur et à mesure de ses meetings, Emmanuel Macron dévoile son jeu. « Il choisit les priorités sur lesquelles il fera des propositions, mais il doit les lier entre elles pour que ce soit systémique », précise un proche. Sa démarche est progressive, car il fait aussi le pari qu’elle continuera à susciter de l’attention alors qu’il se situe dans une zone grise : parti du gouvernement, il a « pris son risque » mais n’est pas encore candidat, même s’il franchit chaque jour un pas supplémentaire vers la présidentielle. « J’irai quand je le sentirai », estime-t-il, selon des propos rapportés par un proche. A Montpellier, la semaine prochaine, il ira sur des sujets plus sensibles : sous la jolie dénomination du « vivre ensemble », il parlera intégration ou laïcité. Là où les déchirures de la société sont sans doute les plus fortes. Là où il sera aussi beaucoup plus attendu au tournant.
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