Mondial de l'Auto. Gérard, 50 ans, chauffeur de bus proche de la retraite, veut devenir VTC: "Je préfère les voitures."

Mondial de l'Auto. Gérard, 50 ans, chauffeur de bus proche de la retraite, veut devenir VTC: "Je préfère les voitures."

Lexpress.fr

La nouvelle économie trouve sa place au Mondial de l'Auto. Tout au fond du hall 4, porte de Versailles à Paris, Voitures Noires, loueur de véhicules pour chauffeurs VTC, parvient à attirer une partie du flux des visiteurs venus admirer les dernières Porsche ou les concept-cars futuristes de Toyota. Il a mis le paquet, avec en devanture une Rolls Royce et une Lamborghini. Entres autres voitures de rêve.

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La proposition de loi Grandguillaume doit être examinée courant octobre par le Sénat, et elle va rendre l'exercice de la profession de chauffeur privé plus contraignant. Les titulaires de licences Loti, notamment, devraient être chassés des grandes métropoles, à moins de passer leur licence VTC. Voitures Noires mise donc à fond sur un l'argument de l'emploi, promettant d'en créer 1000 au cours des quinze jours du Mondial. Un bon coup de pub en même temps qu'un plan de recrutement.

Un vivier de 70 000 postes à créer?

L'application Uber, pour laquelle travaillent souvent les chauffeurs qui louent à Voitures Noires, a permis de créer 10 000 emplois en quatre ans, selon une étude du cabinet Asterès. Elle est souvent citée comme un tremplin vers le monde professionnel pour des jeunes sans qualifications. Un nouvel ascenseur social pour les banlieues. "Le secteur a encore la capacité d'intégrer 70 000 chauffeurs, indépendants comme salariés", promet dans une plaquette Karim Ferchiou, fondateur de Voitures Noires. C'est la fourchette haute d'une évaluation du rapport Thévenoud, si Paris avait la même offre que New York.

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Les profils entrevus pendant deux heures, en cette fin de matinée d'un mardi, sont bien plus divers que celui du jeune de banlieue. Alpha, 18 ans dans deux mois, vient de Dijon. Fan d'auto, il est en CAP de mécanique, mais ne compte pas passer sa vie dans les moteurs. Ce qu'il aime surtout, c'est les voitures. Il a été un peu rebuté par les trois ans de permis requis pour devenir chauffeur indépendant. Qu'importe, le projet est bien là. "Quand j'aurai l'expérience, je vais m'y mettre à fond."

Jérôme, 34 ans, est déjà chef d'entreprise dans la région de Bordeaux. Il convoie des véhicules à la place de leurs propriétaires, mais souhaite "ouvrir son offre" en transportant des passagers. Il s'est renseigné sur la formation de quinze jours proposée par Voitures Noires pour préparer l'examen VTC. Si sa nouvelle activité en vient à phagocyter la première, il n'a pas d'inquiétude: "J'embaucherai."

Le discret Chokri, 36 ans, est venu de Rouen. Chauffeur-livreur en intérim, il est tenté par ce nouveau métier, qui "peut permettre de choisir son rythme de travail", alors qu'il doit prendre soin de ses parents malades. Problème: pour travailler avec Voitures Noires, il faudrait déménager en région parisienne, ce qu'il n'envisage "pas avant deux ans".

Plus de seniors que de jeunes sans emploi

Les jeunes sans expérience professionnelle sont donc rares dans cet échantillon aléatoire. Les seniors, en revanche, y sont bien présents. Victor, 47 ans, est en cours de licenciement économique dans une imprimerie parisienne. Un secteur sinistré dans lequel il n'envisage pas de retrouver un emploi. Dans quelques mois, il songe à se reconvertir derrière un volant: "J'ai toujours aimé la voiture."

Jean-Pierre, 58 ans, a perdu son emploi de conducteur de personnes handicapées. Un peu inquiet à cause des horaires décalés de ce nouveau métier, il hésite encore à se lancer, même en tant que salarié.

Tandis que pour Gérard, 50 ans, conducteur de bus à quelques mois de la retraite, les horaires ne sont pas un problème. Il travaille déjà en décalé, et lui qui "préfère les voitures aux bus" est tout heureux à la perspective de ne pas rester oisif.

Mille emplois créés en quinze jours? En tout, une dizaine de candidats sont passés devant les guichets d'information, et certains n'y sont pas restés bien longtemps. "On fait tout en grand", reconnaît Marine Levy, directrice de la communication de Voitures Noires. Ce pari fou ne sera peut-être pas gagné, mais les curieux sont là.

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