Par Martine Robert
A l'occasion du MaMA, le marché des musiques actuelles qui se tient à Paris jusqu'à vendredi, la Sacem a publié le premier panorama économique des musiques électroniques (dance music, techno, house). Il apparaît que ce secteur pèse 416 millions d'euros, dont 71 % réalisés dans les clubs et discothèques, 11 % dans les 60 festivals spécialisés, le reste à l'export, sur le numérique, les radios...
A Paris, la culture techno a pris ses racines dans les années 1990, avec les soirées de Laurent Garnier au Rex Club, et a constitué peu à peu un écosystème avec ses labels, ses lieux, ses festivals (Nuits Sonores à Lyon, Astropolis à Brest, Nordik Impact à Caen, Weather Festival à Paris...), ses médias, jusqu'aux succès internationaux de Daft Punk et David Guetta. Le nombre de DJ s'est envolé parallèlement, et leur cachet a été multiplié par 5 ou 6 en cinq ans.
Des cachets en proportion de la renommée
« Ces DJ jouissent d'un statut de créateurs d'une oeuvre originale [même s'ils assemblent des oeuvres existantes, NDLR], leurs prestations relèvent du spectacle vivant; ils exigent par conséquent des cachets en proportion de leur renommée, qui peuvent atteindre plusieurs milliers d'euros en club et jusqu'à 20.000 ou 30.000 euros en festival pour des têtes d'affiche », note la Sacem. Ce qui n'est pas « sans fragiliser les modèles économiques de ces lieux et événements ».
Ceci explique pourquoi les festivals de musiques électroniques sont souvent organisés par des poids lourds tels Fimalac, Live Nation, Vivendi et Lagardère. De même, les établissements réalisant un chiffre d'affaires supérieur au million d'euros sont trois fois plus nombreux parmi les clubs techno-house par rapport aux autres discothèques. La fréquentation, elle aussi, diffère. « Les discothèques accueillent un public généraliste, tandis que les clubs électro attirent une clientèle venue pour apprécier un événement musical. Ces clubs doivent donc investir : les lieux qui ouvrent soignent la qualité du son, le décor, les événements surprenants », souligne Bruno Blanckaert, président du Grand Rex. Ce dernier estime d'ailleurs que Paris surpasse Berlin ou Londres.
Peu à peu, Etat et élus locaux ont considéré les musiques électroniques comme une culture à part entière (Techno Parade...) et les ont soutenus par des subventions. D'autant que la French Tech s'exporte plutôt bien dans le monde et son potentiel de développement à l'étranger est très fort. La filière est accompagnée d'ailleurs par le Bureau export des musiques actuelles et l'Institut français, avec des programmes comme le French Beat ou la French Wave. A Paris, la Gaîté Lyrique fait aussi figure d'incubateur de start-up liées aux cultures électroniques.
Martine Robert