Il a suffi d’un communiqué pour que le sort du “Népszabi”, vieux de soixante ans, bascule. Le 10 octobre, le groupe Mediaworks, propriétaire du titre, a unilatéralement interrompu la parution de l’édition papier et le site web de l’ancien organe du Parti socialiste ouvrier hongrois, devenu référence de l’anti-orbanisme médiatique. Les négociations patinent. Les journalistes enchaînent les espaces de coworking et prolongent leur lutte sur Facebook mais leur destin semble plié. Lancé le 2 novembre 1956, Népszabadság risque de disparaître à jamais des kiosques et les avis divergent sur le dossier.


Le philosophe Gáspár Miklós Tamás déchaîne son courroux sur le site du magazine HVG. “La diminution du nombre de journaux est une mauvaise nouvelle pour le peuple. Ce putsch médiatique montre combien un groupe de privilégiés inféodés au pouvoir veut renforcer sa mainmise sur l’information au mépris des règles de la démocratie mais aussi combien Orbán déteste viscéralement les médias d’opposition. Ces médias ne font que leur job en éclairant les citoyens sur les affaires douteuses et scandales d’État impliquant le gouvernement. Népszabadság meurt pour l’exemple.”

Refusant de souscrire à l’indignation générale, le polémiste Zsolt Bayer salue la fin du quotidien dans Magyar Hírlap.

Mediaworks se sépare de Népszabadság. Voilà ce qui compte ! Tout ce remue-ménage, c’est de la merde. Qui est l’idiot qui ne se réjouirait pas de la chute de l’ultime chef-d’œuvre le plus méprisable de l’époque de János Kádár [chef de la Hongrie communiste de 1956 à 1989], ayant pourri l’existence d’un nombre incalculable de personnes pendant près de quatre décennies ?”

En dépit du soutien massif de la presse internationale et du président du Parlement européen Martin Schulz, auteur d’un tweet de solidarité en magyar, le retour d’un Népszabadság imprimé est quasiment impossible et les plumes se battent essentiellement pour le maintien des archives. C’est ce qu’a affirmé Péter Peto, rédacteur en chef adjoint du journal, lors d’une conférence organisée ce mardi 11 octobre à l’université Eotvos Loránd de Budapest. Les prochains jours diront si leur requête a abouti.