Yémen : l'Arabie saoudite admet une bavure après le carnage de Sanaa

Ce massacre avait déclenché l'indignation de la communauté internationale. 140 personnes qui assistaient à une cérémonie funéraire sont décédées.

Source AFP

Riyad et ses alliés, qui soutiennent le président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi, ont déjà été accusés dans le passé d'avoir bombardé des objectifs civils.
Riyad et ses alliés, qui soutiennent le président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi, ont déjà été accusés dans le passé d'avoir bombardé des objectifs civils. © AFP

Temps de lecture : 3 min

La coalition arabe intervenant au Yémen a reconnu samedi avoir tué par erreur il y a une semaine 140 personnes qui assistaient à une cérémonie funéraire dans la capitale, Sanaa, un carnage qui avait déclenché un tollé international. Après cette bavure, la coalition militaire menée par l'Arabie saoudite a promis de revoir ses règles d'engagement dans la guerre qu'elle mène contre les rebelles chiites Houthis qui contrôlent Sanaa et une bonne partie du Yémen de la Péninsule arabique.

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Riyad et ses alliés, qui soutiennent le président du Yémen Abd Rabbo Mansour Hadi, ont déjà été accusés dans le passé d'avoir bombardé des objectifs civils. Les frappes aériennes du 8 octobre avaient ciblé une grande salle de Sanaa où était organisée une cérémonie funéraire pour le père d'un haut responsable. Elles ont fait au moins 140 morts et 525 blessés selon l'ONU. Après avoir nié son implication dans un premier temps, la coalition arabe avait lancé une enquête puis a affirmé samedi avoir commis une erreur.

"En raison du non-respect des règles d'engagement et des procédures de la coalition ainsi que d'une information erronée, un avion de la coalition a visé de manière erronée cet endroit, entraînant la mort et les blessures de civils", a souligné l'équipe chargée de l'enquête. Elle recommande en conséquence de sanctionner les personnes responsables de cette bavure, de dédommager les victimes des raids et de revoir les "règles d'engagement" des opérations militaires au Yémen.

Frappes "disproportionnées"

Ces frappes avaient conduit les États-Unis, allié de l'Arabie saoudite, à annoncer un réexamen de leur soutien à la coalition arabe au Yémen, où la guerre a fait 6 885 morts depuis mars 2015, presque pour moitié des civils, selon l'ONU. L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch avait estimé que ces frappes s'apparentaient à un "crime de guerre" et souligné qu'elles étaient "disproportionnées" en raison de "la présence évidente de civils" à la cérémonie.

Les enquêteurs de la coalition ont indiqué que ces raids avaient été lancés sur la base d'informations "erronées" fournies par l'armée du président Hadi et faisant état de la présence à la cérémonie d'un "grand nombre de responsables militaires des Houthis". Le commandement de la coalition a annoncé, dans un communiqué publié samedi en début de soirée, avoir "accepté les recommandations" des enquêteurs et "commencé à les mettre en œuvre". Il a regretté la bavure et affirmé avoir pour objectif de "protéger les civils et rétablir la sécurité au Yémen". Au moment même où la coalition publiait les résultats de son enquête, une première évacuation de personnes blessées dans le bombardement était organisée à Sanaa vers Oman.

Évacuation de blessés

Le sultanat d'Oman est le seul pays arabe du Golfe à ne pas participer à la coalition arabe et garde de bons contacts avec les rebelles ainsi qu'avec les autorités du président Hadi. Un groupe de 115 blessés a commencé à embarquer à bord d'un avion de l'armée de l'air omanaise, a constaté un photographe de l'Agence France-Presse. "Il s'agit du premier groupe (...) appelé à être évacué pour des soins à l'étranger", a déclaré à la presse le vice-ministre de la Santé des autorités rebelles yéménites, Nasser Awjali. L'opération a pris du retard pour des raisons logistiques car il a fallu chercher les blessés dans différents hôpitaux de Sanaa, a indiqué à l'Agence France-Presse en début de soirée le directeur de l'aéroport de Sanaa, Khaled al-Chayef, ajoutant que l'avion devait partir "très vite".

Mardi, le roi Salmane d'Arabie saoudite avait autorisé l'évacuation des blessés graves parmi les victimes du bombardement. Plus de 300 personnes sont dans un état grave et nécessitent des soins à l'étranger, avait indiqué dimanche Tamim al-Chami, porte-parole des autorités sanitaires des rebelles. L'avion omanais qui évacuera les blessés a ramené, en atterrissant à Sanaa, les membres de la délégation rebelle aux négociations de paix qui se sont terminées à Koweït le 6 août sans succès. Ces personnes étaient bloquées depuis à Mascate en raison de l'embargo aérien imposé par la coalition arabe.

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Commentaires (4)

  • Petit malin

    Mais c'est l'Arabie Saoudite pas la Russie, le bon roi Salame, pas ce barbare de Poutine.

    Alors pas de résolution à l'ONU, pas de sanctions contre ce pays de l'or noir, pas de hauts cris dénonçant des crimes de guerre au Yemen... Non, non !
    Les Etats-Unis ? Aux abonnés absents ! Cela leur rappelle trop qu'ils ont bombardés un hôpital de MSF...
    Notre Ayrault ? Muet comme une carpe ! Quant à l'audacieux qui n'a vraiment pas de bol, il n'ose plus rien dire depuis qu'il en a (beaucoup) trop dit !
    Les journalistes des médias télé, ils ont autre chose à faire sans doute. D'ailleurs "l'international" est à la diète. Il faut aller sur France 24 ou Euronews pour connaître les nouvelles du monde...

    Tout le monde se contente de cette dépêche : "l'Arabie saoudite a promis de revoir ses règles d'engagement"... On est rassuré. On va s'empresser de les féliciter ! Le pris Nobel de la Paix peut-être ?!

    La paille et la poutre vous dis-je...

  • Petit malin

    L'Arabie saoudite a promis de revoir ses règles d'engagement

  • zakaria7

    Accordé a la parole d'un saoudien ? Heureusement qu'il existe de "vrais " musulmans comme les OMANAIS. Paix aux victimes chiites.