Chez les soutiens de Hollande, la haine, le désespoir, les appels à Manuel Valls
Après les confidences de François Hollande dans un livre, ses soutiens à gauche sont déboussolés.
François Hollande à Strasbourg le 11 octobre. Sipa.
Il n’est pas jusqu’aux ministres qui ne soient abasourdis, depuis la sortie du livre relatant les folles confidences de leur président. "Il est temps d’ouvrir les yeux et de regarder la réalité en face, juge Thierry Mandon, le secrétaire d’État à l’Enseignement supérieur. L’autosatisfaction ne peut pas être une ligne de campagne. Cela nous conduirait à coup sûr au gouffre. Il faut faire un bilan lucide et constructif du quinquennat, décider une feuille de route sur un autre registre pour un éventuel second mandat de la gauche." Une de ses collègues renchérit sous couvert d’anonymat : "On est entre la haine et le désespoir. C’est perçu comme un coup de poignard par tous ceux qui font le boulot. La campagne de François Hollande, nous y allions déjà à genoux, maintenant, nous ne voulons plus y aller du tout!"
"Hollande est mort dans tous les cas de figure"
Après que le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, a émis – vendredi, dans les colonnes de La Provence – un grand méchant doute sur Hollande et que, depuis le Canada, Manuel Valls a appelé à "prendre un peu de hauteur de vue" et ajouté, sûr de sa force : "Je sais ce que je peux représenter pour le pays", les éminences socialistes laissent libre cours à leur désarroi. Il fallait voir la mine déconfite de cet autre ministre – qui s’exprimera à visage découvert lorsque "la mèche lente", comme il dit, sera sur le point de faire exploser la bombe Hollande : "Depuis cette semaine, François est mort dans tous les cas de figure. La gauche le rejette. S’il va à la primaire, il va être battu à plate couture par Montebourg , même si ce dernier fait une très mauvaise campagne. Le problème, c’est que je ne sais pas s’il y a une alternative, je ne suis pas sûr que Manuel Valls ait envie d’y aller…"
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Le député socialiste de l’Essonne Malek Boutih, lui, n’hésite pas à en appeler au Premier ministre : "Hollande ne peut pas détruire tout un collectif! Sa candidature ira jusqu’au bout, sauf si un môle de socialistes responsables décide d’une candidature alternative. Le seul qui soit en situation d’incarner cette alternative, c’est Manuel Valls!" Une "évidence" qui n’en est pas exactement une, au sein du Parti socialiste, où le chef du gouvernement ne fait pas l’unanimité. "Si François Hollande n’y va pas, Valls est obligé d’être dans le casting, analyse le frondeur Benoît Hamon. Mais l’appareil aura besoin d’un candidat tampon entre Valls, Montebourg et moi." Voilà qui rebattrait plus encore les cartes… Jusqu’où?
"Ce n’est pas un livre-bilan, c’est un livre-testament"
"La faiblesse de la candidature de Hollande n’est pas un fait nouveau", théorise Malek Boutih. Depuis la rentrée, tout le monde se disait : “Hollande va nous conduire à la défaite. Mais il y avait une forme de fatalité. Le livre précipite tout, car désormais il y a l’idée que ce n’est pas seulement une défaite qui nous attend, mais une humiliation suivie d’une fragmentation de la gauche puis d’une longue traversée du désert." Le sénateur vallsiste Luc Carvounas n’est pas moins alarmiste : "Ce n’est pas un livre-bilan, c’est un livre-testament. On s’est ramassé un seau d’eau froide sur la tête. Maintenant, qu’est-ce qu’on fait? Comment le défendre? Je ne lâche pas les gens en rase campagne, mais là, il ne nous aide pas beaucoup…" Long soupir. Ils sont "paumés", c’est le mot qui revient le plus dans leur bouche. Comme dans celle de cet autre parlementaire de la majorité : "Je ne vois pas comment Hollande peut s’en sortir! C’est une déflagration. Les députés de base sont sidérés."
EDITO. Il n'y a pas de plan B à la candidature de François Hollande
Comment, dès lors, s’en tenir au plan de bataille concocté par les partisans du Président? L’appel des élus en faveur de sa candidature devait sortir ces jours-ci ; il n’en est plus question. "Des camarades s’interrogent, admet le président du groupe PS au Sénat, Didier Guillaume. Cela ne veut pas dire qu’ils ont tourné casaque, mais ils veulent réfléchir. Hollande devait prononcer un grand discours sur le social. Est-ce qu’on maintient le dispositif ou est-ce qu’on fait autrement? Il serait bon que dans les jours qui viennent le Président puisse avoir une explication avec les Français." Si même les hollandais le disent…
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Source: leJDD.fr
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