Les quatre candidats à la primaire écologiste, avant leur premier débat télévisé le 27 septembre dernier.

Les quatre candidats à la primaire écologiste, avant leur premier débat télévisé le 27 septembre dernier.

AFP/Thomas SAMSON

Ils s'appellent Bob Lesumo ou encore Gaston Lecat. Leur point commun? Tous deux ont voté à la primaire écologiste. Problème: ces bulletins n'auraient jamais dû être pris en compte et relèvent tout simplement de la supercherie. Le Monde, précédé par le site BuzzFeed, ont démontré les failles de la procédure de vote choisie par les écologistes et la possibilité de voter au nom d'un électeur parfaitement fictif. Deux publications qui font tache alors que les résultats du premier tour de la primaire sont attendus pour mercredi prochain.

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Aucun contrôle d'identité, ni consultation des listes

Les deux médias sont catégoriques: à aucun moment il ne leur a été demandé de fournir lors de la procédure en ligne un justificatif d'identité. De même, alors qu'il en était visiblement question au départ, à la lecture de certains articles sur le sujet, aucun croisement n'a été effectué avec les listes électorales.

A ces deux accusations, la direction du parti livre ses explications. "Pour le contrôle d'identité, on peut parler d'obstacle idéologique, commente à L'Express Thierry Brochot, le trésorier du parti. C'est tout de même intrusif. Ce sont les officiers ministériels ou les forces de l'ordre qui ont le droit d'exiger une pièce d'identité." La direction se retranche sur ce point derrière sa conception "libertaire" de la société et dit aussi compter sur le respect des règles par les électeurs "à qui l'on demande de signer une charte".

S'agissant de la non-confrontation des électeurs avec les listes électorales, le parti avance plutôt une question de moyens. "C'est quelque chose d'extrêmement laborieux. Les Français établis hors de France représentent environ 300 personnes. Prenez l'exemple des USA. Pour les 25 ou 30 inscrits, nous avons dû vérifier de quel consulat dépendait chacune de ces personnes. Cela a demandé beaucoup de temps."

Quels contrôles?

Mais le parti, malgré ces difficultés, se veut rassurant. "Il y a eu des contrôles, assure Thierry Brochot. Des contrôles publics, qui interdisaient plus de deux inscrits à utiliser la même carte bleue et à plus de quatre inscrits d'utiliser la même adresse postale."

Le trésorier d'EELV insiste aussi sur la mise en oeuvre de "contrôles supplémentaires", pour être certain d'avoir échappé à un "entrisme massif", en provenance par exemple d'un autre parti. "Il s'agit de contrôles statistiques, basés sur un découpage fin, pour comparer le nombre d'inscrits et le nombre de militants. Nous avons constaté des ratios équivalents sur l'ensemble du territoire. Il n'y a aucune aberration, conclut-il. Le fait d'avoir deux ou trois plaisantins qui se vantent d'avoir payé cinq euros pour avoir triché ne remet pas en cause la légitimité du scrutin."

Des candidats un peu surpris

Si leurs équipes ont eu accès aux listes, tous les candidats à la primaire ne semblent pas vraiment rassurés. Un sentiment sans doute lié au fait que la majorité des électeurs seront cette année extérieurs au parti. Un peu plus de 10 000 personnes ont déboursé cinq euros pour participer au scrutin, pour environ 7500 adhérents EELV. Contacté, le candidat Yannick Jadot nous a invité par texto à joindre la direction. Il se dit néanmoins "un peu surpris" et évoque un "questionnement légitime".

Karima Delli, elle aussi candidate, va plus loin. Tout en insistant sur les limitations liées aux nombres d'inscrits par adresse et carte bleue, la députée européenne juge "consternant" que des cas comme ceux relevés par Le Monde ou BuzzFeed puissent se produire. "Dans ces conditions, dit-elle, peut-être fallait-il prendre un peu plus de temps pour organiser le scrutin. Il y a un autre problème, j'ai deux amis qui n'ont par exemple jamais reçu leur bulletin de vote, assure-t-elle. Et la candidate de menacer: si l'on découvre des choses bizarres, je n'hésiterai pas à contester les résultats." Pour EELV, il ne manquerait plus que ça.

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