Souffrez-vous du "brown-out", cette sensation de perte de sens dans votre travail ?

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Le "brown-out" serait-il en train d'envahir les entreprises françaises ? Ce mal-être psychique, accentué par la pandémie de Covid-19 et les questionnements existentiels, n'est pas nouveau, mais reste peu connu. Pourtant, il s'avère tout aussi dangereux pour les salariés que l'épuisement professionnel.

Dans une société où le travail est devenu synonyme d’identité sociale mais aussi un lieu symbolique d'épanouissement personnel, les salarié.es sont de plus en plus nombreux à se questionner quant sa place dans leur vie.

Pour 35% des Français.es, redonner du sens et de l’utilité au travail permettrait de changer sa perception en profondeur, bien avant la réduction des écarts salariaux ou du temps de travail, révélait l'IFOP en 2021

En effet, désireux.se de consacrer les nombreuses années de leur vie qu'ils consacreront à un emploi qui les fera se sentir utiles, de nombreux.ses Français.es se retrouvent confronté.es au brown-out.

Après le burn out et le bore-out, ce nouveau mal de l’entreprise fait référence à un manque grandissant d’engagement et d’épanouissement professionnels, de par une perte de sens dans son travail. 

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Le "brown-out" ou prendre conscience de l'absurdité de son travail 

Vous avez déjà sûrement entendu parler des "bullshit jobs". Conceptualisés par l’anthropologue américain David Graeber, ces “boulots à la con” s'apparentent à des emplois qui ne font plus sens pour les travailleurs et travailleuses concerné.es.

Si le scientifique laisse à l’appréciation de chacun de savoir si son travail entre dans cette catégorie ou non, nombreux sont les Français.es à se sentir touché.es par ce malaise. Ainsi, le brown-out se traduirait par une prise de conscience de l'absurdité de son poste, de sa superficialité, de sa futilité. Une nouvelle forme d'épuisement au travail, plus sournoise.

“En anglais, brown-out veut dire coupure d'électricité, absence d’énergie. On a plus d’énergie car le sens de notre travail n'est plus source de motivation”, explique le Dr François Baumann, auteur de Le brown-out. Quand le travail n'a plus aucun sens (Josette Lyon, 2018).

Perte d'énergie et de motivation : les symptômes à surveiller

Et malheureusement, les expert.es s’accordent à dire que les signes du brown-out sont plus subtils à déceler que ceux de l'épuisement professionnel.

“Les symptômes concrets sont les mêmes que pour tous les épuisements, des symptômes de dépression réactionnelle, c’est-à-dire dus à une cause, qui est ici la prise de conscience de l’absurdité de ce que l'on fait”, appuie le professionnel de santé. 

Concrètement, une perte flagrante d’intérêt et de motivation pour son travail, une forte fatigue et un manque d'envie à aller travailler sont des signaux à surveiller en entreprise. “C’est un épuisement général, une espèce de perte d’énergie complète. Et l'épuisement et la fatigue ont plus tendance à nous faire réfléchir sur ce qu’on fait. Il peut également y avoir des crises de larmes, en fait, un certain désespoir”, ajoute également François Baumann. 

Un mal-être accentué par la pandémie de Covid-19 et la réforme des retraites

Et la pandémie de Covid-19 a été comme un accélérateur de cette perte de sens, une occasion de repenser son travail.

"Tout le monde a profité de ce moment pour prendre du recul et réévaluer sa situation. Les gens faisaient le point sur leur vie et se demandaient : ‘est-ce que ce que je fais a de l'importance ? Je devrais vraiment consacrer mon temps à des choses qui comptent’”, précise Aaron De Smet, à la BBC

Effectivement, "le Covid a accentué la réflexion des gens sur le sens de ce qu’ils faisaient. On est passé d’un bureau à un ordinateur chez soi, c’était très différent d’un point de vue qualitatif. Ce qui a permis de faire réfléchir sur le sens de nos vies”, ajoute le professionnel de santé.

Mais ce mal pourrait se voir aussi accentué par la récente réforme des retraites : “le sens du travail a beaucoup fait parler de lui avec les retraites. C’est inquiétant car il n'y plus de confiance dans la valeur travail”, commente l'expert. 

Les solutions pour se prémunir du brown-out

D’après la philosophe Céline Marty, personne n'est à l'abri de cette souffrance professionnelle : “le modèle d’épanouissement, de reconnaissance personnelle et de satisfaction sociale dans le travail semble aujourd'hui non seulement idéalisé mais en plus réservé aux travailleurs les plus privilégiés. Mais ces professions aisées ne sont plus à l’abri de l’ennui existentiel au travail”, avance-t-elle dans son livre Travailler moins pour vivre mieux (Dunod, 2021)

Néanmoins, des moyens existent afin de se prémunir, ou de se libérer de cette forme de souffrance. Tout d’abord, “les gens devraient faire un travail qui correspond à leurs intérêts et à leurs talents parce que l’alignement crée aussi du sens. Si j’ai l’impression d’utiliser les meilleures parties de moi-même pour apporter une contribution, je vais me sentir bien dans ma peau”, propose Stéphanie Bot, psychologue, à la BBC

Autre possibilité, lorsque cela est possible, “choisir un travail qui n’est pas redondant, qui peut varier pour nous donner des plaisirs différents. La variété peut prémunir”, selon François Baumann.

La solution serait-elle sinon de ne plus imposer l’idéal d’un épanouissement professionnel et de trouver du plaisir ailleurs ? Ou encore de pousser les entreprises à se responsabiliser sur des questions environnementales et éthiques ? A chacun de trouver sa bonne réponse. 

[Dossier] Burn out : comment éviter et reconnaître l'épuisement professionnel ? - 12 articles à consulter

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De anonyme
Tout ces métiers d'équipe il faudrait les passer en individuel pour augmenter la prise de risque.