
Quand ils ont accordé le prix Nobel de littérature 2016 à Bob Dylan, les membres de l’Académie s’attendaient à plusieurs scénarios, explique Johan Hilton, chroniqueur littéraire de Dagens Nyheter. À un non, par exemple. Ou à un discours de remerciement bavard, sur scène, à Las Vegas, où jouait Bob Dylan le soir du 13 octobre. “Mais pas le silence total.”
Cinq jours plus tard, estime Hilton, l’affaire commence à prendre un air provocateur :
Est-ce difficile de décrocher le téléphone et de dire ‘OUI, MERCI’ quand il ne s’agit pas juste d’une petite médaille moche, mais de la somme stupéfiante de 8 millions de couronnes suédoises [environ 825 000 euros] ?”
En même temps, poursuit Hilton, ce silence semble corroborer le débat sur Dylan qui a été mené ces derniers jours dans les services culture de la presse suédoise, et où la star a été décrite comme le dernier porte-étendard de la masculinité.
“Certes, le silence masculin peut être et parlant et sexy”, reconnaît Hilton avant de se lancer dans une réflexion un brin ironique sur un ton faussement “inquiet” :
Le silence peut s’avérer dangereux aussi quand l’on n’a jamais appris à exprimer ses sentiments. Il suffit de regarder les hommes qui, de manière générale, gèrent moins bien les crises de la vie : “Deux tiers des êtres qui se suicident sont des hommes”, s’exclame Hilton avant de lancer : “Tout d’un coup, c’est comme une révélation pour moi. Peut-être que Bob Dylan est silencieux parce qu’il ne sait pas comment se comporter. Il a simplement besoin d’un peu d’aide.”

Fondé en 1864, c’est le grand quotidien libéral du matin. Sa page 6 est célèbre pour les grands débats d’actualité. “Les Nouvelles du jour” appartient au groupe Bonnier, le plus grand éditeur et propriétaire de journaux en Suède. Le titre est passé en format tabloïd en 2004.
Au milieu des années 2010, le journal a frôlé le gouffre. Ses ventes papier avaient chuté de près de 120 000 exemplaires en 15 ans, et le titre ne comptait que 2 000 abonnés numériques. Il a su rebondir grâce à une stratégie offensive et innovante sur les réseaux sociaux. Ses contenus n’y sont pas disponibles, mais les journalistes ont été encouragés à chercher idées et histoires sur Instagram et Facebook, ainsi qu’à multiplier les interactions avec les lecteurs. En 2019, cette démarche avait séduit 160 000 abonnés numériques, quand 170 000 autres personnes avaient souscrit à une abonnement combinant papier et web.