Quand ils ont accordé le prix Nobel de littérature 2016 à Bob Dylan, les membres de l’Académie s’attendaient à plusieurs scénarios, explique Johan Hilton, chroniqueur littéraire de Dagens Nyheter. À un non, par exemple. Ou à un discours de remerciement bavard, sur scène, à Las Vegas, où jouait Bob Dylan le soir du 13 octobre. “Mais pas le silence total.”

Cinq jours plus tard, estime Hilton, l’affaire commence à prendre un air provocateur :

 
Est-ce difficile de décrocher le téléphone et de dire ‘OUI, MERCI’ quand il ne s’agit pas juste d’une petite médaille moche, mais de la somme stupéfiante de 8 millions de couronnes suédoises [environ 825 000 euros] ?

En même temps, poursuit Hilton, ce silence semble corroborer le débat sur Dylan qui a été mené ces derniers jours dans les services culture de la presse suédoise, et où la star a été décrite comme le dernier porte-étendard de la masculinité.

“Certes, le silence masculin peut être et parlant et sexy”, reconnaît Hilton avant de se lancer dans une réflexion un brin ironique sur un ton faussement “inquiet” :

Le silence peut s’avérer dangereux aussi quand l’on n’a jamais appris à exprimer ses sentiments. Il suffit de regarder les hommes qui, de manière générale, gèrent moins bien les crises de la vie : “Deux tiers des êtres qui se suicident sont des hommes”, s’exclame Hilton avant de lancer : “Tout d’un coup, c’est comme une révélation pour moi. Peut-être que Bob Dylan est silencieux parce qu’il ne sait pas comment se comporter. Il a simplement besoin d’un peu d’aide.”