Chine : la croissance se dope à l’immobilier et à la dépense publique
+ VIDEO. A +6,7 % sur un an, la croissance du PIB s’est stabilisée, conformément aux attentes des économistes. La crainte d’un ralentissement brutal de l'économie s’éloigne au prix d’un bond inquiétant de la dette.
L’avantage avec le PIB chinois, c’est qu’on n’est jamais vraiment surpris. A 6,7% sur un an, la croissance économique de la Chine est restée stable au troisième trimestre, conformément aux attentes des économistes. Semblable à celui des deux premiers trimestres, ce rythme assure à la deuxième économie mondiale de tenir l’objectif fixé par Pékin d’une croissance située dans une fourchette de 6,5% à 7,0% sur l’ensemble de l’année.
Si la croissance reste à son plus bas niveau depuis la crise financière, il faut tout de même se rappeler qu . De quoi être désormais rassuré sur la santé de l’économie chinoise ? Pas vraiment. Et pas seulement parce que le chiffre officiel prête toujours à suspicion (Capital Economics estime la croissance « réelle » à 5%).
Recettes traditionnelles de soutien à la demande interne
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L’inquiétude persiste du fait même de la composition de la croissance. Car pour afficher un chiffre conforme à un objectif éminemment politique en dépit d’un ralentissement des exportations, le gouvernement chinois a continué d’utiliser les recettes traditionnelles de soutien à la demande interne : à coup de milliards de yuans injectés dans des projets d’infrastructures, « les dépenses budgétaires ont à nouveau été l’outil le plus fiable pour résister à la tendance au ralentissement de la croissance du PIB », juge Alicia Garcia Herrero, chef économiste pour l’Asie chez Natixis. L’investissement des entreprises publiques a bondi de 21% sur les neuf premiers mois, quand la croissance de l’investissement privé s’est limité à 2,5%...
Vidéo : L’économie chinoise donne des signes de stabilisation
La persistance d’un crédit bon marché et la levée de règles restreignant les transactions a, en outre, et soutenu indirectement de nombreux secteurs industriels. Les prix sont repartis de plus belledans la plupart des grandes villes du pays, dépassant les +30% sur un an à Shanghai et Shenzhen. « C’est incroyable ce que vous obtenez avec une bulle immobilière et une hausse folle de l’endettement !», a réagi Michael Every, économiste chez Rabobank, pour qui cette situation « n’est pas tenable ».
Vents contraires
Si la politique monétaire et budgétaire expansionniste menée ces derniers mois a permis de stabiliser l’économie, « la Chine fait toujours face à de forts vents contraires », préviennent les économistes de HSBC. L’investissement immobilier comptant pour environ 15% du PIB chinois, un brusque retournement de tendance affecterait l’économie. Une vingtaine de villes chinoises ont récemment pris ou durci des mesures de restriction sur les achats immobiliers pour tenter de contenir l’envolée des prix (restriction à l’achat de plusieurs biens, hausse des dépôts de garanties, etc…).
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Reste encore à savoir quel en sera l’impact économique. Au-delà, c’est l’endettement domestique - très lourd et qui ne cesse de croître – qui inquiète. « La grande question pour 2017 et au-delà est de savoir si les autorités vont continuer à viser des objectifs de croissance du PIB trop ambitieux ou commencer à freiner la croissance du crédit », estime Louis Kuijs, chez Oxford Economics.
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Plusieurs institutions, comme le FMI, se sont ouvertement inquiétéde l’envolée de la dette chinoise ces dernières années. Même si la Chine n’est pas à l’aube d’une crise financière, le rythme de croissance du crédit y est insoutenable, juge l’ économiste.
Frédéric Schaeffer, correspondant à Pékin