Deux quartiers sous couvre-feu dès ce jeudi à Colombes

Colombes, juillet 2016.  L’été dernier, des vigiles payés par le bailleur Colombes Habitat Public ont été embauchés afin d’effectuer des rondes dans le quartier du Petit Colombes. Objectif, de faire fuir les dealeurs.
Colombes, juillet 2016. L’été dernier, des vigiles payés par le bailleur Colombes Habitat Public ont été embauchés afin d’effectuer des rondes dans le quartier du Petit Colombes. Objectif, de faire fuir les dealeurs. LP/Adeline Daboval

    Le couvre-feu s'applique dès ce jeudi soir au Petit-Colombes et aux Fossés-Jean, à Colombes. Nicole Goueta, maire LR de la ville a signé l'arrêté « sur la circulation des mineurs de moins de 16 ans » mercredi, au lendemain d'une annonce précipitée.

    En pleine réunion publique sur la sécurité au Petit-Colombes, gangrené par le trafic de cannabis et, du coup, théâtre de règlements de compte à l'arme à feu réguliers et fréquents depuis cinq ans, une habitante s'est indignée d'avoir failli renverser un gamin de 6 ans, dehors seul tard dans la soirée… Et l'adjoint à la sécurité a lâché qu'un arrêté couvre-feu était sur le point d'être signé. Dès mercredi, le document a donc été finalisé pour entrer en vigueur en ce premier jour de congés scolaires. Car c'est surtout « durant les périodes des vacances scolaires et les week-ends » que les mineurs « livrés à eux-mêmes en pleine nuit » sont les plus nombreux, selon les premières lignes de l'arrêté.

    Vent debout dès mardi soir, le conseiller municipal PS, Alexis Bachelay, également député, se dit « consterné » par cette « mesure inefficace et inacceptable ». Pour l'élu socialiste, la municipalité ne cherche qu'à « montrer ses muscles à travers cette mesure qui n'est qu'un écran de fumée et va stigmatiser un peu plus les habitants du quartier. » Comme d'autres, Alexis Bachelay s'étonne du timing. « Si cet arrêté avait été pris en juillet après qu'un jeune homme a été assassiné d'une balle dans la tête, on aurait pu comprendre. Cela aurait rassuré la population. Mais aujourd'hui, elle est hors-sol, elle n'a pas de rapport avec des événements actuels. » « Mais pourquoi ne pas tenter ? », rétorque au contraire un enquêteur de la police judiciaire, par trop habitué aux fusillades du Petit-Colombes.

    « Le trafic est constant. On démantèle un réseau le matin, l'après-midi, d'autres prennent la place. Alors pourquoi ne pas essayer d'empêcher certains jeunes d'être recrutés comme guetteurs ? », poursuit-il sans pour autant attendre une efficacité exceptionnelle d'un tel couvre-feu. Notamment parce qu'il faut pouvoir le faire respecter. « Le couvre-feu présente un intérêt quand il est motivé par un événement particulier et qu'on déploie des forces pour en assurer l'application, commente un haut gradé de la police départementale. Sinon, il n'y a pas de cohérence. » Mais en pleine période Vigipirate, alors que la police est ultra-mobilisée depuis des mois et souffre d'un manque d'effectifs, il paraît illusoire de compter sur une forte implication de la police nationale. « Nous sommes très sollicités, confirme le patron de la police du 92, Jean-Paul Pecquet. Et l'application de ce type d'arrêté n'est pas si simple. Que fait-on des enfants que les parents ne viennent pas récupérer au commissariat ? »

    Ce que dit la loi