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France

Corruption, lobbying... L'inquiétante étude de Transparency International France

La dernière enquête de Transparency International France, publiée jeudi, révèle une défiance généralisée des Français à l'égard des dirigeants politiques et hommes/femmes de pouvoir.

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Corruption

Plus de la moitié des sondés estime que les personnes exerçant des responsabilités importantes ou ayant du pouvoir (élus, dirigeants de grandes entreprises, experts, syndicalistes, journalistes...), sont pour une grande partie d'entre elles corrompues.

(c) WIDMANN/TPH/SIPA

Pour le président de Transparency International France, Daniel Lebègue, le constat est sans appel: "notre démocratie est très malade". Il en veut pour preuve les résultats inquiétants de la dernière étude menée par son association sur la perception de la corruption en France, publiée ce jeudi 20 octobre en partenariat avec Harris Interactive et Tilder.

Et pour cause: plus de la moitié des sondés estime que les personnes exerçant des responsabilités importantes ou ayant du pouvoir (élus, dirigeants de grandes entreprises, experts, syndicalistes, journalistes...), sont pour une grande partie d'entre elles corrompues. "Un avis partagé par 77% des répondants pour les seuls parlementaires français! C'est un niveau de défiance record!", s'alarme Daniel Lebègue. Le pouvoir exécutif national, qu'il s'agisse du président de la République du Premier ministre ou des ministres, n'est guère mieux loti. A peine plus du quart des personnes interrogées estiment que ces personnalités ne sont pas corrompues. La sphère économique est de même loin d'être épargnée -71% des sondés doutant de l'intégrité des dirigeants de grandes entreprises publiques et privées.

Pourcentage des réponses "très et plutôt corrompues" à la question "Pour chacune des catégories suivantes, indiquez si, selon vous, elle est très, plutôt, plutôt pas ou pas du tout corrompue":

Les initiatives politiques comme les lois sur la transparence de la vie publique ou contre la délinquance financière de 2013 n'y auront rien fait. Le divorce semble plus que jamais consommé entre les citoyens et leurs représentants. Et le nouvel essai de Christian Chesnot et Georges Malbrunot Nos très chers émirs, qui relate les liaisons dangereuses entre certains politiques français de premier plan et les monarchies du Golfe, risque bien d'enfoncer encore davantage le clou. 

Les causes de cette méfiance généralisée sont nombreuses, du manque de transparence sur la mise en œuvre de leurs missions (conditions d'exercice, rémunération, conflits d'intérêts éventuels...) à l'accumulation des mandats en passant par un sentiment d'exclusion des citoyens à la vie publique. "La moitié des jeunes de 18 à 24 ans interrogés voudraient être davantage sollicités sur les grands projets qui les concernent", évoque notamment le président de l'association anti-corruption.

Au-delà de ce piètre bilan, Daniel Lebègue reste tout de même optimiste. "Contrairement à une idée reçue, les Français n'adhèrent pas au discours du "tous pourris". Les fonctionnaires et les maires sont à ce titre considérés comme intègres par la majorité des personnes interrogées. Et malgré cette mauvaise perception du monde politique, ils ne semblent pas ni fatalistes, ni résignés. 88% des sondés ont par exemple spontanément cité des pistes qui pourraient renforcer la transparence de la vie publique et limiter le risque de corruption." Parmi lesquelles, la limitation du renouvellement des mandats, l'encadrement du financement de la vie politique et du lobbying ou encore le renforcement de l'indépendance de la justice emportent une large adhésion.

11 recommandations

Des solutions que l'association a transposées en onze recommandations adressées aux présidentiables, dont certaines doléances inédites. Transparency International France propose notamment d'exiger à chaque candidat à une élection au suffrage universelle un extrait de casier judiciaire. Elle appuie par ailleurs que soit limitée la réélection d'un élu à trois mandats successifs maximum. "Quand on sait qu'environ 150 parlementaires actuels ont enchaîné au moins trois mandats d'affilée, on ne peut pas dire que le phénomène est marginal", relève Daniel Lebègue.

Autre suggestion nouvelle, l'instauration d'un droit de pétition national permettant aux citoyens d'inscrire des questions ou des propositions à l'ordre du jour des assemblées parlementaires. "Cette possibilité pourrait se déclencher une fois franchi le seuil de 350.000 signataires, soit 1% du corps électoral", avance le responsable de Transparency qui défend aussi la systématisation de la consultation en ligne des citoyens en amont de tout projet et proposition de loi.

Lui reste convaincu que la situation peut évoluer favorablement même si, l'opinion publique, elle, sera très longue à convaincre. "En 2010, la France arrivait au dernier rang ex aequo avec la Slovénie des 28 membres de l'Union européenne en matière de transparence de la vie publique. A l'époque, les élus n'avaient pas de restriction de cumul du mandat, et encore moins de déclaration de patrimoine à fournir. Le statut de lanceur d'alerte, actuellement prévu par le projet de loi Sapin II, était de même inexistant dans le débat public. On revient quand même de loin, même s'il est indiscutable que nous avons encore beaucoup de travail à fournir."

Méthodologie: Enquête réalisée en ligne du 23 au 25 août 2016. Échantillon de 1 000 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes: sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).

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