"De Mélies à la 3D, la machine cinéma", une exposition trop réservée aux experts
La Cinémathèque française présente jusqu’au 29 janvier une exposition sur la machinerie du 7ème art. La collection d’objets et de films, à la fois large, savante et pointue ravira les experts. Mais la scénographie ratée laisse de côté les simples amateurs de cinéma qui ne demandaient qu’à être initiés.
Depuis les premières images animées jusqu’au dernier développement du numérique, la Cinémathèque française à Paris retrace la grande histoire technologique du cinéma. Il possède en effet cette dimension particulière parmi les arts que la technologie engendre des formes inédites et que les recherches esthétiques des réalisateurs font évoluer les technologies.
La cinémathèque organise donc un parcours à la fois historique et thématique qui tente de restituer ces va-et-vient entre les attentes et la technique. Certaines partie de l’exposition sont plus historiques comme "la naissance du cinéma", "un cinéma pour tous" tandis que d’autres creusent plutôt un thème à travers les âges comme "le cinéma sonore" ou "Expérimentations". L’exposition est d’une grande richesse présentant une profusion de caméras, machines de projections, de colorisations, extraits de films mis en regard des différentes techniques utilisées... On peut y découvrir aussi bien le système de projection avec un disque synchronisé (qui existait avant que la piste sonore ne soit intégrée sur la pellicule), que la caméflex, caméra 35 mm portable emblématique du mouvement de la Nouvelle Vague.
Il y a pourtant de grandes réserves à émettre sur la mise en scène de l’ensemble qui tient à l’écart les non initiés. La déambulation dans l’exposition est assez complexe et l’ensemble assez peu pédagogique. La quasi-totalité de l’exposition tient dans une seule grande salle dotée d’un îlot central où l’orientation n’est pas très intuitive. On finit par se retrouver perdu devant des murs entiers d’appareils dont on se demande bien ce qu’ils sont car la signalétique est mal faite. Il faut retrouver dans un petit dessin la place de l’appareil dans le mur pour pouvoir lire sa définition. Les explications techniques se retrouvent parfois sur de petits écrans peu lisibles.
Finalement, c’est presque par hasard que l’on finit par identifier dans toute cette accumulation des objets intéressants dont on comprend l’usage. Comme par exemple une steadicam avec son harnais et son stabilisateur, un système inventé par Garrett Brown qui permet des travellings très fluides où l’on filme en marchant ou en courant. De quoi comprendre enfin l’ingéniosité de cette caméra dont l’usage sera popularisé par Stanley Kubrick qui en fit un usage intensif dans "Shining" en 1980. Bref si cette exposition ravira experts, passionnés, professionnels ou étudiants du cinéma, elle laisse un peu de côté les autres pour une bête question de scénographie. Dommage car l’amateur lambda de cinéma qui s’attache à ce qui est sur la pellicule ne demandait qu’à être initié à l’envers du décor.
"De Mélies à la 3D, la machine cinéma", une exposition trop réservée aux experts
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