C'est une scène qui nous semble invraisemblable et insoutenable mais qui est pourtant loin d'être rare en Indonésie, dans la province d'Aceh où s'applique la charia. Lundi, 6 femmes et 7 hommes ont été emmenés devant l'une des mosquées de la capitale Banda Aceh pour y être punis. Ils ont dû se mettre à genoux et ont reçu plusieurs coups de canne dans le dos, sous les encouragements d'une foule de curieux venus assister à ce triste spectacle tandis que les accusés grimaçaient et pleuraient de douleur et de honte.
Pourquoi un tel châtiment ? Parce que ces personnes, toutes en couple et âgées de 21 à 30 ans, avaient fait preuve d'intimité en public, en s'embrassant, en se donnant la main ou en se prenant dans les bras, alors qu'elles n'étaient pas mariées. Une infraction, un délit, qui, au même titre que s'adonner aux jeux d'argent, boire de l'alcool ou être homosexuel, vaut la flagellation.
Un photographe de l'AFP présent lors de l'application de cette sentence l'a immortalisée. Sur ses clichés, on peut voir l'une des femmes recevoir 23 coups de bâton pour s'être "tenue trop près de son petit-ami". Sur les 7 couples, une femme y a échappé, temporairement seulement, car elle était enceinte et un homme a été battu pour "avoir passé du temps avec un membre du sexe opposé dans un endroit caché d'une manière qui aurait pu conduire à l'adultère".
Enormément partagées sur les réseaux sociaux par les médias et les internautes, ces photos ont ravivé les critiques concernant la province d'Aceh, seule à appliquer la charia dans le pays à majorité musulmane. Depuis octobre 2015, le Code Criminel Islamique de cette région particulière puisqu'elle a un statut autonome unique, a ajouté au délit les relations sexuelles consentantes hors mariage. Une mesure qui a immédiatement inquiété les organisations de défense de droits de l'Homme qui ont dénoncé un viol de la vie privée et craignent que les femmes n'en fassent davantage les frais.
"Les lois concernant l'adultère sont discriminatoires et ont un impact disproportionné sur les femmes, a ainsi signalé Amnesty International. Les attentes sociales concernant un 'comportement approprié des femmes' et les attitudes discriminantes cherchant à contrôler la sexualité des femmes signifient que les femmes et les filles ont plus de risques d'être arrêtées et poursuivies pour ces soi-disant 'crimes'".
De son côté, le maire d'Aceh a déclaré à l'AFP qu'il espérait que ces jeunes gens serviraient d'exemple et que "personne d'autre n'enfreindra la loi à l'avenir".
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