Une ferme sans sol, sans soleil : l'agriculture du futur ?

La première ferme urbaine indoor a ouvert à Lyon. Les produits poussent hors sol, avec peu d'eau et sans voir le soleil. Mais aussi sans produits phytosanitaires.

De notre correspondante à Lyon,

Au sein de la Ferme urbaine lyonnaise (FUL), prototype installé sur le campus de l’Insa (Institut national des sciences appliquées). / AFP PHOTO / JEFF PACHOUD
Au sein de la Ferme urbaine lyonnaise (FUL), prototype installé sur le campus de l’Insa (Institut national des sciences appliquées). / AFP PHOTO / JEFF PACHOUD © AFP

Temps de lecture : 4 min

Produire de l'excellente salade ou du basilic bien parfumé en intérieur, sans sol, sans lumière naturelle et tout au long de l'année, c'est le pari de la première ferme urbaine indoor qui vient d'ouvrir à Lyon. « Ce n'est pas de la science-fiction, mais l'agriculture du futur ! » assurent les fondateurs de la start-up Ful (Ferme urbaine de Lyon) qui regardent pousser avec amour depuis deux semaines leurs plants de thym, basilic, piment, salade, aubergine, sauge, camomille, arnica montana et fraisiers.

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Lancé il y a trois ans, ce projet à la technologie innovante voit enfin le jour sous forme d'un prototype installé sur le campus universitaire scientifique de l'Insa (Institut national des sciences appliquées), avant d'envisager un développement dès l'année prochaine.

science © JEFF PACHOUD AFP
La FUL reproduit actuellement le climat de la France au mois de juin, avec seize heures de jour pour huit heures de nuit, conditions optimales pour une culture rapide. © JEFF PACHOUD AFP

Ce système de production a de quoi dérouter tellement il s'éloigne de l'image de la ferme traditionnelle de nos grands-parents : en guise de ferme, un laboratoire high-tech, impénétrable, à l'atmosphère confinée où circulent à la verticale des chariots automatisés portant des rangées de petits pots accueillant chacun un plant. Toutes les heures, les rangées de pots sont plongés dans une solution gorgée des sels minéraux nécessaires à leur croissance. Au fur et à mesure de leur développement, les plantes montent dans les étages de cette ferme verticale pour gagner la place nécessaire à leur épanouissement, mais aussi pour se rapprocher de la source lumineuse produite par des LED, et ainsi affiner leur qualité gustative. Le tout est piloté numériquement à distance. On y reproduit actuellement le climat de la France au mois de juin, avec seize heures de jour pour huit heures de nuit, conditions optimales pour une culture rapide, mais tous les climats peuvent y être programmés. En fin de cycle, c'est le retour en bas du laboratoire pour la récolte.

À l'arrivée, une productivité multipliée par dix par rapport à une culture en plein champ. « Ful est un concentré de technologies de culture hors sol, en hydroponie à haute productivité, utilisant le convoyage vertical, le climat artificiel, la gestion des fluides, la nutrition végétale, d'énergie, de lumière artificielle permettant de produire en abondance et tout au long de l'année les produits extra-frais de qualité sur des sols non agricoles, en mobilisant peu de surface, peu d'eau et avec une ingénierie écoresponsable », explique Philippe Audubert, le président de la start-up.

Valeurs environnementales

Derrière une apparence de production ultra-industrialisée, la ferme défend des valeurs environnementales pas évidentes à percevoir au premier abord. « Il n'y a aucun intrant dans cette culture », précise Philippe Audubert. « Aucun produit phytosanitaire, ni pesticide, ni herbicide ni insecticide ni fongicide, tout simplement parce qu'il n'y a pas d'intrusion de bactérie, de pollen, ou d'insecte dans l'espace de culture. » Mais aussi économe en eau, en espace et en transport puisque l'idée est d'installer ces centres de production au plus près de leur consommation.

Les trois fondateurs de Ful n'ont à l'origine rien à voir avec l'agriculture ni l'agroalimentaire. Philippe Audubert est urbaniste, Christophe Lachambre, cadre financier, et Didier Gaydou, architecte. Soutenus par les collectivités, l'Ademe, la BPI, un consortium d'industriels et de pôles de compétitivité, ils cherchent, après la phase de recherche et développement de neuf mois, à monter leur première ferme de production, d'au moins 500 m2, à Lyon, dans la Vallée de la Chimie pour la production industrielle, ou dans le nouveau quartier de la Confluence pour l'alimentaire, mais aussi rapidement en région parisienne pour les suivantes. Et cherchent à lever 2 ou 3 millions d'euros pour étoffer leurs effectifs et monter leurs premiers sites.

« Nous nous dirigeons vers des cultures de végétaux à haute valeur ajoutée, c'est-à-dire essentiellement pour l'industrie pharmaceutique, cosmétologique ou la chimie verte", précise encore le fondateur. Pour l'alimentaire, les débouchés vont plutôt vers les herbes aromatiques, les mini-légumes, les légumes anciens, bref, tout ce qui peut se vendre relativement cher. Mais Christophe Lachambre, qui rêve déjà de nourrir la planète et de faire pousser des salades dans le désert, envisage « d'ouvrir d'ici 2021 seize sites en France et à l'étranger sur les marchés alimentaires ». « Nous venons de trouver la solution française au grand défi de nourrir la planète de façon durable », estime-t-il, rappelant que d'ici 30 à 40 ans, 3 milliards d'individus vont venir grossir les rangs de la population mondiale avec des besoins alimentaires décuplés.

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Commentaires (25)

  • ubu22

    Bravo à l'INSA pour sa robotisation, idée pas nouvelle, aucune information sur le rapport production en regard du coût d'investissement, ni sur le rapport énergétique.

  • Lothar

    Pour faire simple et clair pour ceux qui n'y connaissent rien ; la culture hydroponique est complexe et relativement couteuse à mettre en oeuvre, mais elle est au final très rentable, propre et aussi satisfaisante en terme de qualité de produit final (organoleptique) et permet surtout de proteger le produit de tous les polluants extérieurs.
    Mais les esprits simplistes ne comprennent pas que la laitue de la jardin de mémé est en fait souvent plus polluée que la laitue de ce type de ferme hydroponique ; présence de plomb et autres métaux lourd si le jardin est au bord d'un route, contamination par les pesticides du voisin et les poussières du chantier d'a cotés, résidus d'organophosporés utilisés pour tuer le gros nid d'abeilles cet été…
    Quant au gout, le principal déterminant est la variété, non le substrat.
    Croire que la belle laitue dans est champ est forcement plus sure et plus gouteuse est tout simplement faux !
    Ce type de production va se dévolopper et c'est une excellente nouvelle car elle va permettre de rapprocher le producteur du consommateur, les deux pouvant etre citadins d'ailleurs, raccourcir la chaine logistique et garantir la qualité.
    Et que ceux qui n'y croit pas, aille voir ce qui se fait déjà au Japon, très avancé et très soucieux de la qualité. Et des entreprises francaises de pointes sont très bien placés dans le secteur. Donc arretons les stereotype infondés, voila une innovation d'avenir qu'il faut laisser se developper.

    Par ailleurs, je produit chez moi des leafy (salade, rooquette, basilic, epinard…) par hobby depuis deux ans, je n'ai jamais encore eu a utiliser autre chose que de la laine de roche, des mix de fertilisants simples, aucun biocide et je mange ma production toute l'année. Et c'est bon !

  • brennec

    C'est pour le coup que les agriculteurs seront transformés en gestionnaire d'usines. Ils en ont d'autres comme celle la les écolos ?