Vêtues de noir, un parapluie à la main, des milliers de Polonaises ont participé à une deuxième « grève des femmes », lundi 24 octobre, dans plusieurs villes du pays. Cette journée, baptisée « Black Monday », visait à dénoncer les initiatives du gouvernement pour limiter le droit à l’avortement, alors que la Pologne affiche déjà l’une des législations les plus restrictives en Europe.
« A l’heure actuelle, l’Eglise s’ingère dans la politique et dans le droit du pays. Elle fait du chantage aux partis politiques et elle se mêle d’affaires qui ne devraient pas la concerner », a déclaré Bozena Przyluska, une des organisatrices. « Nous nous battons entre autres pour un Etat laïc, pour le droit à la contraception ou encore pour l’égalité des droits entre hommes et femmes au sujet des salaires », a renchéri Kamila Majer, une autre organisatrice.
La première journée de grève des femmes, le 3 octobre, avait rassemblé environ 100 000 femmes à travers le pays et contraint le gouvernement ultraconservateur du parti Droit et Justice (PiS) à rejeter un projet de loi interdisant pratiquement l’avortement. Le projet de loi prévoyait notamment des peines jusqu’à cinq ans de prison pour les femmes, les médecins, ou toute personne accompagnant une interruption volontaire de grossesse.
« Moins absurde mais tout aussi inacceptable »
Mais le président du PiS, Jaroslaw Kaczynski, a finalement fait volte-face en annonçant, le 12 octobre, que son parti souhaitait toujours limiter l’accès à l’avortement, « même lorsque l’enfant est condamné à mort » afin « qu’il puisse être baptisé ».
« Nous avons réussi à faire rejeter une loi absurde et par conséquent la tension dans le pays est retombée. Mais c’est justement maintenant que le pouvoir peut en profiter pour faire passer une nouvelle loi, peut-être moins absurde mais tout aussi inacceptable. Nous ne sommes pas d’accord pour ça ! » a déclaré lundi à l’AFP Aleksandra Sekula, l’une des féministes dans la manifestation.
La loi polonaise actuelle n’autorise l’avortement que dans trois cas : risque pour la vie ou la santé de la mère ; examen prénatal indiquant une grave pathologie irréversible chez l’embryon ; grossesse résultant d’un viol ou d’un inceste.
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