Turquie : nouveau rapport accablant sur la torture

Privation de sommeil, passages à tabac et menaces de viol figurent parmi les mauvais traitements infligés aux détenus, selon l'ONG Human Rights Watch.

Source AFP

Recep Tayyip Erdogan, le président turc.
Recep Tayyip Erdogan, le président turc. © Anadolu Agency

Temps de lecture : 2 min

C'est un nouveau rapport accablant. Des personnes arrêtées après le putsch manqué en juillet dernier en Turquie ont été "torturées ou maltraitées", a assuré ce mardi l'ONG Human Rights Watch (HRW), estimant que l'état d'urgence en vigueur donne "carte blanche" aux policiers pour commettre des abus. Les décrets adoptés dans le cadre de l'état d'urgence ont eu un "impact négatif sur les conditions de garde à vue dans les locaux de la police et sur les droits des détenus", déplore HRW dans un rapport de 47 pages. Privation de sommeil, passages à tabac et menaces de viol figurent parmi les mauvais traitements documentés par l'ONG, qui affirme avoir mené des entretiens avec plus de 40 personnes, dont des avocats, des spécialistes de la médecine légale et d'anciens détenus. Un homme, Eyüp Birinci, a affirmé au procureur de la République d'Antalya (Sud) que des policiers l'avaient "frappé sur la plante des pieds, sur le ventre" et menacé de le "castrer", selon HRW qui reproduit son témoignage. L'ONG fait état d'un "climat généralisé de peur" depuis la tentative de coup d'État militaire qui a secoué la Turquie dans la nuit du 15 au 16 juillet.

L'état d'urgence prolongé

Déclaré pour trois mois après le putsch manqué, l'état d'urgence a été prolongé de 90 jours supplémentaires le 19 octobre dernier. L'état d'urgence permet notamment d'allonger la durée légale de la garde à vue à 30 jours. Pour Hugh Williamson, directeur de la division Europe et Asie centrale à HRW, "en supprimant les garanties contre la torture, le gouvernement turc a en fait donné carte blanche aux organismes chargés de l'application des lois pour torturer et maltraiter des détenus de manière discrétionnaire". L'ONG Amnesty International avait affirmé en juillet avoir réuni des "preuves crédibles" attestant de tortures, et même de viols, de personnes détenues en Turquie après la tentative de coup d'État. Aucun commentaire officiel sur le rapport de HRW n'a pu être obtenu dans l'immédiat, mais un responsable turc avait qualifié d'"absurdes" les affirmations d'Amnesty et catégoriquement nié toute torture. Plus de 35 000 personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur la tentative de putsch, a indiqué samedi le ministre de la Justice Bekir Bozdag.

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Commentaires (21)

  • Illitch

    Vous aussi l'on vous impose une certaine modération...
    Jamais, ô grand jamais je ne soutiendrai le financement de l'islam. Et mon commentaire sur Erdogan ne veut pas dire que je soutiens cet homme. Je dis qu'il a une vision pour sa patrie (qui m'est étrangère) et que nos hommes "d'Etat" européens n'en ont aucune. Ils voguent à vue, au gré de leur couardise et de leurs intérêts. Actuellement, les visionnaires (qui aiment leur patrie) se comptent sur les doigts d'une main : Poutine, Erdogan, Xi Jinping, Shinzo Abe...

  • Lothar

    Copie édulcorée de la réponse censurée pour mention détaillée de l'islam de France

    Erdogan n'est responsable de rien par rapport à l'Iran ou à Israel. L'Iran et la Turquie ont des accords et des liens tres solides et tres anciens depuis les années 30 (exemption de visa réciproque et amitié collatérale inscrits dans les deux constitutions), quant à Israel c'est un allié ancien. Erdogan s'est brouillé avec les deux et essaye logiquement de se rabibocher, rien à voir avec la création d'alliance ! Maintenant si soutenir l'Islam fait partie du plan, je présume que vous soutiendrez le financement de l'islam de France (... ) au nom du respect de ce grand visionnaire?! Car ne nous trompons pas, les dommages collatéraux ne sont pas des dommages à la marge, les Turques ont déjà commis un genocide, de Gaulle a sciemment laissé crever les harkis et les pieds noirs qu'ils méprisait, comme les communistes et les nazis n'ont jamais laissé quoi que ce soit arriver par hasard. Tout est planifié. Erdogan veut rejouer le siège de vienne d'une façon ou d'une autre. Quant au Sukhoi il ne s'est pas excusé, il a feint de regretter et ne se privera pas de tirer dans le dos des Russes (via le Caucase ?) quand l'occasion se présentera. Question de temps, et il en a. La Turquie d'Erdogan n'a qu'une chose de positif ; son agressivité et son esprit de conquête vis à vis de l'Europe peut être un déclencheur du réveil des Nations européennes ; ce sera sinon le debut de sa déroute finale.

  • Illitch

    Certes, Erdogan prône un néo-ottomanisme qui redonnerait à la Turquie une puissance régionale. Selon lui, la création d'un nouvel empire turco-mongol doit se faire en plusieurs temps. Se libérer du partenariat avec les USA en "unifiant" d'abord le peuple turc sur ses propres valeurs et renouer des relations diplomatiques avec ses voisins, puis soutenir l'islam chez ses voisins de manière à les unifier.
    Fin juin, la Turquie a signer un accord avec Israël (malgré son soutien au Hamas) rétablissant leurs relations diplomatiques. Des échanges à haut niveau avec l'Iran ont maintenu d'intenses liens économiques, malgré la guerre en Syrie. Enfin, Erdogan a présenté des excuses à son homologue russe à propos du sukhoï abattu et a rétabli les flux économiques.
    Quant à l'homme d'Etat visionnaire, il ne peut laisser, involontairement, que des cadavres derrière lui. Même de Gaulle, pourtant démocrate, a son lot de turpides et de victimes (plateau des Glières durant la résistance, harkis et pied-noirs abandonnés lors de la guerre d'Algérie... )