marché du travail Le numérique, menace sur l’emploi des classes moyennes ?

L’économie du partage recèle, au-delà d’une image positive, un risque pour nos emplois ou nos vies privées. Mieux vaut prévenir que guérir, dit en substance le Conseil économique et social.
F.B. - 26 oct. 2016 à 05:39 | mis à jour le 26 oct. 2016 à 05:40 - Temps de lecture :
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Uber défraie régulièrement la chronique en concurrençant les taxis. Des pans entiers de l’économie sont en passe d’être bouleversés par l’« économie du partage ».
Uber défraie régulièrement la chronique en concurrençant les taxis. Des pans entiers de l’économie sont en passe d’être bouleversés par l’« économie du partage ».

L’expression est jolie, « économie collaborative » – mieux encore, « économie du partage ». Un doute apparaît avec la définition de Martine Derobert-Masure, auteure d’un rapport sur le sujet au Conseil économique et social (Cese) : « La participation du consommateur au processus de production des biens qu’il consomme ».

Le cas des banques

Et l’inquiétude pointe, quand on prend l’exemple des banques : le « partage » revient à demander au client de gérer lui-même en ligne nombre d’opérations naguère traitée par un employé, souvent au guichet.

« 70 % des Français sont amenés à utiliser des outils de banque en ligne, note le rapport. De sorte qu’ils ne sont plus que 18 % à fréquenter leur agence plusieurs fois par mois, alors qu’ils étaient encore plus de 50 % à le faire en 2010 ».

Et c’est la principale ombre sur l’économie collaborative : quel impact sur l’emploi ? Impossible de répondre précisément à ce stade, reconnaît Martine Derobert-Masure (élue Force ouvrière). « D’un côté, la coproduction peut mettre le consommateur en concurrence avec des emplois salariés existants ». Ainsi des clients qui offrent leurs idées gratis aux entreprises, marchant sur les plates-bandes des cabinets d’innovation ( voir ci-contre ).

Adieu, les métiers routiniers

D’un autre côté, poursuit le rapport, la coproduction crée des richesses, et peut « stimuler la création d’emplois à haute et très haute qualification dans le domaine du numérique, et favoriser l’émergence de nouvelles activités dans d’autres secteurs ».

Entrent en jeu ici, au-delà de l’économie collaborative, l’intelligence artificielle et les robots. Ils menacent « entre 6 % et plus de 50 % » des emplois, et avant tout les métiers routiniers. Soit les emplois des « classes moyennes et professions réglementées, qui constituaient le socle de l’économie d’avant », soulignent Nicolas Colon et Laetitia Vitaud dans Faut-il avoir peur du numérique ? Et un risque politique, ces classes moyennes formant aussi le socle de la démocratie.

Accès aux services publics

Mais pas question pour le Cese de rester sur une note négative. L’économie collaborative, insiste Martine Derobert-Masure, présente autant de risques que d’opportunités.

Les menaces sur l’emploi peuvent ainsi être combattues par davantage de formation, et une meilleure gestion prévisionnelle des effectifs.

Même recherche d’équilibre sur les données personnelles : il faudrait permettre à chacun de « décider de la communication et de l’utilisation des données à caractère personnel ». Elle préconise aussi, pour les 5 millions de personnes en situation de « précarité numérique » ou d’illettrisme, de « garantir un accès physique de proximité » aux services publics, notamment les caisses d’allocations familiales ou Pôle Emploi.

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