Un parc d'éoliennes, le 18 août 2016 à Guillonville, dans le centre de la France

Le boom des énergies renouvelables est lié en particulier à une baisse des coûts de l'éolien et du solaire.

afp.com/JEAN-FRANCOIS MONIER

C'est la fin d'une domination sans partage. Selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la capacité de production des énergies renouvelables a, pour la première fois dans l'histoire, dépassé celle du charbon, comme le rapporte Le Monde ce mercredi. En 2015, 500 000 panneaux solaires ont ainsi été installés chaque jour dans le monde.

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Le phénomène a été rendu possible grâce aux économies émergentes, dans lesquelles les énergies renouvelables ont connu une formidable croissance. En Chine, qui réunit à elle seule 40% des nouvelles installations, le rythme d'installation des éoliennes a atteint les deux turbines... par heure.

A tel point que l'AIE a revu à la hausse ses prévisions de développement à cinq ans des énergies vertes utilisées pour la production d'électricité. Quelque 825 gigawatts de nouvelles capacités électriques renouvelables devraient ainsi être installées d'ici 2021, soit une progression de 42% par rapport à 2015, une prévision relevée de 13% depuis les précédentes estimations.

Baisse du coût de l'éolien et du solaire

Pour expliquer cette accélération inattendue du renouvelable dans le monde, l'AIE met en avant la baisse des coûts de l'éolien et du solaire. Cette diminution était déjà forte ces dernières années et devrait encore s'intensifier, rendant ces énergies toujours plus compétitives. Dans cinq ans, les coûts du solaire devraient encore baisser de 25%, et de 15% pour l'éolien terrestre, prédit l'agence.

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Le phénomène est lié à trois facteurs, analyse l'AIE dans son rapport annuel de moyen terme sur les énergies renouvelables: "une concurrence exacerbée, des politiques de soutien plus importantes sur les marchés clefs et des innovations technologiques". En Asie, le phénomène se double d'une préoccupation croissante des autorités locales sur le problème de la pollution de l'air. Les pays asiatiques aspirent également à diversifier leur sources pour améliorer leur sécurité énergétique, explique l'AIE.

De fait, "l'Asie prend définitivement la tête" du développement des énergies vertes. "La concurrence entre les renouvelables et le gaz et surtout le charbon en Asie est le facteur déterminant qui fera que la lutte contre le changement climatique sera gagnée ou perdue", prévient d'ailleurs Paolo Frankl, directeur du secteur à l'AIE.

Production en deçà du charbon

Toutefois, "les énergies renouvelables n'y représentent qu'une part limitée de la croissance de la production d'énergie", toujours dominée par les énergies fossiles, relève-t-il. Et c'est bien là le problème. Si la capacité de production progresse, la production effective reste toujours aux mains du charbon, qui atteint les 40% à l'échelle mondiale. En face, les énergies renouvelables comptent pour 23%. D'ici 2021, cette part devrait grimper à 28% de la production d'électricité mondiale, se félicite toutefois l'AIE.

La faculté d'atteindre ces nouveaux objectifs restera toutefois liée aux politiques mises en place dans chaque pays. L'AIE relève notamment des incertitudes politiques dans "trop de pays", une impréparation des réseaux électriques pour intégrer les énergies renouvelables, par exemple en Chine et en Afrique du Sud, ou encore des conditions de financement pénalisantes dans les pays émergents.

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