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En Inde, les pigeons venus du Pakistan risquent la prison

Après un attentat, en septembre, attribué à des extrémistes pakistanais, la découverte d’un oiseau porteur d’un message menaçant angoisse l’Inde. Au point qu’elle soupçonne tous les volatiles survolant la frontière.

Par  (New Delhi, correspondance)

Publié le 28 octobre 2016 à 14h14, modifié le 01 novembre 2016 à 06h36

Temps de Lecture 2 min.

L’un des pigeons arrêtés début octobre par la police indienne portait une lettre de menaces directement destinée au premier ministre Narendra Modi.

Le Pakistan utilise-t-il des pigeons – moins sophistiqués que des drones, mais plus discrets que des agents secrets – pour espionner l’Inde ? Le pays est sur ses gardes depuis qu’un assaut attribué à des extrémistes pakistanais a fait dix-neuf morts dans une de ses bases militaires au Cachemire en septembre. Début octobre, la police indienne a arrêté, puis incarcéré, plusieurs volatiles près de la frontière avec le Pakistan.

L’un d’entre eux portait une lettre de menaces destinée au premier ministre indien premier Narendra Modi : « Modi, nous ne sommes plus les mêmes qu’en 1971. Maintenant, chaque enfant est prêt à combattre l’Inde. » 1971 est l’année de la dernière guerre ouverte entre les deux pays, lorsque New Delhi avait envoyé ses troupes défendre les indépendantistes du Pakistan oriental, devenu depuis le Bangladesh. L’hypothèse d’un télégramme diplomatique enragé envoyé par Islamabad a été écartée, puisque le message était signé du groupe djihadiste Lashkar-e-Taiba, auteur des attentats de Mumbai de 2009.

Placé en cage surveillée

Un autre pigeon arrêté portait sur ses ailes des inscriptions écrites à l’encre en ourdou : une énumération des jours de la semaine, selon les conclusions d’un expert. L’oiseau a été passé aux rayons X, et chacune de ses plumes a été inspectée, sans que rien d’anormal n’ait été constaté. Toutes les caméras du pays se sont pourtant braquées sur le pauvre volatile, placé dans une cage surveillée par trois agents. Et ses ailes ont été clipsées pour qu’il ne retourne pas au Pakistan.

Les images de l’arrestation du pigeon soupçonné de terrorisme.

La peur a gagné le reste du pays : au Cachemire, la cargaison de 153 pigeons appartenant à un commerçant a été confisquée. Puis s’est étendue à tous types de volatiles survolant la frontière, avec l’arrestation d’un faucon, fin octobre. « Il était très fatigué et des gardes vigilants des forces de sécurité frontalières l’ont attrapé », rapporte le Times Of India. Contrairement au pigeon, le faucon est un oiseau prédateur qui peut porter une petite caméra à son cou… Mais la police indienne s’est voulue rassurante. Le faucon, utilisé notamment par des émirs d’Arabie saoudite pour chasser au Pakistan, s’était sans doute égaré.

Gloussements sur les réseaux sociaux

Quelques jours seulement après que New Delhi a déclaré avoir mené, en octobre, des « frappes chirurgicales » visant des camps terroristes au Pakistan, Islamabad ne s’y serait pas mieux pris pour ridiculiser l’Inde. Les réseaux sociaux ont gloussé en apprenant l’arrestation des volatiles, alors que les militants extrémistes continuent, eux, à s’infiltrer en Inde.

Qu’importe, New Delhi prend la menace des pigeons très au sérieux. Les Moghols, qui régnèrent sur une large partie du sous-continent jusqu’au milieu du XIXsiècle, ne dressaient-ils pas les pigeons ? L’empereur Akbar en possédait 20 000. On apprenait même aux volatiles à faire des pas de côté ou à tourner en l’air sur eux-mêmes pour distraire les sujets. « L’empereur Akbar, a écrit l’un de ses biographes Abu’l-Fazl, use de cette occupation pour éloigner de l’esprit des hommes les considérations sur le monde et les distractions de toutes sortes, et les soumettre à l’obéissance. » Une observation qui sonne juste, même dans l’Inde d’aujourd’hui.

À chaque intrusion d’un acteur pakistanais sur les écrans de Bollywood, ou d’un pigeon à la frontière, les médias indiens s’enflamment pour rappeler à quel point leur pays est menacé. Si les chaînes de télévision gouvernaient l’Inde et le Pakistan, les deux pays dotés de l’arme nucléaire seraient sans doute déjà en guerre.

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