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Les banques européennes détiennent 1.200 milliards de créances douteuses

Selon une étude de KPMG, les établissements bancaires basés en Europe détiennent environ 1.200 milliards d’euros de prêts non-performants. Un problème pour leur rentabilité et pour la santé de l’économie européenne.

Par Étienne Goetz

Publié le 31 oct. 2016 à 16:56

Près de dix ans après la crise financière, les banques n’ont toujours pas fini de nettoyer leur bilan. Selon une étude de KPMG, citée par Bloomberg , quelque 1.200 milliards d’euros de prêts non-performants (ou créances douteuses) sont inscrits dans les comptes des établissements basés en Europe. D’après l’Autorité bancaire européenne, en mars 2016 l’encours des prêts non-performants (NPL) représentait 5,7% de tous les crédits au sein de l’Union européenne. Lors de la grande revue de qualité des actifs en 2014, la Banque centrale européenne avait détecté 880 milliards de créances douteuses dans les principales banques de la zone euro.

Selon la Banque centrale européenne (BCE), un prêt est considéré comme non-performant « lorsque plus de 90 jours se sont écoulés sans que l’emprunteur ait versé les tranches prévues ». En fonction du degré de gravité (retard de paiement ou insolvabilité de l’emprunteur), la banque peut être amenée à corriger la valeur du prêt accordé, et même la réduire à « zéro ».

Les banques ont toujours eu des créances douteuses inscrites dans leurs comptes, mais une part trop importante peut avoir des conséquences néfastes pour les établissements et pour l’économie en général. Explications.

Rentabilité en berne

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Le principal problème pour les banques, c’est la rentabilité. Pour faire face à ces crédits douteux, les établissements doivent mettre de l’argent de côté, ce qui ampute leur résultat net. De plus, une part de ces prêts non performants représentent au final un manque à gagner. Par conséquent les banques voient la rentabilité de leur activité diminuer. D’autant plus que l’environnement de taux bas ainsi que les contraintes réglementaires rognent leurs marges. Selon KPMG, la marge net d’intérêt, différence entre le taux du crédit accordé et le coût du financement des banques, est de 1,2% en Europe contre 3% en moyenne aux Etats-Unis.

Panne des investissements

Cette situation n’affecte pas seulement le secteur, mais l’économie dans son ensemble, comme l’explique la BCE : « Une banque détenant trop de créances douteuses ne peut accorder le crédit nécessaire aux entreprises qui souhaitent investir et créer des emplois. Lorsque cette situation concerne de nombreuses banques, pour des volumes importants, l’économie est affectée globalement ainsi que ses différentes composantes. La baisse de l’investissement dans les entreprises et la diminution des créations d’emploi ralentissent la croissance ».

Dégringolade en Bourse

Enfin, les investisseurs se montrent toujours plus méfiants à l'égard des banques. Non seulement ils soupçonnent les banques d’opacité, mais en plus ils sont actuellement dubitatifs sur la capacité des banques à dégager des profits suffisants. De fait, ils ont tendance à vendre des titres de banques. C’est ce qui explique en partie pourquoi l’Euro Stoxx Banks 600 a perdu 16,6% depuis le début de l’année contre 6,45% pour l’Euro Stoxx 50.

Des situations contrastées en Europe

Ce tableau noir n’est cependant pas le même dans tous les pays européens. Globalement, les Etats périphériques de la zone euro, c’est-à-dire les plus fragiles comme l’Italie, l’Espagne et la Grèce, sont plus touchés par ce phénomène. En 2015, la part de prêts non-performants par rapport au total de prêts s’élève respectivement à 18%, 6,3% et 34,7%. A l’inverse, les Etats « du Nord », comme la France ou l’Allemagne sont relativement préservés. En 2014, la part de ces prêts y était de 4,2% et de 2,3%.

Dans le cas des pays du Sud, la situation en Italie est particulièrement préoccupante. Non seulement la part des prêts non-performants atteint des sommets, mais en plus, contrairement à l’Espagne qui a commencé à faire le ménage et vu ce pourcentage baisser, l’Italie apparaît incapable de se débarrasser de ces créances douteuses, ce qui pourrait faire peser un risque systémique sur tout le système bancaire européen .

Comment se débarrasser des « créances douteuses » ?

Face à un NPL, les banques ont deux solutions. Soit elles renégocient le crédit, par exemple en rallongeant la durée de l’emprunt. Soit elles les vendent à des investisseurs, moyennant une décote. Cela représente une perte pour l’établissement, mais moins importante qu’en cas de dépréciation totale du prêt.

En Italie, les autorités ont mis en place un fonds d’investissement . Baptisé Atlante, il aidera à recapitaliser les banques en difficulté et à les libérer de leurs créances douteuses. Il sera abondé par les acteurs du secteur. Au départ, l’Italie comptait créer une « bad bank », structure de défaisance avec une garantie de l’Etat. L’Europe a cependant refusé cette solution qui aurait pu être considérée comme une aide d’Etat, interdite par les règles européennes de la concurrence.

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