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Ouvrant le tombeau de Jésus de Nazareth dans l'église du Saint-Sépulcre, les archéologues savaient qu'ils n'y découvriraient aucun squelette. Selon la légende, le marbre ne protège que le lit funéraire du Christ où il a été déposé après sa crucifixion. Son corps est à chercher ailleurs. La résurrection est une croyance qui n'est appuyée par aucune preuve. À croire le mouvement Ahmadiyya, rassemblant plusieurs millions d'adeptes, après avoir salué ses disciples, Jésus de Nazareth aurait pris le chemin de Damas, puis du Cachemire où il serait mort à un âge canonique. Sa tombe, érigée à Srinagar, capitale du pays, fait toujours l'objet de pèlerinages.
Une folle légende
Il y a une quarantaine d'années, accompagné de deux amis, je me suis rendu à Srinagar pour enquêter sur cette abracadabrantesque légende. Pas difficile de trouver la tombe en question, tous les habitants de la ville connaissent le monument funéraire, portant le nom de Rozabal qu'ils appellent encore « la tombe sacrée du Cachemire ». Seulement, comme ils sont musulmans, ils sont persuadés que l'homme qui gît là sous le nom de Yuz Asaf est un prophète de leur religion. À l'époque, le professeur Fida Hassnain, alors directeur des musées et des antiquités pour l'État du Jammu-Cachemire, nous confirma que ce Yuz – signifiant Jésus dans la langue du pays – pouvait être le Christ. Lui-même avait mené de longues recherches semblant confirmer cette folle hypothèse.
Le Rozabal s'élève dans le quartier de Kabyar, derrière la mosquée Dastgir. Il s'agit d'un modeste bâtiment de plain-pied composé de quatre murs en briques percés de grande fenêtre en bois. Aucun rapport avec la démesure de l'église du Saint-Sépulcre ! L'intérieur est occupé sur toute sa surface par un mausolée rectangulaire, en bois ouvragé. Nous jetâmes un coup d'œil par une modeste vitre pour découvrir un sarcophage en bois ouvragé recouvert par d'anciens tissus. Le vieux gardien nous fit signe qu'il était impossible de pénétrer dans le mausolée. Néanmoins, dans un coin, on distingua une pierre noire posée au sol sur laquelle étaient gravées deux empreintes de pied avec deux creux à l'emplacement des talons. C'est le professeur Hassnain qui les avait découvertes quelques années auparavant après avoir nettoyé la pierre recouverte de cire de bougies. Il voulait y voir le pied d'un crucifié. Une croix en bois est accrochée sur une des parois.
Ultérieurement, il nous expliqua avoir découvert que le bâtiment ne date que de quelques siècles. L'édifice primitif, en pierres, est situé juste en dessous. C'est là que reposerait depuis vingt siècles le corps de Yuz Asaf, celui qu'on dit être Jésus. Nous avions tenté d'y jeter un coup d'œil par un soupirail situé à l'extérieur du Rozabal, en vain. À l'époque, des investigateurs scandinaves avaient tenté d'y introduire une caméra miniature sans plus de succès. Depuis, toute demande de fouille est immédiatement rejetée par les autorités musulmanes qui goûteraient mal la plaisanterie d'honorer depuis des siècles la tombe d'un juif, fondateur de l'Église catholique.
La migration de Jésus
Qu'est-ce que Jésus – si c'est bien sa tombe – est venu faire au Cachemire et comment s'y est-il pris ? Telle est la question. D'après les partisans de cette légende, celle-ci a pris corps au XIXe siècle avec Mirza Ghulam Ahmad, le fondateur indien d'une aile de l'islam – le mouvement Ahmadiyya – aujourd'hui exclue de la maison mère. Pour faire court : après avoir repris ses esprits dans la grotte du Saint-Sépulcre, Jésus est donc passé saluer ses disciples, puis a décidé de quitter la Galilée où il lui était impossible de poursuivre sa mission. Il prit alors la route de Damas avec sa mère. En chemin, il rencontra Saul, le ralliant à sa cause, puis poursuivit sa route vers un royaume proche qui désirait bénéficier de ses qualités de thaumaturge. Durant plusieurs décennies, il avança par petits bonds vers l'Est. De très anciens écrits confirmeraient cette migration. Jésus aurait fini par arriver dans la vallée du Cachemire où il choisit de s'établir, car elle était alors peuplée avec une partie des tribus perdues d'Israël. Ce que plusieurs travaux archéologiques confirmeraient.
Yuz aurait continué sa mission divine jusqu'à sa mort. Il se serait même marié et aurait eu des enfants. Nous avons rencontré son descendant, Bassharat Saleem, qui, en tant que bon musulman, ne pouvait pas revendiquer ce glorieux ancêtre, mais qui nous avouait, à demi-mot, que celui-ci avait une dimension bien plus grande que ne le pensaient les Kashmiris. « De tout temps, on est venu du monde entier voir mon père et moi pour nous interroger. La plupart de ces visiteurs sont repartis avec la conviction profonde que le Christ repose bien ici. » Mais aucune chance que le gouvernement indien autorise les fouilles pour confirmer cette hypothèse. Si jamais elle s'avérait exacte, une guerre sainte entre chrétiens, juifs et musulmans pourrait à nouveau embraser la région...
Buonasera, ma chère "payse".
Heureux de vous retrouver et, plus encore, de ce que vous partagiez mon avis (d'autant plus que l'on peut parfois penser que mes vues sur le fait religieux sont bien particulières... ). Il ne me déplait pas d'imaginer Jésus exilé en Asie, comme son amie Marie-Madeleine en Provence, à l'abri de la Sainte Baume (baume signifiant grotte), juste au nord de chez moi qui habite un village semi-perché de l'Ouest varois...
Bien amicalement à vous, et au plaisir de vous lire à nouveau,
Buongiorno. Grazie ami Clairevoix de votre riposte. Je n'aurais bien sûr pas fait mieux. Ce commentateur me semble bien aigri. ... Encore une fois merci pour tous vos post ici pleins de sagesse. Bon après midi
Certes... Mais même en coupant par la Mer Rouge en marchant sur l'eau, ça fait une sacrée trotte !