Sixième extinction : le monde s'achèvera-t-il sans l'homme ?

La liste des espèces menacées de disparition s'allonge et Homo sapiens y est pour beaucoup, rappelle le biologiste et essayiste Jean-François Bouvet (1).

Par

Deux orangs-outans orphelins accueillis dans
Deux orangs-outans orphelins accueillis dans "l'école de la jungle", une zone protégée en Indonésie, pour leur apprendre la vie sauvage et tenter de les sauver.  © AFP

Temps de lecture : 2 min

« Le monde a commencé sans l'homme et il s'achèvera sans lui », écrit Claude Lévi-Strauss dans Tristes tropiques ; pour le moment, et comme jamais, l'humanité lui imprime sa marque. Si depuis 500 millions d'années la Terre a connu cinq grandes phases d'extinction d'espèces, la sixième – en cours – est bien plus rapide et l'homme y est pour beaucoup.

La newsletter sciences et tech

Tous les samedis à 16h

Recevez toute l’actualité de la sciences et des techs et plongez dans les Grands entretiens, découvertes majeures, innovations et coulisses...

Votre adresse email n'est pas valide

Veuillez renseigner votre adresse email

Merci !
Votre inscription a bien été prise en compte avec l'adresse email :

Pour découvrir toutes nos autres newsletters, rendez-vous ici : MonCompte

En vous inscrivant, vous acceptez les conditions générales d’utilisations et notre politique de confidentialité.

En septembre à Hawaii, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) présentait sa dernière liste rouge mondiale des espèces menacées. Bilan : sur les 82 954 espèces étudiées, plus de 28 % sont menacées d'extinction. Certes, l'échantillon examiné peut sembler limité : on estime à quelque 15 millions le nombre d'espèces sur Terre, dont 1,8 million ont été décrites. L'étude peut être cependant jugée représentative dans la mesure où son élargissement progressif confirme une tendance globale. Et le tableau est alarmant. Sont en danger 42 % des amphibiens, 26 % des mammifères, 33 % des coraux constructeurs de récifs, 34 % des conifères… À ce rythme, la plupart des espèces auront disparu avant même que l'homme ait pu les répertorier.

La France, dans tout ça ? Étonnamment, elle est l'un des fronts chauds de la biodiversité, par son outre-mer surtout – Guyane, Réunion, Nouvelle-Calédonie… – mais pas seulement. Selon l'UICN, « la France figure parmi les 10 pays hébergeant le plus grand nombre d'espèces menacées : au total, 1 124 espèces menacées au niveau mondial sont présentes sur son territoire, en métropole et en outre-mer ». Ce qui nous confère une responsabilité particulière.

10 % des terres sauvages ont disparu en 20 ans

Parmi les victimes emblématiques de l'hécatombe mondiale, des grands singes d'Afrique – gorilles de l'Est et de l'Ouest – et d'Asieorangs-outans de Bornéo et de Sumatra –, en danger critique d'extinction… L'homme n'est pas tendre avec ses cousins primates.

Et lui, comment va-t-il ? Il inflige à son environnement les dommages collatéraux de son expansion dévorante. Changement climatique, déforestation, pollution des terres et des eaux par les pesticides ou autres, introduction d'espèces invasives, poussée urbaine… Une étude pilotée par des chercheurs australiens et publiée le 8 septembre dans Current Biology en fait l'amer constat : en seulement deux décennies, 10 % des terres sauvages, à peu près vierges d'empreinte humaine, ont été rayées de la surface de la planète. Soit l'équivalent de la surface de l'Inde !

Si les cinq grandes vagues d'extinction précédentes sont dues à des cataclysmes volcaniques ou venus du ciel, la sixième apparaît comme un contrecoup de l'évolution : la vie a généré le meilleur ennemi du vivant. Forte de son cerveau à 100 milliards de neurones, l'espèce Homo sapiens réussit à mettre en péril la survie de millions d'autres. Une bonne nouvelle pour finir ? En Chine, le panda géant va mieux… C'est toujours ça ! 

(1) Dernier livre en date Mutants, à quoi ressemblerons nous demain ? (Flammarion)
Ce service est réservé aux abonnés. S’identifier
Vous ne pouvez plus réagir aux articles suite à la soumission de contributions ne répondant pas à la charte de modération du Point.

0 / 2000

Voir les conditions d'utilisation

Commentaires (28)

  • Camille75

    Si l'Homme est responsable de la disparition d'espèces... Supprimons l'Homme, apparemment la cause de tous les maux de la Terre... Évident... !
    NON, il faut arrêter de raconter n'importe quoi et de se faire peur.

  • Petit malin

    1124 espèces menacées en France, le plus dans le monde... Surprenant !
    Etonnant avec toutes le règles et normes qui s'imposent à nous !

    Si on en trouve autant, ne serait-ce pas parce que la France est un pays ouvert, de culture scientifique, et où "les Verts" ont une grande liberté ?
    Y-aurait-il autant d'espèces menacées sur notre sol si on y faisaient pas d'études dans tous les sens et que les Verts ne tenaient pas le haut du pavé ?
    Faut-il prendre pour argent comptent ces résultats ?

    Quand à ce que "l'Homme" disparaisse, c'est inéluctable.
    Si tout va bien, il se transformera, l'Evolution se chargeant de la besogne, et peut-être l'Homme également, qui semble vouloir aller à grand pas vers une espèce plus "cyborg" qu'humaine...
    Si tout va mal nous disparaîtront soit de fait de notre surpopulation et l'activité en résultant, soit par un phénomène naturel : météorites géantes ou comètes jouant aux auto-tampons, éruptions des super-volcans (Sibérie, Yellowstone), modification climatique (naturelle ou provoquée), modification de l'inclinaison de l'axe de la Terre, émission de rayons Gamma d'une étoile "proche" dans notre direction, coup de chaud du Soleil. Les raisons ne manquent pas !
    De toute façon, notre Soleil n'a plus "que" 4 milliards d'années devant lui, et bien avant cela, son évolution mettra fin à toute Vie sur Terre.

    Et puis on parle des extinctions, mais sommes nous aussi bien armés pour découvrir les "apparitions" d'espèces nouvelles ? Et mesurons nous sur le très long terme notre influence sur l'évolution des espèces à notre contact ? Il y en a énormément...

    Par ailleurs je pense que le nombre d'espèces à varié naturellement sur la Terre en fonction des conditions, et de la domination de telles ou telles espèces.
    Peut-être sommes nous à un pique de biodiversité qui c'est rarement rencontré... Des espèces disparaissent donc...
    Je n'ai pas lu grand chose sur ce point, d'autant que tout doit démontrer la thèse officielle.

  • Pierre Payen (Dunkerque)

    Cette prédiction réjouissante ne serait-elle pas devenue précisément une évidence en l’année 2005 si jamais nous étions conscient (e)s de ne pas être des « humain(e)s vrai(e) s !
    LE CONSTAT IRRÉFUTABLE !
    - Les personnes croyant en la valeur d’une religion (Avec son Dieu et les annexes),
    - les athées prétendant ne croire en rien sinon à elles/eux + l’axiome « Tout sort de rien » ! ),
    - les rationalistes cartésien (ne)s puis binaires qui en sont resté(e)s à une copie de la parabole chrétienne à une symétrie près « Lhomme est un dieu en devenir »(Le D est ravalé en d, le dualisme est transformé en vrai/faux et 1/0, etc. ),
    - n’auraient-ils/elles pas communié pour la première fois en 2005 (Excepté les éthologues), le temps d’enterrer le « Bilan comparatif » concernant notre génome et celui du chimpanzé ? !
    L’admission d’une différence voisine de 1 % n’aurait-elle pas anéanti toutes les normes, programmes, politiques, projets, PRÉTENTIONS ? ! Donc tout remis en question ? !
    N’AURAIENT-ILS/ELLES PAS REFUSÉ LA PREMIÈRE RÉVOLUTION MONDIALE PACIFIQUE ET LE CHANGEMENT D’ÈRE À FROID (C. À d. Sans changement fondamental, tueries, massacres, dévastations, etc. ? !) ? ! Cela n’aurait-il pas été trop beau ? !
    Toutefois, à l’insu de leur plein gré, n’auraient-ils/elles pas prouvé tout aussi objectivement leur appartenance à une espèce « fractale » (C. À d. Répétitive, non évolutive, fixée, s’inscrivant parfaitement dans les lois de complexification de Darwin) ? !
    La valeur de l’expression littéraire « Dignité humaine » (Un couple de mots allant de pair, ne pouvant être dissociés sans perdre leur sens) n’aurait-elle pas pâti de cette secousse sismique inattendue ? !
    Chacun (e) ne saurait-il/elle pas que l’une de nos caractéristiques principales est la confusion entre les « mots » et les « choses » (C. À d. La réalité) !
    Alors que l’acceptation de ce « 1 % + » nous rangeait parmi les « homo sapiens » (Le terme sapiens se traduit : sage, raisonnable, etc. !), nous déculpabilisait...