VIDEO. Turquie : les dirigeants prokurdes arrêtés, 8 morts dans un attentat à Diyarbakir

Diyarbakir, vendredi 4 novembre 2016. Une attaque à la voiture piégée qui a fait huits tués et plus de 100 blessés à Diyarbakir, dans le sud-est pays. 
Diyarbakir, vendredi 4 novembre 2016. Une attaque à la voiture piégée qui a fait huits tués et plus de 100 blessés à Diyarbakir, dans le sud-est pays.  (Reuters/ SERTAC KAYAR.)

    Les autorités turques ont interpellé dans la nuit de jeudi à vendredi les deux coprésidents du HDP, principal parti prokurde de Turquie. Cette vaste opération «antiterroriste» intervient dans un contexte tendu dans le sud-est à majorité kurde du pays. Une puissante explosion, portant la marque des rebelles du PKK, a fait huit morts et plus de 100 blessés vendredi matin à Diyarbakir.

    Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, qui sont également députés, ont été placés en garde à vue dans le cadre d'une enquête instruite par le parquet de Diyarbakir (sud-est) portant sur des liens présumés avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu. Au moins neuf autres députés du HDP (Parti démocratique des peuples), troisième force parlementaire en Turquie, ont été placés en garde à vue, et plusieurs autres étaient visés par un mandat d'arrêt, ont rapporté les chaînes d'information NTV et CNN-Türk. «La nuit dernière, la purge menée par le président Recep Tayyip Erdogan contre notre parti a atteint de nouveaux sommets avec l'arrestation de nos coprésidents Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag», a affirmé dans un communiqué le Parti démocratique des peuples (HDP), ajoutant que «cela marque la fin de la démocratie en Turquie».

    L'Union européenne est «extrêmement inquiète» après l'arrestation de dirigeants et députés prokurdes en Turquie, et a contacté Ankara sur cette question, a déclaré vendredi la chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini.

    De son côté, le ministère allemand des Affaires étrangères a annoncé vendredi avoir convoqué le chargé d'affaires turc en Allemagne.

    Des combats quotidiens entre forces de sécurité et membres du PKK

    Ce vaste coup de filet nocturne intervient dans un contexte très tendu, notamment depuis le placement en détention des deux maires de Diyarbakir, «capitale» du sud-est à majorité kurde de la Turquie ensanglanté par des combats quotidiens entre forces de sécurité et membres du PKK, considéré comme un groupe terroriste par Ankara. Une perquisition était en cours au quartier général du HDP à Ankara, selon les images retransmises en direct par la chaîne d'information NTV. Le HDP a posté sur son compte Twitter une vidéo qui semble montrer l'interpellation de Mme Yüksekdag à son domicile à Ankara. «Votre procureur est un bandit et vous aussi êtes des bandits !», crie la co-dirigeante du parti à l'endroit des policiers.

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    Cette opération policière survient alors que la Turquie vit sous état d'urgence depuis la tentative de coup d'Etat de juillet. Plusieurs pays européens et ONG accusent les autorités turques de ne pas se limiter aux présumés putschistes et de cibler des opposants. Le président Recep Tayyip Erdogan considère que le HDP est étroitement lié au PKK et a fait savoir qu'il ne considérait plus cette formation comme un interlocuteur légitime, qualifiant régulièrement ses membres de «terroristes». En mai, le Parlement turc a voté la levée de l'immunité des députés menacés de poursuites judiciaires, une mesure contestée visant notamment les élus du HDP. Le HDP, qui compte 59 députés au Parlement turc, dément être l'«aile politique» du PKK. Le PKK, considéré par Ankara et ses alliés occidentaux comme un groupe terroriste, et l'armée turque ont rompu, à l'été 2015, un fragile cessez-le-feu et repris les hostilités, qui ont fait plus de 40.000 morts depuis 1984.

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