Est-ce le scandale de trop pour le président Jacob Zuma, au pouvoir depuis 2007 ? Le rapport de la médiatrice de la République Thuli Madonsela publié hier [le 2 novembre], sur ordre de la justice, étrille Zuma et ses proches – 355 pages qui racontent comment le clan Zuma et la richissime famille Gupta, d’origine indienne, ont pris le contrôle de l’État. Corruption des ministres, ingérence dans la formation du gouvernement, dessous de table, tout semble permis aux Gupta.

Le président Jacob Zuma avait d’ailleurs tenté, en vain, d’empêcher la publication de ce document en saisissant la Justice – avant de se raviser.

L’éditorialiste du premier quotidien économique du pays, Business Day, salue la qualité du travail de la médiatrice. “Elle a soigneusement recueilli des preuves sur toute la série d’allégations relatives au rôle de la famille Gupta […] Elle a pris des accusations pour les transformer en une base de faits solides sur laquelle une véritable enquête peut être construite. Cependant, Madonsela a été superbement sage dans la manière dont elle a traité la matière et, encore une fois, avec ce dernier rapport, elle mérite les remerciements de l’Afrique du Sud”, écrit le journal.

Tandis que le Daily Maverick, lui, se fait l’écho de la colère qui gronde dans les rues du pays. Des milliers de Sud-Africains ont marché dans les rues de Pretoria, la capitale. Le mot d’ordre est clair. “Zuma démission !” est affiché sur les pancartes. “C’est un appel national. Je suis ici pour [y] répondre, confie l’un d’eux, Thapelo Kekana, au quotidien. Nous en avons eu assez d’un seul homme qui accapare les ressources de l’État avec ses proches. Nous voulons que le monde entier sache que nous exigeons que ce président malhonnête démissionne.”

Au-delà des frontières

Le scandale Gupta retentit au-delà des frontières du pays. Le journal guinéen Ledjely.com qualifie Zuma de “monarque” qui a permis à la famille Gupta de faire “main basse sur la première économie du continent africain.”

Le quotidien burkinabé Aujourd’hui au Faso estime, lui, que “le cas Zuma-famille Gupta repose [la question de] la dangerosité des liens incestueux entre le politique et l’économique, surtout en Afrique.