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Police-Justice

Nord: les profs ayant soutenu l'élève harcelé seront sanctionnés

En France, 1,2 million d'élèves sont concernés par le harcèlement scolaire (photo d'illustration).

En France, 1,2 million d'élèves sont concernés par le harcèlement scolaire (photo d'illustration). - Jeff Pachoud - AFP

En réaction au harcèlement vécu par l'un des élèves du lycée, des enseignants d'un lycée près de Valenciennes s'étaient mis en grève. Aujourd'hui, ils s'insurgent: ils vont peut-être subir une retenue sur salaire.

Ils se considèrent comme des lanceurs d'alerte et suspectent l'Education nationale de vouloir leur infliger une sanction. Des enseignants du lycée de Condé-sur-l’Escaut (Valenciennes) ont reçu un constat d'absence à leur encontre à la suite d'une journée de grève en soutien à un élève harcelé. Ils craignent que leur geste de solidarité ne leur coûte une journée de salaire, rapporte La Voix du Nord.

Le 3 octobre, les professeurs de l'établissement ont exercé leur droit de grève pour dénoncer les brimades, insultes et violences quotidiennes dont faisait l'objet un des élèves. Ces humiliations n'avaient alors jamais été signalées, ni par l'élève lui-même, ni par ses parents, ni par l'entourage scolaire du garçon. Une violente agression - l'élève a été suspendu par les pieds depuis une passerelle - a entraîné l'annulation des cours pendant une demi-journée.

Le rectorat et le proviseur murés dans le silence

Ce sont bel et bien les grévistes qui ont enclenché le processus d'enquête, débouchant sur le placement en garde à vue de sept élèves et la mise en examen pour violence en réunion pour trois d'entre eux.

Alors que se tient ce jeudi la journée nationale de lutte contre le harcèlement, le député-maire (PC) de Saint-Amand-Les-Eaux, Alain Bocquet, a interpellé la ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem, pour clarifier cette situation intenable pour les enseignants. "Dans cette matière, le silence est l’ennemi du bien. Il faut protéger les lanceurs d’alerte", a indiqué l'édile, ulcéré, dans les colonnes du quotidien nordiste.

Les professeurs ne comprennent pas cette possible punition. "Nous sommes intervenus parce que nous étions inquiets pour l’élève. Tout pouvait arriver. Et voilà le résultat", se désole un professeur. Pour l'heure, ni le rectorat, ni le proviseur du lycée n'ont souhaité s'exprimer sur l'affaire.

Mathilde Joris