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Billet de blog 4 novembre 2016

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Critiquer l'islam, est-ce être d'extrême-droite? Non, au contraire!

La critique des religions, de l'islam en particulier, suscite bien des résistances et vaut à celui (ou celle) qui la profère des accusations malhonnêtes, dont celle de connivence avec l'extrême-droite et de racisme anti-arabe. C'est le contraire qui est vrai: refuser cette critique, c'est tourner le dos aux valeurs de la gauche, en danger ces temps-ci.

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Critiquer l’islam, est-ce être d’extrême-droite ? Non, au contraire ! 

Ce billet est le dernier quel je consacrerai au problème de l’islam, vu les critiques dont j’ai été l’objet et que ne partagent pas un bon nombre de mes lecteurs – l’intelligence progressiste n’ayant pas disparu sur ce site et je trouve même qu’elle augmente, heureusement ! Je m’exprimerai sous le la forme d’une succession de thèses un peu développées, quitte à m’appuyer sur tel ou tel auteur.

1 La critique de l’islam est a priori  de droit, comme celle de n’importe quelle religion –sauf à s’incliner devant un diktat religieux inadmissible. C’est la position fondatrice de la philosophie, qui relevant de la seule raison universelle, ne saurait présupposer la moindre croyance. Soutenir l’inverse, c’est s’exclure du champ de la philosophie.

2 Critiquer une religion, ce n’est pas rejeter ou condamner les personnes qui y adhèrent.  Assimiler la critique des croyances au rejet violent des croyants, n’a aucun sens, c’est opérer un glissement  sémantique proprement malhonnête (au minimum) qui vise à disqualifier la critique des croyances (et des pratiques) religieuses donc à disqualifier toute la grande tradition philosophique issue des Lumières, suivie par l’approche théorique des penseurs du 19ème siècle qui, sous une autre forme, critiquaient la religion, toutes les religions. Je n’indique pas de noms, les ayant régulièrement signalés, mais je ne peux m’empêcher de signaler à nouveau  l’admirable livre, d’inspiration humaniste, de Feuerbach, L’essence du christianisme.

3 Notre époque est marquée par le retour d’une religiosité ambiante, dans le peuple, chez les intellectuels ou dans les partis politiques (pour des raisons électoralistes peu avouables), qui constitue à mes yeux une véritable régression intellectuelle et morale dont les médias sont des acteurs, comme Le Monde des religions  qui en est un symptôme désolant, malgré ses qualités et son minimum d’ouverture à la pensée non religieuse. « Connaître les religions pour comprendre le monde »soutient-il lamentablement, en exergue de sa publication : c’est le contraire qu’il faudrait dire, en conformité avec toute notre tradition intellectuelle occidentale, de haut niveau et même exceptionnelle. C’est en connaissant le monde (seulement) que l’on peut comprendre les religions !

4 La critique des religions suppose que l’on admette qu’elles n’ont guère contribué au bonheur de l’homme, sur le fond : elle ont constitué massivement des puissances anti-science, anti-vie et elles ont été favorables à l’oppression socio-politique des peuples, qu’elles sanctifiaient et justifiaient de leurs discours divins illusoires et mystificateurs sur le plan idéologique. « Un chrétien est un mauvais citoyen » précisait même Rousseau, car il préfère Dieu aux hommes !

5 L’islam, on y vient enfin, n’échappe pas à ce procès, indissolublement intellectuel et moral. Je dirai même, pour avoir lu attentivement le Coran, qu’il pousse à un degré extrême les défauts, sinon les tares, des religions antérieures qu’il intègre (ce sont des religions du Livre) et prétend dépasser. Il comporte, pour aller à l’essentiel (j’ai développé cela ailleurs) une dose de violence et de totalitarisme inacceptable à l’égard des incroyants, comme des traits anti-démocratiques, hostiles aux femmes ainsi qu’à la raison critique, qu’aucun esprit progressiste de notre époque ne saurait tolérer et le mouvement féministe encore moins.

6 En ce sens, l’islam est bien un fascisme idéologique, mais de type religieux, comme l’a indiqué Zineb dans un livre que j’ai commenté positivement sur ce blog. Critiquer ce propos, c’est critiquer ce qu’elle dit, et les critiques qu’on m’adresse la visent directement. Qu’on les lui adresse, elle qui a échappé de peu à la barbarie islamique. On verra ce qu’elle répondra, sinon selon moi par le mépris ou l’indignation morale. J’ajoute seulement que mon ami le philosophe Marcel Conche, qui, bien qu’athée, n’a rien d’un anti-clérical excité, à qui j’ai demandé son avis sur le Coran, m’a répondu : « Je l’ai lu en entier . C’est ennuyeux. C’est un texte scandaleux. Il n’y a rien à en retirer. » C’est aussi mon avis de penseur rationaliste et soucieux des valeurs morales,  profondément.

7 Disant tout cela, je sais que je m’oppose à la ligne souvent présente sur  Médiapart comme à celle qui sévit « à gauche ». Mais je l’assume, étant assuré que l’esprit de libre débat est la loi de ce site d’information (que j’apprécie) et de discussion… qui n’impose aucune ligne, au demeurant, tout en ayant la sienne. D’où une question : quel rapport y a-t-il entre l’analyse que je viens de faire et un quelconque racisme anti-arabe ? Car mes interlocuteurs, faute d’une argumentation fondamentale, glissent de la critique que je fais d’une certaine religion, l’islam (comme d’autres, mais elles ne sont pas aujourd’hui en cause) à la supposition d’un racisme imaginaire. C’est comme si, quand on s’oppose à l’idée juive d’un « peuple élu », on était du même coup antisémite ! Or cette idée, que je dénonce rationnellement, n’a rien à voir avec une quelconque critique de la race juive qui n’existe pas, mais a tout à voir avec une histoire religieuse qui l’a produite ! Où est le racisme dans ce cas ? Il est dans l’esprit de mes accusateurs.

Il en est strictement de même pour l’accusation de racisme qui m’est faite par rapport aux musulmans, voire d’accointance avec l’extrême-droite de Zemour ou du FN : j’ai honte pour l’intelligence de ceux qui professent ce genre d’accusation. Je le dis tout net : c’est le fait de justifier l’islam dans la plupart de ses dogmes et de ses préceptes de vie qui est une position d’extrême-droite, en contradiction avec les valeurs fondamentales de la gauche, y compris, voire surtout, s’agissant de l’égalité entre l’homme et la femme. Cela s’adresse aussi à certaines féministes qui, dans ce cas, au nom de la tolérance, cette fausse valeur progressiste,  vont à l’encontre des valeurs dont elles se réclament : qu’elles m’expliquent ce retournement idéologique, totalement réactionnaire, que les femmes des pays où l’islam est dominant ne comprennent absolument pas ! Elles n’ont qu’une idée, quand une amorce démocratisation se profile dans leurs pays, c’est de déchirer leur voile !

Cette accusation indigente occulte le fait que le FN n’est en rien un parti féministe, qu’il a toujours défendu la famille traditionnelle avec l’infériorité de la femme par rapport à l’homme, s’accociant aux manifestations catholiques contre le mariage pour tous et, plus largement, contre la valorisation de la liberté sexuelle ! Et j’en profite pour le dire, contre ceux qui ne veulent pas voir la réalité en face, dans toute son immoralité pourtant éclatante : ce faisant le FN rejoint l’islam, qui, en sens inverse, le rejoint : même familialisme, même mépris de la femme, même rejet de la liberté des mœurs sexuelles, laquelle ne relève pourtant que du libre choix de l’individu, même suspicion à l’égard de l’intelligence rationnelle et critique, y compris quand elle s’exprime dans le domaine artistique. J’indique à ceux qui se font aveugles, qu’à la manifestation récente et d’extrême droite contre le mariage pour tous, l’on trouvait, comme par hasard, des femmes voilées ! Contre la liberté, même combat !

8 C’est pourquoi je dis à tous ceux qui m’ont critiqué d’une manière délirante et irrationnelle, y compris dans le domaine du marxisme (pour ceux que cela intéresse et qui veulent le comprendre par-delà leurs préjugés, qu’ils lisent mon Karl Marx, au Cavalier Bleu), c’est vous qui êtes d’extrême droite : vous avez renoncé aux valeurs de la gauche authentique ! Et votre complexe inconscient de culpabilité, comme dirait Freud, vous entraîne à projeter sur moi vote propre culpabilité, afin de vous en dédouaner ! On s’en sort comme on peut, le courage et la lucidité en moins. Quant au racisme anti-musulman (formule qui n’a aucun sens par rapport à mes postions), une fois de plus, c’est l’inverse qui est vrai. En refusant de condamner l’extrémisme d’extrême-droite de l’islam, pourtant éclatant, vous verser dans un racisme à l’envers : pauvres arabes, vous ne pouvez qu’adhérer à une religion déraisonnable, vous ne pouvez y échapper, c’est votre identité  culturelle, non : votre identité naturelle profonde – pensez-vous sans le dire ! Je prétends, à l’inverse,  que tout ne se valant pas, on doit proposer à ceux qui sont victimes d’une aliénation religieuse particulièrement choquante, qu’ils peuvent y échapper et qu’aucune identité « substantielle » ne les condamne à y rester enfermés. Rien ne peut empêcher un groupe humain donné de progresser vers plus de rationalité théorique, de raison morale et d’autonomie. Encore faut-il l’y aider en l’éclairant d’abord sur sa condition, comme je tente de le faire.

9 J’espère que la gauche en général, et spécialement la gauche communiste dont je me réclame, entendra  mon propos et fera son mea culpa  dans ce domaine (si j’ose m’exprimer ainsi). Cela dit en toute amitié.

                                                                      Yvon Quiniou

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