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Derrière la bataille pour la Maison-Blanche se cache le contrôle du Sénat

Derrière le bruit et la fureur de l'affrontement pour la Maison-Blanche se livre une lutte tout aussi brutale pour le contrôle du Congrès.

Si la Chambre des représentants a de bonnes chances de rester en majorité républicaine, le Sénat lui pourrait retrouver une courte majorité démocrate.

L'enjeu est énorme pour le prochain président, car un Congrès hostile peut sérieusement freiner voire annihiler les efforts de légiférer du locataire de la Maison-Blanche.

Les deux chambres sont pour l'heure à majorité républicaine et les choses se présentaient bien pour les démocrates, qui avaient bon espoir de reconquérir le Sénat en profitant de la dynamique de Hillary Clinton.

Mais le directeur du FBI, James Comey, a relancé l'affaire du serveur privé utilisé par Mme Clinton quand elle était au département d'État avant d'essayer de refermer la boîte de Pandore dimanche. Et l'épisode a fait fondre la confortable avance que Mme Clinton affichait dans les sondages il y a 15 jours.

Les candidats républicains ont eu beau jeu de dénoncer une Hillary Clinton «mettant en danger la sécurité nationale» et d'argumenter qu'il fallait un véritable contrepoids à une éventuelle présidence Clinton.

Les républicains disposent d'une majorité de 59 sièges à la Chambre des représentants, qui en compte 435, et il faudrait une vague bleue de démocrates pour conquérir les 30 sièges leur redonnant la majorité.

«Les moyennes des sondages n'indiquent pas de formation de vague pour la Chambre basse», notent des analystes du centre d'études politique de l'Université de Virginie.

Au Sénat, les choses s'annoncent sous de meilleurs auspices pour les démocrates. Il ne leur faut que 4 sièges, sur les 100 que compte la chambre haute, pour en reprendre le contrôle. En outre si Hillary Clinton est élue, le vice-président peut faire pencher la balance en faveur de son parti.

«Je pense qu'avoir un Sénat démocrate est absolument indispensable», a affirmé Hillary Clinton lors d'une récente interview.

Côté républicain, c'est plus compliqué. Donald Trump a tellement déchiré le parti que chacun doit se demander si son soutien ou la promotion des idées du milliardaire sont un plus pour être élu ou un boulet.

«Dans certains cas isolés, cela peut permettre à des républicains qui sont au coude à coude d'être réélus en prenant leurs distances avec Trump», explique Gary Nordlinger, professeur à la George Washington University.

«Mais c'est vraiment une épée à double tranchant. Trump est très populaire parmi sa base et vous risquez donc d'aliéner cette base si vous essayez de prendre vos distances avec lui», souligne-t-il.

Avant que le patron du FBI ne blanchisse Hillary Clinton dans l'affaire des courriels, le site FiveThirtyEight avait réduit dimanche à 50,1% les chances des démocrates de remporter la majorité au Sénat, contre 72,8% auparavant.

Cook Political Report, une publication spécialisée, prédit que les démocrates devraient remporter de 4 à 6 sièges, contre 5 à 7 il y a quelques jours.

2016 est une rude année pour les républicains: sur les 34 sièges du Sénat en jeu, 24 sont tenus par des membres du Grand Old Party et sur les neuf sièges les plus contestés, un seul est démocrate (dans le Nevada).

L'Illinois devrait passer démocrate et le New Hampshire est aussi menacé, tout comme la Caroline du Nord et la Pennsylvanie. En Floride et dans l'Indiana, ce sera plus difficile, mais toujours très possible.

Même le Missouri, pourtant républicain pure laine, est en danger de passer démocrate, sous l'impulsion de Jason Kander, un ancien combattant au charisme fou dont la vidéo le montrant en train de remonter un fusil mitrailleur - les yeux bandés - fait un tabac.

Les républicains se mobilisent pour tenter d'éviter le pire et, comme l'argent est le nerf de la guerre, un groupe conservateur a décidé de jeter 25 millions de dollars dans la bataille.

«Ça va être dur de garder le Sénat dans un environnement comme celui-là, mais si les démocrates veulent la majorité, il va falloir qu'ils se battent sérieusement», a lancé Ian Prior du Senate Leadership Fund.

À la Chambre des représentants, pourtant pare-feu pour le parti, la plupart des membres menacés sont républicains et les démocrates espèrent entamer la majorité conservatrice de 10 à 15 sièges.

 

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