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Le secteur de la « tech » tremble après l’élection de Donald Trump à la Maison Blanche

Le milliardaire a régulièrement brocardé pendant sa campagne les patrons de la tech, qui soutenaient en grande majorité Hillary Clinton. Sa présidence pourrait avoir des conséquences sur certaines doctrines et certaines entreprises.

Par Romain Gueugneau

Publié le 9 nov. 2016 à 12:50

S’il y a bien un secteur qui ne pouvait être soupçonné d’être pro-Trump, c’est bien celui de la « tech ». De nombreux patrons américains que ce soit dans l’informatique, l’électronique et l’internet avaient pris position - ou du moins l’avaient-ils laissé entendre - pour Hillary Clinton. Le réveil risque d’être brutal ce mercredi. Car, si le futur président n’a pas fait de la tech d’un de ses sujets de prédilection pendant ses meetings, les positions qu’il a prises - ou pas prises - laissent penser que les choses pourraient changer dans le secteur.

Neutralité du Net

Donald Trump a clairement exprimé sa réticence par rapport au concept de neutralité du net, qui consiste à assurer un traitement égal des contenus et de leur diffusion sur le réseau, quels que soient leur origine et leur source. Ce fut l’un des grands dossiers traités par Barack Obama, qui s’est toujours prononcé en faveur de ce principe, et a soutenu l’action de la FCC (le régulateur des télécoms américain) en ce sens. Pour Trump, ce principe est précisément « une attaque du président Obama contre Internet », comme il l’a évoqué dans un tweet publié fin 2014.

Depuis, le nouvel hôte de la Maison Blanche n’est pas revenu régulièrement sur le sujet durant la campagne, mais son positionnement est plus proche de celui des grands opérateurs télécoms et des « câblo » américains, qui ont longtemps tenté de torpiller le concept de neutralité du Net défendu par l’administration Obama, que celui des géants du web comme Google, Facebook et Netflix.

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Contrôle du web

D’une manière générale, Trump aimerait instaurer un contrôle plus étroit d’Internet, son accès et ses contenus. Dans le contexte de guerre contre le terrorisme, il a indiqué vouloir « fermer certaines parties d’internet pour empêcher les militants de l’Etat islamique de s’emparer de nos jeunes les plus impressionnables ». Il espère pouvoir profiter de l’aide de la Silicon Valley et du secteur en général pour mieux traquer l’EI sur le Net.« Nous devons parler avec Bill Gates et tous ces gens qui comprennent ce qu’il se passe [...], a-t-il suggéré. Certains s’offusqueront et crieront : « liberté d’expression, liberté d’expression ! ». Ce sont des idiots ».

Collaboration avec les forces de police

Le candidat républicain plaide pour une plus grande collaboration entre les géants de la tech et les forces de sécurité. Selon Donald Trump, il faudrait contraindre ces sociétés à donner un accès au FBI et aux services de police pour avoir accès aux données enfermées dans les téléphones. La polémique avait notamment enflé en début d’année lorsqu’Apple et son pdg Tim Cook avaient refusé de collaborer avec le FBI pour exploiter les infos présentes dans les iPhones des terroristes, lors de la tuerie de San Bernardino. Trump avait alors appelé au boycott de la firme à la pomme.

Relocalisation des usines

Le futur président n’est pas un grand fan d’Apple. Oeuvrant pour un retour au protectionnisme et la relocalisation de l’industrie en général, il a souvent critiqué la stratégie du géant californien. Dans ses meetings, Donald Trump a régulièrement promis à ses partisans qu’il demanderait à Apple, s’il était élu, de fabriquer ses ordinateurs et ses iPhones sur notre sol et non en Chine ». « Comment cela aide-t-il le pays quand tout est fabriqué en Chine? », s’interrogeait-il. Bernie Sanders, candidat malheureux à la primaire démocrate, avait aussi des positions similaires envers Apple. La menace d’augmentation des tarifs d’importation brandie par Trump, synonyme de hausse des coûts pour les produits très majoritairement fabriqués en Chine, serait aussi un coup dur pour la firme à la pomme.

La fusion ATT-Time Warner en sursis

C’est une des plus grosses transactions du secteur, mais elle ne pourrait jamais avoir lieu. Dans la foulée de l’annonce du rachat du géant des médias Time Warner par l’opérateur télécoms ATT, Donald Trump a immédiatement indiqué qu’il bloquerait cette opération à 85 milliards de dollars. Lors d’un meeting en Pennsylvanie, fin octobre, il a fustigé la transaction, « exemple même des structures toutes puissantes que je combats ». Pour le nouveau président, la constitution de ces très grands groupes représente même « un poison pour la démocratie », car cela donnerait « trop de pouvoir dans les mains de trop peu de gens ».

Ces critiques visent aussi le secteur des médias en général (Time Warner est propriétaire de CNN) alors que la plupart des groupes de presse ont pris position contre le milliardaire. Donald Trump a aussi indiqué qu’il aimerait remettre en cause la fusion entre Comcast et NBCUniversal, pourtant finalisée en 2013. Ces positions détonent dans le camp républicain, plutôt réputé pour être en faveur des opérations de concentration. Le rachat de Time Warner, pour lequel Hillary Clinton avait aussi émis de sérieuses réserves, reste soumis à l’approbation des autorités de la concurrence.

Critique envers les patrons

Peu apprécié dans la Silicon Valley, contrairement à Hillary Clinton, Donald Trump n’est pas non plus avare de critiques envers les patrons de la tech. Outre Tim Cook, le pdg d’Apple, le futur président américain brocarde régulièrement Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon. Il le soupçonne d’avoir racheté le Washington Post dans l’unique but de peser sur la politique américaine.

Le quotidien, comme beaucoup d’autres, a appelé à voter Clinton. « [Jeff Bezos] veut influencer la politique pour qu’Amazon puisse en bénéficier. Et ce n’est pas juste », a-t-il déclaré lors d’un meeting en février dernier. « Croyez-moi, a-t-il poursuivi, si je deviens président, oh, ils auront des problèmes. Ils auront vraiment des problèmes ». L’ambiance promet d’être joyeuse en ce 9 novembre sur la côte Ouest...

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