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Quand Michael Moore annonçait Donald Trump président

Supporter de Donald Trump.
Supporter de Donald Trump. © JIM BOURG / REUTERS
Morgane Thery-Legrix, avec Yannick Vely , Mis à jour le

Si Michael Moore ne soutient pas Donald Trump, il est néanmoins persuadé que le candidat républicain à la présidentielle américaine allait l’emporter. Et l'homme de Flint a eu raison contre tous les analystes. 

Nous aurions dû faire confiance à Michael Moore. Le documentariste américain n'est pas un analyste de Washington, un expert de New York, mais un gars de Flint, ville ouvrière du Michigan, dévastée par la crise, qui connait bien mieux ce que pense l'Américain moyen déclassé du Midwest que les médias des deux Côtes. Fin juillet, avant les débats présidentiels, avant les scandales liées aux déclarations misogynes de Donald Trump, le réalisateur de «Bowling for Colombine» et «Fahrenheit 9/11» avait publié sur son site internet un scénario inquiétant : la victoire du candidat républicain, «misérable, ignorant, dangereux clown à mi-temps et sociopathe à plein-temps». Relire sa démonstration ce mercredi est éclairant. 

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Une question de mathématiques

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Michael Moore avait remarqué que le Michigan, l’Ohio, la Pennsylvanie et le Wisconsin, États traditionnellement démocrates qui ont basculé cette nuit en faveur du candidat républicain, avaient élu depuis 2010 des gouverneurs républicains (la Pennsylvanie a toutefois rebasculé depuis). Selon lui, ce volte-face résultait des dégâts provoqués par l’Accord de libre-échange nord-américain (l’Aléna) soutenu par les Clinton en 1994. Ces quatre régions, dont l’économie repose sur la manufacture, l’acier et l’automobile, souffrent particulièrement de cet accord, ce qui leur a valu le surnom de «Rust Belt» («la ceinture de rouille»). De manière attendue le message populiste de Donald Trump et de Bernie Sanders, candidat malheureux à la primaire démocrate, y a trouvé une résonance particulière.

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Le cinéaste rappelait que les États de la «Rust Belt» représentaient 64 voix du Collège électoral. 64 voix qui iront selon lui à Trump, par vengeance ou animosité contre la candidate démocrate, et femme de celui qui signa l’Accord. Enfin, Michael Moore note qu’en 2012, Mitt Romney a perdu l’élection face à son adversaire républicain, Barack Obama, de… 64 voix. Et il avait raison. 

A lire : Elections américaines, mode d’emploi

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Le problème ce n’est pas Trump, mais Hillary

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«Son vote en faveur de la guerre en Irak m’a fait promettre de ne jamais voter pour elle». Si M. Moore avoue qu’un adversaire comme Trump l’a contraint à changer d’avis, il se doute que bon nombre d’Américains n’auront pas le même réflexe. «Le problème ce n’est pas Trump mais Hillary», expliquait-il. Le cinéaste appuyait ses propos sur un sondage estimant que 70% des électeurs pensaient qu’elle n’est pas digne de confiance et malhonnête. Il faut dire que cette dernière a essuyé les accusations et polémiques tout au long de sa campagne. Selon lui, la candidate démocrate est très impopulaire et puisque l’élection se joue en grande partie sur la séduction et la capacité à mobiliser la population, la partie est perdue d’avance.

La dépression des partisans de Sanders

Ce constat vaut pour les partisans du candidat démocrate déchu, Bernie Sanders. «Arrêtez de vous tracasser en pensant que les partisans de Bernie ne voteront pas pour Hillary –Nous votons Hillary !» Mais à contrecoeur, sans faire de bénévolat pour le parti et sans motiver leur entourage à aller voter. Les électeurs au moral en berne voteront par dépit, «mais beaucoup resteront à la maison», soulignait Michael Moore. L'abstention dans les rangs démocrates, si elle n'est pas encore communiquée, a été l'une des clés de la victoire de Donald Trump. 

L’homme blanc blessé dans son honneur ?

Selon Moore, les avancées au chapitre du droit des femmes, des gais, des transgenres et des minorités ont mis à mal la fierté de l’homme blanc américain hétérosexuel. Ce dernier a dû supporter à la mi-temps du Super Bowl, «le concert de Beyoncé et de son armée de femmes noires, doigt d’honneur levé», scandant l’Egalité avec un grand E. Le réalisateur doutait qu’après avoir subi les directives d’un noir pendant huit ans, l’homme blanc moyen supportera l’idée d’obéir aux ordres d’une femme. 70% des votants sont blancs, a rappelé CNN, lors de la soirée électorale.

Le bulletin de vote option "pochette surprise"

«Des millions d’Américains vont voter Trump. Non pas parce qu’ils sont d’accord avec lui, ni parce qu’ils aiment son ego, mais parce qu’ils le peuvent». Selon lui, certains électeurs qui normalement voteraient démocrates se diront «je coche Trump, juste pour voir ce que ça donnera». Comme si l’électorat était devenu un public votant à une télé-réalité et donc en fonction de ce qui les divertira le plus. «Et si le programme politique de Trump restent à définir, il est de loin le candidat le plus divertissant que nous ayons vu depuis Jesse Ventura», assénait Michael Moore. Acteur, catcheur, ancien membre des unités d'élite de l'armée américaine, Jesse Ventura était devenu le gouverneur du Minnesota en 1999 à la surprise générale et en faisant campagne contre «les politiciens».... Tout ressemblance avec Donald Trump n'est bien sûr pas fortuite. 

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