Publicité

Le recyclage alimentaire en circuit court

Fondé en 2014, Phénix fait le lien entre les grandes surfaces et des acteurs du monde associatif.

Publié le 4 nov. 2016 à 01:01

Un semblant de hangar où trône une table de baby-foot, une verrière où s'agitent une dizaine de trentenaires : bienvenue chez Phénix, start-up française, née en mars 2014, de Jean Moreau et Baptiste Corval. Avec l'idée que le gaspillage alimentaire est un marché comme les autres.

Phénix se veut l'intermédiaire entre les grands groupes et les associations afin d'éviter le gaspillage alimentaire. Une économie circulaire appliquée aux professionnels et une « quête de sens » pour le cofondateur Jean Moreau, trente-trois ans, ancien banquier d'affaires, reconverti car il n'avait pas envie de « dresser des tableaux Excel toute sa vie et finir à cinquante ans avec beaucoup d'argent sur un compte ».

Dans les supermarchés, les produits impropres à la consommation en raison du dépassement de la date limite de consommation ou simplement écornés sont empilés dans des locaux annexes puis jetés parfois enduits de Javel, ou encore réduits en cendres. « Détruire ces produits a un coût pour les entreprises ». Jean Moreau fait défiler les slides ornés de graphiques colorés : jeter pour une entreprise engage des frais de stockage, de manutention, de transport et de taxe d'incinération s'ils sont brûlés.

Sensibilisation

Publicité

Phénix cherche à faire comprendre aux grandes surfaces que, avec eux, elles peuvent cesser de perdre de l'argent et même en gagner. Là, rentre en jeu le modèle économique de la start-up. Grâce au don en nature à des associations, Phénix trouve appui sur le législateur et permet aux sociétés de déduire 66 % de leurs impôts de la valeur du don. La société touche une partie de cette défiscalisation sous forme d'une commission de 30 %. Tout est bon à prendre tant que cela a encore une valeur comptable : nourriture mais aussi pots de peinture cabossés, jeux de société passés de mode, des habits de fin de saison.

Phénix est un « animal hybride qui fonctionne de façon physique et numérique », dépeint Jean Moreau. Une plate-forme permet à une grande surface de scanner les produits qu'elle veut donner, avec la date de péremption. Et la mise en relation est faite entre les distributeurs et les associations, comme un match sur un site de rencontres. Pour les petits volumes type supermarché de centre-ville, Phénix se déplace. Ses collecteurs circulent sur des triporteurs écolo et livrent les associations.

Risque de la saturation

Le travail des membres de la start-up consiste aussi à former les employés des magasins à trier et à les sensibiliser à la problématique du gaspillage. Sur le marché de l'alimentaire, sa principale cible, Phénix a déjà noué un partenariat avec 220 magasins des enseignes Carrefour, Franprix, Leclerc, Système U. Quant aux produits non consommables par des humains (1/4 des dons), ils sont donnés à des cirques, zoos et aquariums.

Deux ans après son lancement, Phénix fait état d'un chiffre d'affaires de 1 million d'euros (2015) et est présent dans plusieurs grandes villes françaises en plus de Paris, comme Montpellier, Rennes ou Lyon. La start-up emploie 40 personnes (38 CDI et 12 stagiaires) depuis le 5 septembre avec son ouverture à l'international en Espagne et au Portugal, pays « proches des règles fiscales françaises ». Une des craintes du cofondateur de Phénix réside d'ailleurs dans un éventuel changement de la législation en France, qui serait moins favorable aux dons des entreprises. L'autre perspective à laquelle songe Jean Moreau est la possible saturation du marché : « Si toute la grande distribution donnait ses invendus, il y aurait plus d'offres que de besoins. »

Madeleine Métayer « Les Echos »

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité