« Les Californiens ne sont pas des Américains. Ils accordent de l’importance à la diversité, à la tolérance, à l’égalité. Les Américains viennent juste d’élire Donald Trump. » Le Tweet est signé #Calexit, du nom de la campagne pour le Oui à l’indépendance de la Californie, Yes California, lancée dès le 9 novembre.

À sa tête, Louis Marinelli, un trentenaire bouillonnant qui tente de rassembler les 400 000 signatures nécessaires pour effectuer une consultation par référendum spécial au printemps 2019. Les manifestations pacifiques « Pas mon Président ! », qui ont commencé, dès le 8 novembre au soir, sur les campus de Los Angeles à San Francisco, donnent plus de chair à une idée qui fait tranquillement son chemin dans un État atypique.

Avec près de 40 millions d’habitants, l’État le plus peuplé de la confédération est enraciné dans un bleu démocrate depuis longtemps. Il tranche avec le reste du pays, très rouge républicain, de ce dernier scrutin.

Cet État ovni, 6e puissance économique mondiale, devant la France, affiche aussi une santé économique enviable (13 % du PNB des États-Unis), avec des bassins d’emploi variés, notamment celui de la Silicon Valley, qui soutient financièrement ce « Calexit », et une croissance de 4,1 % en 2015 contre 2,4 % pour le pays.

« Je ne suis plus américain, je suis californien. »

De par sa position, l’État bordé par le Pacifique est aussi symboliquement ouvert sur le monde, il détonne par la diversité de sa population, et en mêlant cultures, langues, cuisines et origines. Et il a souvent été le premier à légiférer en matière d’environnement, de droits sur l’avortement, de mariage entre personnes de même sexe ou de législation sur les armes.

Aussi l’élection de Donald Trump fait-elle craindre le pire à une grande partie des habitants de la côte ouest, en complet décalage avec des valeurs qu’ils ne partagent pas. « Je ne peux pas m’identifier avec la bigoterie, le sexisme, la xénophobie, écrit un utilisateur Twitter sur le fil de Yes California. Je ne suis plus américain, je suis californien. »

« Ce qui se passe d’un point de vue culturel et politique dans le pays est très différent de ce qui se passe en Californie. Nous voudrions juste que l’État soit reconnu comme une nation au sein d’une nation, à l’image de l’Écosse au Royaume-Uni », expliquait pendant la campagne Louis Marinelli.

La route sera longue, pourtant, si elle est jamais praticable. Aucun État n’a pu faire sécession de l’Union depuis la Virginie occidentale, en 1863. Et rien dans la Constitution n’indique la procédure à suivre en cas de demande de sécession d’un État. Peu de chances de réussir, donc.

Mais, justifie désormais Louis Marinelli, « on disait que Donald Trump n’était pas possible. On disait que le Brexit n’était pas possible. Qu’allez-vous dire si on vous dit que #Calexit n’est pas possible ? »