Politique
L'Asie du Nord-Est dans la presse

Chine : les débuts du téléphone rouge entre Xi Jinping et Donald Trump

Le 45ème président américain s'est entretenu aujourd'hui au téléphone avec son homologue chinois.
Le 45ème président américain s'est entretenu aujourd'hui au téléphone avec son homologue chinois. Copie d'écran du "South China Morning Post" du 14 novembre 2016.
Derrière les félicitations d’usage, l’inquiétude de la Chine. Aujourd’hui, lundi 14 novembre, Xi Jinping s’est entretenu au téléphone avec Donald Trump, 45ème président des Etats-Unis. Selon les médias de Pékin cités par le quotidien hongkongais South China Morning Post, le président chinois a parlé de la « coopération comme seul et unique choix de relations possibles entre les deux pays ».
Pas le choix, il faut coopérer, dit Xi au « Donald ». C’est que la chose ne va pas de soi, précise le quotidien hongkongais : durant sa campagne, le candidat républicain a multiplié les invectives contre l’Empire du Milieu. Trump a notamment promis d’« étiqueter la Chine comme un pays manipulateur de devises dès sa prise de fonction » et autres amabilités (vous pouvez retrouvez toutes les remarques intempestives de Trump sur la Chine et l’Asie dans notre revue de presse au lendemain de l’élection).
Pékin a horreur de l’incertitude. Le leader du Parti communiste chinois a donc martelé ce qu’il espère en langage diplomatique : « Les deux pays doivent renforcer leur coordination, promouvoir le développement économique de chacun et la croissance économique mondiale, étendre leurs domaines de coopération et d’échanges, s’assurer que chacun obtienne des bénéfices plus tangibles, et pousser vers un meilleur développement des relations sino-américaines ». Vaste programme pour le prochain président américain qui a, lui, poliment répondu être « prêt à travailler avec la Chine afin de renforcer la coopération sino-américaine » car celle-ci peut « définitivement obtenir de meilleures résultats », rapportent les médias officiels chinois. A la fin du coup de fil, les deux hommes forts sont tombés d’accord sur la nécessité de maintenir une communication étroite et ont pris date pour une rencontre prochaine.
Ce week-end, la presse chinoise a exprimé de sérieux doutes sur les intentions du magnat de l’immobilier, à l’instar du très gouvernemental Global Times. Dans son éditorial d’hier dimanche 13 novembre, le quotidien se demande si Trump va ou non lancer une guerre commerciale contre la Chine ? En effet, lors de la campagne, le candidat avait promis de qualifier le pays de « manipulateur de devises », ce qui fragiliserait le yuan ; et « d’augmenter de façon abrupte (45 %) les tarifs sur les importations en provenance de Chine », ce qui paralyserait le commerce entre les deux pays.
Citant l’une des proches conseillères du milliardaire Judy Shelton (« Trump va appliquer ce qu’il dit »), le quotidien nationaliste revient pourtant sur les promesses de campagne du candidat et sur ses premières reculades. Il semble avoir déjà « adouci le ton », notamment en « saluant les alliances entre les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud ». Fait notable, il n’a pas mentionné l’une de ses promesses de campagne : faire payer ces deux pays alliés pour conserver une présence militaire américaine. Méfiant, le Global Times pose alors la question : le président Trump entrera-t-il ou non en « guerre commerciale » avec la Chine ? Peu probable, selon l’éditorialiste : « Trump est un homme d’affaire avisé qui ne peut pas être si naïf », surtout que « le spectre d’une guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis n’est qu’un piège mis en place par les médias américains pour faire trébucher le nouveau président américain », croit savoir le quotidien officiel chinois.
En attendant Trump, c’est bien Barack Obama qui fait l’autre Une des quotidiens à l’occasion de l’ouverture du sommet de l’APEC (le forum de coopération économique de l’Asie-Pacifique) ce lundi 14 novembre à Lima, au Pérou. Pour le South China Morning Post, le président américain encore en exercice entame sa dernière tournée, alors même que les absents sont nombreux : empêtrée dans le scandale de la confidente, la présidente sud-coréenne Park Geun-hye s’est faite excuser « à cause de la situation en Corée du Nord » selon le ministre coréen des Affaires étrangères ; quant au président philippin Rodrigo Duterte, il n’a pas pu venir « à cause du trop long temps de vol », rapporte le Philippine Star. Il n’empêche, l’impact pour l’Asie de l’élection de Trump à la Maison Blanche sera sur toutes les lèvres.
Par Antoine Richard

Les autres faits du jour en Asie du Nord-Est

Corée du Sud : Park Geun-hye accepte de rencontrer la leader de l’opposition, rapporte le Korea Times ; alors que les conseillers de la présidente sont interrogés par les enquêteurs, selon le Straits Times.

Japon : la croissance augmente de 2,2 % au troisième trimestre, à lire dans le Mainichi.

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