Deux tiers des internautes sont victimes de censure à travers le monde

Les libertés numériques dans le monde déclinent pour la sixième année consécutive selon le groupe de réflexion américain Freedom House. Les applications de messagerie sécurisée seraient particulièrement visées.
Grégoire Normand
En France, les libertés numériques ont tendance à baisser depuis plusieurs années.

Les chiffres sur la censure d'internet dans le monde sont loin d'être réjouissants. Le think tank libéral Freedom House a fait remarquer dans son rapport que les libertés sur Internet déclinaient pour la sixième année consécutive. Deux tiers des pays étudiés par les auteurs pratiqueraient une censure totale ou partielle d'Internet et des outils de communication en ligne.

La Chine en tête des censures

L'association américaine a classé la Chine en tête des régimes les plus censeurs au monde, suivie de l'Iran et de la Syrie (Le rapport ne prend pas en compte la Corée du Nord). Sur les 65 pays étudiés, l'Estonie, l'Islande et le Canada sont à l'inverse les trois pays où les gouvernement exercent le moins de restrictions concernant les libertés numériques. Le score de la France  diminue régulièrement depuis 2012 même si elle se place comme le dixième pays le moins restrictif en matière de navigation.

Le classement est établi en fonction d'un indice allant de 1 à 100 qui se base sur un série de 21 questions relatives aux libertés numériques.

La prolongation de l'état d'urgence en question

Pour la France, les auteurs du rapport ont mis l'accent sur la prolongation répétée de l'état d'urgence rappelant à ce propos les déclarations des experts des Nations Unies pour les droits humains :

" Des restrictions excessives et disproportionnées sur des libertés fondamentales en France, comprenant un manque de clarté et de précisions sur des dispositions de l'état d'urgence et les lois de surveillance."

Selon le think tank, la liberté d'expression de quelques activistes aurait été limitée par ces mesures. "Alors que la France a traditionnellement maintenu un accès à Internet ouvert et accessible, quelques actions de la part des administrations successives ont augmenté concernant des groupes promouvant la liberté sur Internet et des activistes de la liberté d'expression." Avec son score, la France demeure "avec un accès à Internet libre."

La messagerie sécurisée dans le viseur

Une répression a particulièrement été remarquée sur les réseaux de messagerie sécurisée tels que WhatsApp et Telegram. L'usage de WhatsApp serait bloqué ou restreint dans 12 pays, bien plus que n'importe quelle autre application de messagerie. Les quelques cas de blocages importants se situent en Ethiopie, au Bangladesh et à Bahrein où les autorités ont suspendu l'application en réponse à des manifestations de civils. Telegram a dû faire face à des restrictions dans quatre pays comprenant la Chine, où le gouvernement a bloqué ce service en raison notamment du succès rencontré auprès des juristes spécialistes des droits de l'homme. Telegram avait suscité de nombreuses polémiques. En effet, l'outil de messagerie sécurisée est employé par de nombreux terroristes. Par la suite, la direction avait annoncé des mesures de blocage contre des comptes liés à l'Etat islamique. Dans une intervention, la directrice de Freedom House et co-auteur du rapport Sanja Kelly a rappelé que :

"Bien que le blocage de ces outils peut affecter n'importe qui, il peut avoir un impact nocif sur les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes, et les communautés marginalisées qui dépendent de ces applications pour outrepasser la surveillance des gouvernements."

Prison ferme requise pour incitation au djihad sur telegram

L'application Telegram souvent décrite comme l'application préferée des djihadistes sert également à bien d'autres publics. Crédits : Dado Ruvic/Reuters.

Un blocage en hausse

Selon Freedom House, 24 gouvernements ont bloqué ou restreint l'accès aux réseaux sociaux contre 15 l'année dernière. La liberté sur Internet a diminué dans 34 pays sur les 65 étudiés entre 2015 et 2016. Les statuts du Brésil et de la Turquie ont particulièrement été soulignés dans le rapport. Ils sont passés d'un Internet "partiellement libres" à "pas libre du tout" à cause d'une répression ciblée.

Une augmentation de la censure a également été constatée sur les pétitions en ligne et les appels à protester. Les images caricaturant les dirigeants autoritaires sont particulièrement ciblées par la censure.

En Egypte, un étudiant de 22 ans a par exemple été condamné à trois ans de prison pour avoir publié un montage photo montrant le portrait du président Abdel Fattah el-Sisi avec des oreilles de Mickey comme le relate la BBC. En Turquie,un homme a été condamné à un an de prison avec sursis pour avoir fabriqué une image comparant le Président Recep Tayyip Erdogan avec le personnage Gollum du Seigneur des anneaux. "Au lieu d'en sourire, les dirigeants essayent de supprimer ces images et de mettre en prison les auteurs qui les ont mises en ligne," conclut Sanja Kelly.

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Méthodologie : les questions permettant d'établir le rapport sont divisées en trois catégories :

- Les freins à l'accès à Internet

- Les limites imposées pour les contenus

- Les violations des droits des usagers

Grégoire Normand

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Commentaires 4
à écrit le 04/09/2017 à 10:51
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Attention, sur Indeed grosse censure sur les commentaires d'anciens employés d'entreprises qu'ils ont quittées. Il semble que celles-ci paient pour des parutions, et elles sont volontairement préservées de toutes mentions négatives. Surtout se fier ...

à écrit le 14/11/2016 à 17:31
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La preuve : cet article comporte une réponse sur la page principale : que je ne vois pas ici...

à écrit le 14/11/2016 à 17:26
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Il est important de rappeler que la France est numéro 1 mondial en matière de demandes de censure de commentaires postées sur Twitter. Il faut bien qu'on se distingue quelque part.

à écrit le 14/11/2016 à 17:11
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On peut aussi déduire que comme internet est en augmentation constante d'abonnements, la censure monte également constamment. Disons que déjà dans nos soit disant démocraties internet fait très mal aux décideurs de toutes sortes, qui emploient du...

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