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Bataille de Mossoul : la cité antique de Nimroud sauvée des djihadistes

Le site de Nimroud, en 2013. AFP

Les forces irakiennes ont annoncé dimanche 13 novembre avoir repris le site mésopotamien de Nimroud, tombé entre les mains des combattants de l'État islamique en 2014. Les vestiges multiséculaires de l'ancienne capitale assyrienne ont subi des dommages irréversibles.

De leur glorieux passé assyrien, les alentours de Mossoul conservent Nimroud, merveille archéologique et berceau de notre civilisation situé à 35 km environ du sud de la ville irakienne. La cité antique, capitale de l'Empire assyrien au IXe siècle avant Jésus Christ, a été reprise par l'armée irakienne le 13 novembre dernier. Elle était aux mains des combattants de l'État Islamique (EI) depuis 2014. «Les villages de Nomaniyah et Nimroud ainsi que les ruines de Nimrod ont été repris», a déclaré le général Saad Ibrahim de la 9e Division blindée.

Si l'armée n'a pas encore indiqué dans quel état se trouvaient les vestiges antiques, le pire est malheureusement à craindre, puisque la cité millénaire fait partie des quelques sites historiques qui, avec Palmyre en Syrie ou Hatra en Irak, sont les cibles prioritaires de Daesh, qui entreprend depuis 2015 la destruction systématique du patrimoine préislamique de la région.

L'Unesco a tenu ce lundi 14 novembre à «saluer les informations selon lesquelles Nimroud était de nouveau sous le contrôle du gouvernement irakien». L'organisation internationale a proposé d'apporter son aide «lorsque la zone aura été stabilisée», selon son porte-parole George Papagiannis.

Le patrimoine préislamique, cible prioritaire de Daech

Si de nombreux vestiges avaient été sortis du territoire ou transférés dans la capitale, à Bagdad, certains n'auront malheureusement pas échappé au saccage orchestré par les hommes de l'État Islamique. Le 5 mars 2015, le monde entier découvrait avec horreur une vidéo dans laquelle de colossales statues de taureaux et de lions ailés, gardiennes millénaires du palais impérial du roi Assurnazirpal II, étaient détruites au bulldozer par des djihadistes de Daech. Plusieurs des splendides bas-reliefs et stèles gravées ornant les murs de Nimroud étaient également anéantis.

Une semaine avant le saccage de la cité, certaines de ses plus belles frises et statues, conservées au Musée de Mossoul, avaient également subi le même sort. Dans la vidéo publiée par Daech, un djihadiste anonyme, maillet en main, disait agir ainsi par refus de «l'idolâtrie». À l'époque, Irina Bokova, directrice générale de l'UNESCO, avait décidé de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU et la Cour pénale internationale. Elle avait également lancé avec l'Université de Bagdad la campagne #Unite4Heritage, conçue en réponse à la destruction et au pillage du patrimoine culturel par les troupes djihadistes dans les zones de conflit, notamment en Irak.

Ces initiatives n'auront malheureusement pas suffi à stopper la course en avant de l'EI. Après Nimroud, ce dernier s'en prenait en mars 2015 à la cité parthe de Hatra, vieille de deux millénaires. La ville irakienne, prise et détruite au IIIe siècle de notre ère par les Perses Sassanides, conservait jusqu'alors les traces de sa splendeur passée. Le site offrait notamment le spectacle de temples millénaires pouvant atteindre jusqu'à 15 mètres de haut.

Quelques semaines plus tard, en mai, les combattants de l'État Islamique assiégeaient cette fois la citadelle syrienne de Palmyre (XIIIe siècle av. J.C), et détruisaient les temples de Bêl et Baalshamin, l'Arc de triomphe, plusieurs tours funéraires ainsi que le Lion d'al-Lât. En mai dernier, Daech s'en prenait une dernière fois à Nimroud en orchestrant l'explosion du temple de Nabû, dédié au Dieu babylonien de la sagesse.

Pour l'historien Pascal Butterlin, le saccage patrimonial en Syrie et en Irak serait «la plus grosse catastrophe patrimoniale depuis la Seconde guerre mondiale.»

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12 commentaires
  • Francesca GILLON

    le

    Il est à espérer qu'avec les techniques modernes les archéologues vont pouvoir restaurer ou recréer ce qui a été détruit.

  • george schmidt

    le

    Des enfants perdus qui saccagent l'héritage de leurs anciens.
    Tels sont les tristes islamistes.................

  • Toni l'anonyme

    le

    Si on tenait vraiment à ce patrimoine, on l'aurait défendu dès qu'il l'aurait touché.

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