Le web français n’est plus tout à fait le même depuis les attentats du 13 novembre. Retour sur les principaux changements survenus en un an.

Un an après les attentats du 13 novembre, qui ont fait 130 morts et plus de 400 blessés, retour sur les principaux changements connus par le web français, qu’ils soient d’origine législative ou proviennent des réseaux sociaux.

L’utilisation du Safety Check de Facebook

L’outil créé en 2014, qui permet aux personnes présentes dans une zone de danger d’indiquer en quelques secondes à leurs proches qu’elles se trouvent en sécurité,  était inconnu de la plupart des utilisateurs français du réseau social jusqu’au 13 novembre. Son activation, cette nuit-là, a marqué une double première : le déploiement du Safety Check sur le territoire français, dans le cadre d’une attaque terroriste. Avant cette date, il était exclusivement utilisé pour des catastrophes naturelles. D’après Facebook, 4,1 millions de personnes l’ont utilisé dans les 24 heures suivant l’attaque et ainsi contacté plus de 360 millions d’utilisateurs.

Le Safety Check a été utilisé par 4,1 millions de personnes dans les 24 heures qui ont suivi les attentats du 13 novembre

Depuis, le Safety Check a fait l’objet de polémiques récurrentes sur son activation, quasi-systématique en cas de situation d’urgence dans les pays occidentaux, mais beaucoup moins dans les situations similaires survenues au Moyen-Orient. Facebook a entendu ces critiques : le réseau social implique depuis ses utilisateurs dans le processus de déclenchement du Safety Check, réutilisé en France pendant l’attentat de Nice, en juillet.

La remise en question des réseaux sociaux

Facebook et Twitter ont également fait l’objet de vives critiques pour leur manque de réactivité dans la suppression de contenus de propagande terroriste : la famille de Nohemi Gonzalez, une victime du 13 novembre, a même porté plainte aux États-Unis contre Twitter, Facebook et YouTube pour avoir apporté un « soutien matériel clé dans l’ascension de l’[organisation djihadiste] Etat Islamique (EI) et lui avoir permis de mener de nombreux attentats y compris celui du 13 novembre ».

En réaction à ces reproches, Twitter a multiplié les communiqués pour annoncer la suppression de nombreux contenus illicites. D’abord en février 2016 : « Comme de nombreuses personnes du monde entier, nous sommes horrifiés par les atrocités perpétrées par des groupes extrémistes. Nous condamnons toute utilisation de Twitter faisant l’apologie du terrorisme, clairement interdite dans nos conditions d’utilisations. Notre travail dans ce domaine a évolué en même temps que la nature de cette menace terroriste. Depuis mi-2015, nous avons supprimé plus de 125 000 comptes, principalement liés à Daech, qui menaçaient de commettre des actes terroristes ou en assuraient la promotion. »

En août, le réseau social affirmait en avoir supprimé 235 000 de plus pendant les 6 mois écoulés, marqués notamment par les tueries de Nice et d’Orlando.

L’adoption du délit de consultation de site terroriste

La proposition de faire de la consultation de sites terroristes un délit est présente dans le débat politique depuis les tueries perpétrées par Mohammed Merah en 2012. Nicolas Sarkozy, encore président, avait défendu cette proposition, inscrite dans un projet de loi de l’époque mais finalement non adoptée, le Conseil d’État ayant fustigé, dans son avis, les atteintes portées à la liberté de la communication.

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Mais les attentats du 13 novembre, trois ans plus tard, ont incité le gouvernement de François Hollande à mener à bien ce projet. La mesure a finalement été adoptée au sein de la réforme pénale au printemps dernier.  Elle prévoit une peine de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende pour un « délit de consultation habituelle de sites Internet terroristes ». Mais la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) posée en septembre l’expose à un examen par le Conseil constitutionnel et à une probable abrogation.

Le lancement de l’application « Alerte attentat »

L’idée de l’application SAIP (pour « Système d’alerte et d’information des populations »)  est venue au gouvernement au lendemain du 13 novembre. Objectif : alerter la population — par des notifications — d’un danger majeur en cours, qu’il s’agisse d’un attentat ou d’un accident de sécurité civile. L’initiative, louable et clairement inspirée du Safety Check de Facebook, a été lancée début juin, à la veille de l’Euro 2016. Mais elle s’est surtout fait connaître pour ses ratés le 14 juillet, quand elle s’était déclenchée deux heures après la tuerie de la promenade des Anglais. Ce retard avait été justifié par une série de problèmes techniques.

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Ironiquement, l’appli a depuis fonctionné en temps voulu, en septembre dernier, pour une fausse alerte attentat en plein cœur de Paris.

La lutte contre le chiffrement

Si les attentats du 13 novembre sont loin d’être les seuls événements tragiques  à l’origine de la lutte contre le chiffrement engagée par Bernard Cazeneuve, — les tueries de Nice et de Saint-Etienne du Rouvray ont malheureusement eu lieu depuis –, l’offensive menée depuis août par le ministre de l’Intérieur en découle partiellement. Bernard Cazeneuve s’attaque en substance aux applications Telegram et WhatsApp, qui empêchent les enquêtes antiterroristes de lire les messages chiffrés échangés par leurs cibles. Il compte sur le soutien de la Commission européenne pour obliger ces applications aux mêmes standards de collaboration que les services de télécommunication.

La lutte engagée par Bernard Cazeneuve est encore loin d’avoir abouti, d’autant qu’il s’est récemment fait rappeler à l’ordre par le Conseil national du numérique et la Commission nationale de l’informatique et des libertés sur les risques, inquiets d’une atteinte potentielle à « notre sécurité numérique ».

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