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Un policier et un millionnaire, un tandem pour gouverner la Lituanie

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Saulius Skvernelis (d) et Ramunas Karbauskis à Vilius le 9 novembre 2016-AFP/Archives/Petras Malukas
Saulius Skvernelis (d) et Ramunas Karbauskis à Vilius le 9 novembre 2016-AFP/Archives/Petras Malukas

Un ancien policier incorruptible entré en politique et un magnat agricole, mécène généreux et conservateur, seront dans quelques jours aux commandes en Lituanie, formant un tandem cimenté par des intérêts communs.

Corruption jugulée, moins de morts sur les routes: l'homme désigné mardi pour être Premier ministre lituanien, Saulius Skvernelis, a fait ses preuves dans la police avant de devenir tête de liste du parti vainqueur des dernières législatives, l'Union des Paysans et des Verts (LPGU).

Agé de tout juste 46 ans, il est entré en politique, "grâce à un concours de circonstances", il y a deux ans à peine.

Ingénieur en mécanique, également diplômé en droit, ce père de deux enfants, dont un né au mois d'août dernier, a fait toute sa carrière dans la police avant de devenir ministre de l'Intérieur en 2014, à la suite de la démission du ministre précédent, inquiété dans une affaire de corruption.

Incarnant la force tranquille, Saulius Skvernelis a marqué la police de son empreinte. Auteur de nombreuses réformes de l'institution, il a réussi à réduire la corruption et la mortalité sur les routes grâce à la réintroduction des patrouilles.

"Je pense avoir suffisamment d'expérience et de détermination pour mener à bien des changements au sein de l'Etat", dit-il à l'AFP au lendemain du deuxième tour du scrutin remporté par son parti.

La LPGU doit former une coalition gouvernementale avec les sociaux-démocrates.

Connu pour son franc-parler et son sens de l'humour, il a connu des échanges d'opinions vigoureux avec nombre de politiciens, y compris "la Dame de fer" lituanienne, la présidente Dalia Grybauskaite.

La présidente de Lituanie Dalia Grybauskaite et le nouveau Premier ministre Saulius Skvernelis à Vilnius, le 15 novembre 2016-AFP/Petras Malukas
La présidente de Lituanie Dalia Grybauskaite et le nouveau Premier ministre Saulius Skvernelis à Vilnius, le 15 novembre 2016-AFP/Petras Malukas

Une fois à la tête du gouvernement, Saulius Skvernelis devra compter avec le président du parti - dont lui-même n'est pas formellement membre - le richissime Ramunas Karbauskis.

Agé de 47 ans, ce dernier est à la tête d'Agrokoncernas, un empire spécialisé dans l'exportation de céréales et d'engrais qui emploie quelque 1.300 personnes et a réalisé en 2015 un chiffre d'affaires de plus de 400 millions d'euros.

Entré en politique en 1996 en tant que député indépendant à l'âge de 27 ans, réélu en 2000, il est vice-président du Parlement pendant un an, puis fait son grand retour en politique en 2012 en prenant la tête de la LPGU, issue de l'ancien parti des Paysans.

- "Mariage de raison" -

Pendant sa campagne, il prône un rôle actif de l'Etat dans l'économie, parlant de monopole des ventes d'alcool et de banques publiques, et se dit fermement opposé à la reconnaissance légale du partenariat entre personnes du même sexe.

Son succès électoral est en grande partie dû à celui de Naisiai, son village natal, une ancienne ferme collective soviétique que dirigeait son père. Il a investi plusieurs millions dans le développement de ce village, créé en 2008 "Un été à Naisiai", une série télévisée qui s'y déroule, et un festival où toute consommation d'alcool est interdite, un thème important de sa campagne.

Elu au Parlement, Ramunas Karbauskis a choisi de suivre l'exemple du Polonais Jaroslaw Kaczynski et de refuser tout poste important dans le prochain gouvernement. A la tête du parti et de son groupe parlementaire, c'est pourtant lui qui donne le la dans les négociations avec les sociaux-démocrates.

Sarunas Liekis, politologue de l'université Vytautas le Grand de Kaunas reste pour l'instant confiant dans la capacité de ce tandem de partenaires à mener la coalition gouvernementale.

"Ce sont deux personnalités très fortes (...) ils ont tous les deux de l'énergie à revendre" souligne le politologue.

Les frictions pourraient apparaître quand sonnera l'heure des décisions. Mais pour l'instant, leur intérêt est "de garder leur coalition et sa position dominante" explique encore Sarunas Liekis.

"C'est un mariage de raison, mais parfois c'est le lien le plus solide", dit à l'AFP un autre analyste politique, Ausra Leka.

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