Selon un rapport de 2013 d'Amnesty International, l'homosexualité n'est pas considérée comme une infraction en Côte d'Ivoire. Pourtant, la condamnation qui a eu lieu hier au tribunal de première instance de Sassandra laisse supposer le contraire, car même si le gouvernement ne reconnaît pas les relations homosexuelles, il n'y a pas de loi qui les condamne.
Deux hommes, un vigile en agro-industriel de 31 ans, et son amant de 19 ans, ont été arrêtés et condamnés, après avoir été surpris pendant une relation sexuelle. C'est l'oncle du jeune garçon qui a prévenu la police. Les informations sont ensuite floues. "Lors de leur comparution, ils ont reconnu les faits et précisé qu’ils étaient amants depuis bien longtemps. Seulement, ils ont réfuté avoir commis un quelconque délit ", précise Ivoire Matin. Selon ce même média, les deux amoureux ont écopés de 18 mois de prison. Une envoyée spéciale de Libération a révélé qu'ils n'ont pas reconnu être homosexuels lors du procès, et qu'ils ont été condamnés à 3 mois d'emprisonnement.
Le Procureur a rappelé que même s'il existe des homosexuels en Côte d'Ivoire, "la loi qualifie de contre nature cet acte impudique". Il a assuré que les rapports sexuels entre deux personnes du même sexe doivent être "sanctionnés", faisant écho aux origines religieuses du pays. L'église méthodiste rejette ce genre d'unions, avait soutenu Benjamin Boni, figure montante de cette église, en septembre dernier, dans une circulaire : "L'église méthodiste n'approuve pas leurs pratiques qu'elle considère comme incompatibles avec leur doctrine".
Les médias adoptent un esprit très homophobe
À la suite de l'annonce de cette condamnation, plusieurs journaux africains et ivoiriens ont tenu des propos très durs envers ces deux hommes. Une "scène abominable" décrit afrique-sur7, avant de poursuivre en disant que les deux amants "se comportaient comme des chiens en chaleur (...) en train de se faire pilonner". Linfodrome a publié dans la catégorie "faits et méfaits" un texte très homophobe, en insistant sur le caractère sexuel de l'histoire. Pire encore, le média considère les deux hommes comme "anormaux".
La ville de Sassandra est très sujette aux affaires homosexuelles. En 2015, un couple d'hommes souhaitait se séparer. Il s'était retrouvé au commissariat sur plainte de l'un des deux amants qui s'opposait à la rupture. La police leur avait demandé d'agir avec "plus de pudeur et de discrétion".
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