Ce qui détermine la scolarité des enfants d’immigrés

Quel est le déterminant principal du parcours scolaire des enfants issus de familles immigrées ? L’Insee s’est intéressé à cette question dans une étude publiée ce mardi et y répond de façon catégorique. « Ce sont les différences de capital culturel des familles qui déterminent toujours la réussite des enfants au collège » et non le passé migratoire, selon Jean-Paul Caille, de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp), qui dépend de l’Education nationale. « Les chances de réussite sont d’autant plus fortes que l’élève vit dans une famille ayant beaucoup de livres et avec une mère diplômée de l’enseignement supérieur », poursuit-il.

Les enfants d’immigrés vivant dans un foyer comportant plus de 200 livres sont 94,3 % à ne pas avoir redoublé avant la sixième tandis qu’ils sont seulement 55 % dans ce cas quand ils habitent dans une famille sans aucun livre. De même les enfants d’immigrés dont la mère est diplômée de l’enseignement supérieur sont 66 % à avoir une note en français supérieure à celle de la médiane lors de l’évaluation de sixième. Ils ne sont que 26 % dans ce cas quand la mère n’a aucun diplôme.

Capital culturel de la famille

De ce point de vue, les enfants issus de familles immigrées ne se distinguent pas des autres enfants en France puisque le parcours de ces derniers à l’école dépend aussi fortement du capital culturel de la famille. « Tout se passe comme si […] le destin scolaire des enfants d’immigrés n’était pas fondamentalement différent de celui des autres élèves », selon l’étude.

L’ancienneté de l’arrivée de la famille en France et le fait de parler ou non le français dans la famille ne paraissent que très peu liés aux échecs ou aux succès de l’enfant lors de sa scolarité. Ainsi, les enfants d’immigrés nés à l’étranger comblent petit à petit leur déficit d’acquis en français et en mathématiques au cours du collège.

Taille de la fratrie

Toutefois, la réussite scolaire des enfants d’immigrés « n’est pas indépendante du nombre de frères et sœurs : au-delà de trois enfants, le parcours scolaire et le niveau d’acquis se dégradent au fur et à mesure que la fratrie s’accroît », écrivent les auteurs de l’étude.

Autre variable qui peut jouer un rôle, l’origine de la famille. « A caractéristiques familiales et sociales comparables, la réussite scolaire des enfants d’immigrés demeure inégale selon l’origine migratoire des parents », selon l’étude. Mais cette disparité s’explique essentiellement par l’excellence scolaire des enfants d’Asie du Sud-Est, « dont les résultats surclassent nettement ceux des autres ». Certaines études mettent cette réussite sur le compte de « la forte croyance des parents dans les bienfaits de l’éducation qui […] s’accompagne d’une forte exigence de résultats et d’une éthique du travail et de l’effort ».