Plein feux sur la première route solaire française

A l'heure de la COP 22, cette expérimentation va permettre de produire de l'électricité grâce à des dalles photovoltaïques installées sur la route.

Longue d’1 km, cette route solaire est située dans le département de l’Orne.
Longue d’1 km, cette route solaire est située dans le département de l’Orne. COLAS/YVES SOULABAILLE.

    Le mois prochain, la France aura sa première route solaire. Longue d'1 km et située à Tourouvre-au-Perche (Orne), sur la route départementale n° 5, elle sera en mesure de produire près de 790 kilowattheure (kwh) par jour, soit l'éclairage public d'une ville de 5000 habitant. Et ce grâce à un revêtement spécial composé de dalles fines, sorte de millefeuille dans lequel sont encapsulées des cellules photovoltaïques chargées de capter l'énergie solaire pour produire de l'électricité. Un système, relié aux dalles, récupère ensuite l'énergie créée. Cette innovation confère aux routes un nouvel usage, celui de fournir une production locale propre et renouvelable... Le tout, sans empiéter sur des espaces naturels.

    La chaussée de Tourouvre est signée Wattway, l'innovation brevetée et fruit de la collaboration de Colas, le spécialiste des infrastructures de transport (filiale de Bouygues) et l'Institut national de l'energie Solaire (INES). Sur place, Colas s'appuie sur les compétences de son fournisseur, la Société nouvelle Aeracem (SNA), pour la fabrication des panneaux photovoltaïques. « Avec cette route, on change d'échelle car nous avons jusqu'à maintenant testé notre technologie sur une centaine de chantiers de 20 à 100 m 2. A Tourouvre, explique Jean-Charles Broizat, le directeur de Wattway, la surface est de 2 800 m 2, sur une route départementale avec un trafic de près de 2 000 véhicules par jour dont 100 à 150 poids lourds et des tracteurs. »

    Pas plus de maintenance qu'une route classique

    Pas besoin de détruire la route pour la reconstruire, les 2 800 dalles solaires seront directement installées sur la chaussée existante. « Ces dalles ne sont pas les mêmes que celles posées sur les toits, explique Jean-Charles Broizat. Les matériaux utilisés doivent être suffisamment souples et fins pour absorber un poids maximum de 46 t ». Une fois posées, les dalles de 7 mm sont directement raccordées sous la chaussée au réseau Enedis (ex ERDF). Côté maintenance, Colas assure qu'il ne devrait pas y en avoir plus que pour une route classique. « Nous sommes en phase d'essai clinique pour valider la technique avant de passer, d'ici 2 ans, à la phase de commercialisation », précise le directeur du projet.

    Cette innovation mondiale conduite en partenariat avec le département de l'Orne traduit l'engagement de la France en matière de transition énergétique. Les 5 M€ du projet sont pris en charge par le ministère de l'Environnement, lequel incite à développer d'ici 5 ans 1 000 km de routes solaires.

    Article issu de notre supplément Le Parisien Eco - à feuilleter en intégralité ici

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