Cambodge : condamnation historique de deux dirigeants Khmers rouges
Dans ce procès fleuve et complexe, ouvert en 2010, il s’agit autant de juger les derniers représentants encore en vie d’un régime des plus sanglants que de mettre à plat les traumatismes qui hantent encore de manière vive le Cambodge. Ainsi le journal revient sur le témoignage durant le procès d’un messager de l’époque affirmant que Nuon Chea était bien au courant en amont des massacres ayant eu lieu durant la prise de la capitale Phnom Penh et son évacuation forcée. Le témoin 2-TCCP-223, resté anonyme pour les besoins de l’enquête en cours, n’a pu retenir son émotion en abordant les impacts personnels et psychologiques de cette période trouble : « Je ne sais pas comment décrire ce que j’ai vécu à l’époque, c’est inimaginable et je n’arrive pas à l’accepter. Aujourd’hui je vis avec un statut encore plus bas qu’un animal à cause de ce qui s’est passé. »
La condamnation pour crime contre l’humanité des deux plus hauts représentants des Khmers rouges encore en vie ne vient pas pour autant clôturer définitivement leur procès qui les verra juger pour génocide dans une seconde phase qui devrait s’ouvrir l’année prochaine. Plus globalement, le Cambodge a encore un long chemin à parcourir avant de pouvoir regarder sereinement son passé en face puisque, comme le souligne la défense des deux accusés, de nombreux responsables politiques d’aujourd’hui ont eux aussi participé à l’avènement des Khmers rouges. C’est le cas de l’actuel président de l’Assemblée Nationale du pays, Heng Samrin, ancien soldat gradé du régime imposé par Pol Pot.
De son côté, L’agence Reuters revient sur la déclaration de l’envoyé du secrétaire-général des Nations Unies, David Scheffer, expliquant que cette décision de la Cour Suprême cambodgienne devrait être analysée avec attention par les dirigeants de la Corée du Nord. Une menace implicite au leader Kim Jong-un, cité nommément dans un rapport de l’ONU pour violation des droits de l’homme publié en 2014.
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