Ça se passe en Europe : le SPD allemand soupçonné d’aimer l’argent
Le Parti social-démocrate allemand a mis fin mercredi à une pratique par laquelle une agence du parti proposait à des entreprises ou des lobbyistes des interventions de ministres moyennant finances.
Par Thibaut Madelin
Le Parti social-démocrate allemand (SPD) a mis fin mercredi à une pratique, dévoilée la veille par la chaîne de télévision ZDF, par laquelle une agence du parti proposait à des entreprises ou des lobbyistes des interventions de ministres moyennant finances. Selon l’émission « Frontal 21 », des fédérations professionnelles pouvaient ainsi accueillir ces intervenants de très haut niveau moyennant une somme de 3.000 à 7.000 euros encaissée par l’agence NWMD, appartenant à la maison d’édition du SPD, Vorwärts.
Le ministre de la Justice, Heiko Maas, la ministre des Affaires sociales, Andrea Nahles, ou encore la ministre de la Famille, Manuela Schwesig, font partie de ces intervenants. Le SPD a assuré que les politiciens n’étaient pas informés de ces conditions.
Un précédent en 2010
L’occasion était trop belle pour les humoristes de l’émission « Extra 3 ». Ils ont fait fureur sur Internet en parodiant la publicité du loueur de voitures Sixt avec les portraits des ministres concernés et le slogan « SPD. Rentasozi » (« Loue un socialo »).
En 2010, un scandale similaire avait éclaboussé un baron de l’Union chretienne democrate (CDU), Jürgen Rüttgers. A l’époque, Thomas Oppermann, poids lourd du SPD, avait parlé de « République bananière ». Il figure aujourd’hui sur la liste des intervenants.
Perméable aux tentatives d’influence
L’affaire tombe très mal pour le parti de gauche qui se trouve soupçonné d’être perméable aux tentatives d’influence des milieux économiques. A neuf mois des élections, ceci a de quoi mettre en difficultés le vice-chancelier Sigmar Gabriel, qui préside le parti.
Si la pratique a été jugée légale par le Bundestag, chargé de surveiller le financement des partis politiques, elle laisse un arrière-goût qui devrait faire les choux gras du parti populiste AfD, prompt à dénoncer la corruption présumée des partis établis.
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Une affaire n’arrivant jamais seule, le quotidien « Bild » a révélé qu’un ancien juge financier travaillant au ministère des Finances entre 2004 et 2008 avait co-écrit des textes de loi favorables à la fédération des banques privées (BDB), dont il avait ensuite reçu de l’argent.