Nicolas Sarkozy, ex-président français et candidat aux primaire de droite à Paris, le 27 septembre 2016

Nicolas Sarkozy, ex-président français et candidat aux primaire de droite à Paris, le 27 septembre 2016

afp.com/MARTIN BUREAU

Mediapart publie ce mercredi quatre nouveaux documents relatifs aux soupçons d'un financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Selon le site d'information, les 5 millions d'euros que l'homme d'affaires franco-libanais, Ziad Takieddine, affirme avoir livrés en main propre à Claude Guéant et Nicolas Sarkozy entre fin 2006 et début 2007, auraient été débloqués par Abdallah Senoussi, le beau-frère de Mouammar Kadhafi... condamné à perpétuité par contumace en 1999 pour son rôle dans l'attentat du DC-10 d'UTA, qui a tué 170 personnes en 1989.

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Selon Mediapart, le règlement de la situation judiciaire de ce haut dignitaire libyen était un élément central des pourparlers engagés dès 2005 entre le régime de Kadhafi et les représentants de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, par l'intermédiaire de l'homme d'affaires Ziad Takieddine.

Sarkozy et Senoussi, deux hommes pour un seul avocat ?

Les documents publiés montrent a minima les efforts déployés par les proches de Nicolas Sarkozy pour faire évoluer la situation juridique d'Abdallah Senoussi et indiquent que dès 2006, le beau-frère de Kadhafi avait envoyé un mandat à Thierry Herzog, avocat et ami intime de Nicolas Sarkozy, pour lui demander de "prendre la défense" la défense de ses "intérêts" [...] dans l'affaire UTA".

Abdallah al-Senoussi le 22 juin 2011 à Tripoli

Abdallah al-Senoussi le 22 juin 2011 à Tripoli

© / L'Express

Alors que Thierry Herzog avait affirmé en 2011 n'avoir "jamais vu" Abdallah Senoussi, un autre document, datant de 2008, détaille la teneur des travaux juridiques entrepris par cet intime de Nicolas Sarkozy et évoque la rencontre avec l'avocat et Senoussi en novembre 2005, un mois seulement après la première visite officielle de l'ancien chef d'Etat français en Libye.

"Faire casser" le jugement

Mediapart publie également deux notes signées par Ziad Takieddine, considéré dans ce dossier comme l'intermédiaire principal entre Paris et Tripoli. Là encore les deux documents montrent l'intérêt des proches de Nicolas Sarkozy à faire "casser le jugement" rendu par la Cour d'Assises spéciale de Paris en 1999: "L'objectif est de faire casser cette décision sans qu'il [Senoussi] ait à revenir personnellement en France", précise le document, qui indique pour ce faire plusieurs leviers juridiques en cas de pourvoi en cassation.

Enfin, dernier élément - le plus accablant, selon Mediapart -,une "note confidentielle", rédigée par l'homme d'affaires franco-libanais lors d'une réunion en mai 2009, évoque les "conclusions de Me Thierry Herzog" au sujet de la situation de Senoussi, ainsi que la nécessité de mettre "de côté", le mandat d'arrêt international émis à l'encontre du dignitaire libyen après sa condamnation par contumace. Cette même "note confidentielle" fait état de la présence de "CG", comprendre Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée, lors de la réunion.

Au cours du dernier débat entre les sept candidats à la primaire de la droite, Nicolas Sarkozy, interrogé sur les dernières déclarations de Ziad Takieddine, n'avait pas caché son agacement: "Quelle indignité [...] C'est une honte", avait lâché l'ancien chef d'Etat.

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