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Les réponses aux 7 questions essentielles sur la retraite

Comprendre les principaux mécanismes qui régissent les retraites que chacun est en droit de percevoir est plus que jamais indispensable. S'y intéresser de près permet de piloter au mieux ses intérêts.

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Par Roselyne Poznanski

Publié le 25 nov. 2016 à 01:01

Pour bien préparer sa retraite aujourd'hui, il ne suffit plus de « laisser faire » et de ne s'intéresser qu'au montant des pensions à percevoir.

Cette attitude, courante, a un intérêt très limité : elle cantonne tout un chacun dans une posture d'observation et non dans une dynamique de compréhension de ses droits à la retraite, pourtant essentielle au regard de la pluralité des régimes de retraite (pas moins de 35...), de la diversité de leurs réglementations respectives (les règles qui régissent les retraites de base et complémentaires des salariés du privé n'ont que peu de points communs avec celles applicables aux salariés de certains régimes spéciaux, par exemple) et des probables réformes en perspective.

Pour s'inscrire dans cette démarche, il n'y a pas d'âge : le plus tôt est le mieux. Voici les principaux points à connaître pour optimiser le montant de vos droits.

A quel âge peut-on vraiment partir ?

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En principe, à 62 ans, mais cet âge n'est que théorique... Si l'on écarte d'emblée certaines situations particulières (longue carrière, personne handicapée ou personne qui s'inscrit dans un dispositif de pénibilité, par exemple) qui permettent le plus souvent une retraite anticipée dès 60 ans, l'âge légal de départ pour toutes les personnes nées en 1955 ou après doit aujourd'hui s'interpréter davantage comme un seuil à franchir que comme une autorisation de départ.

La principale raison tient au fait qu'il n'est pas évident d'obtenir à 62 ans le taux plein. Une personne née en 1955, 1956 ou 1957 doit par exemple réunir 166 trimestres cotisés ou réputés comme tels : elle doit donc avoir travaillé plus de 41 ans sans discontinuer ou presque, ce qui revient à être entré dans la vie professionnelle à l'âge de... 20 ans !

Ce « challenge » est encore plus difficile pour les générations suivantes, puisque le nombre de trimestres nécessaires grimpe jusqu'à 172 pour les natifs de 1973 ! Rien d'étonnant donc à ce que l'âge de départ effectif à la retraite d'un salarié soit d'ores et déjà de 63,3 ans, hors départs pour retraite anticipée (CNAV 2015) !

Le taux plein donne-t-il toujours droit à une retraite optimale ?

Le taux plein, qui est égal à 50 % du salaire annuel moyen (SAM), correspond, c'est vrai, au taux de calcul maximum de la pension de base des salariés du commerce, des services ou de l'industrie et des contractuels de la fonction publique (tous affiliés à la CNAV), des salariés et des non-salariés du secteur agricole (affiliés à la MSA) et des indépendants ou des chefs d'entreprise (affiliés au RSI).

Il est atteint au mieux à l'âge légal, si la personne a engrangé le nombre de trimestres requis pour sa génération, ou plus tard, ou à 67 ans (âge dit d'annulation de la décote) de façon automatique.

Mais contrairement à une idée reçue, le taux plein n'est pas le Graal de la retraite, car il ne fait pas tout. Outre le salaire annuel moyen retenu à hauteur du plafond annuel de la Sécurité sociale (PASS), soit 38.616 euros pour 2016, il y a aussi, et surtout, la durée d'assurance de chacun qui entre en ligne de compte.

La formule de calcul de la pension de base est la suivante :

SAM × taux × trimestres acquis/trimestres requis. Une personne qui liquide à taux plein et à 62 ans pourra ainsi se prévaloir d'une pension de base annuelle au plus égale à 1.609 euros par mois (38.616 euros × 50 % × 1), hors majoration éventuelle (10 % pour 3 enfants ou plus par exemple).

Mais une personne qui attend 67 ans pour bénéficier du taux plein car sa durée d'assurance est loin du nombre de trimestres exigés pour sa génération, n'aura pas cette chance... Pourquoi ? Parce que sa durée d'assurance sera proratisée, ce qui abaissera inévitablement sa pension de base.

Exemple :

Pour bien comprendre, supposons un salarié né en janvier 1955 qui travaille jusqu'à ses 67 ans.

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Parce qu'il a démarré sa carrière à 35 ans seulement, il ne totalisera début 2022 que 128 trimestres, soit 38 trimestres de moins que le nombre nécessaire pour atteindre le taux plein. Si son SAM est, par exemple, de 36.000 euros, sa pension de base annuelle sera égale à 13.860 euros (36.000 × 50 % × 128/166 = 18.000 euros × 0,77 %) et non à 18.000 euros comme nombre de personnes ont encore tendance à le croire !

Bonne nouvelle tout de même : en bénéficiant automatiquement du taux plein, la retraite complémentaire n'est pour le moment pas minorée par un coefficient dit « d'anticipation ».

Partir avant le taux plein, est-ce pénalisant ?

Oui, car même si l'on atteint l'âge légal, le taux de calcul de la pension de base est minoré par le jeu d'une décote (-0,625 par trimestre manquant, dans la limite de 20 trimestres) et les pensions Arrco et Agirc le sont également, par le biais d'un coefficient dit « d'anticipation ».

Ce dernier est fonction soit du nombre de trimestres manquants pour le taux plein dans le régime de base, soit des années restant à courir avant l'âge du taux plein automatique : il est d'autant plus pénalisant que les retraites complémentaires représentent la majeure partie de la retraite globale d'un cadre.

Exemple :

Pour un salarié né en 1955 qui fait valoir ses droits en 2017, à 62 ans, avec 12 trimestres en moins (154 au lieu de 166), les minorations sont les suivantes : moins 7,5 % pour le taux de calcul de sa retraite de base (qui passe de 50 % à 42,5 %), moins 7,2 % pour le montant de sa retraite de base (proratisation de la durée d'assurance à hauteur de 92,8 %) et moins 12 % pour les montants de ses retraites Arrco et Agirc (application d'un coefficient de minoration de 0,88 %).

Au final, sur la base d'un SAM de 36.000 euros par exemple, de 5.000 points Arrco et de 15.000 points Agirc, il percevra 14.194 euros par an de retraite de base, 5.506 euros par an de retraite Arrco et 5.745 euros par an de retraite Agirc, soit un total annuel de 25.444 euros.

S'il avait liquidé ses retraites avec 166 trimestres, il aurait respectivement perçu 18.000 euros, 6.257 euros et 6.528 euros, soit un total annuel de 30.785 euros.

Partir après le taux plein, est-ce intéressant ?

Oui, dans la mesure où aucun cumul emploi-retraite n'est envisagé (voir ci-dessous). Ce départ volontairement retardé une fois atteint l'âge légal et le taux plein permet de majorer le montant de la pension de base de +1,25 % par trimestre calendaire cotisé. D'ailleurs cotiser 4 trimestres de plus permettra, à l'avenir, d'échapper au malus de 10 % sur les retraites complémentaires Arrco et Agirc (voir page 3). Et cotiser 8, 12 ou 16 trimestres de plus que la date de son taux plein permettra d'engranger durant un an un bonus de 10 %, 20 % ou 30 % respectivement sur ces mêmes retraites complémentaires.

Dans le même temps, poursuivre son activité professionnelle au-delà du taux plein permet aussi d'accumuler des points en plus dans les régimes complémentaires Arrco et Agirc, donc d'obtenir, de façon viagère, des pensions plus élevées.

Enfin, lorsqu'on est à l'acmé de ses revenus et que cela n'a pas toujours été le cas au cours de sa carrière, sous réserve de travailler au moins une année civile de plus, la stratégie de la surcote peut rehausser sensiblement le montant du SAM (reflet des 25 meilleures années de la carrière), ce qui n'est pas négligeable.

Vaut-il mieux surcoter ou travailler à nouveau ?

Il est possible de retravailler après avoir fait liquider ses droits retraite, sans formalisme excessif et sous quelque forme que ce soit (indépendant, salarié...).

Lorsque la retraite de base est liquidée à taux plein, le cumul emploi-retraite est illimité : il n'y a aucun plafond pour les nouveaux revenus. Lorsque ce n'est pas le cas où lorsque l'on a fait valoir une longue carrière, les nouveaux revenus sont plafonnés à 160 % du SMIC ou à la moyenne des trois derniers mois de salaire. Pour Emmanuel Grimaud, président-fondateur de Maximis Retraite, « la surcote n'est pas suffisamment incitative puisqu'elle ne concerne que la retraite de base et non les complémentaires ».

Résultat : le cumul est souvent préférable.

Exemple :

Soit un cadre qui perçoit 100.000 euros de salaire par an et dont la pension de retraite globale serait de 60.000 euros par an à 62 ans.

S'il surcote durant cinq ans, il continuera à percevoir le même salaire et sa retraite, à 67 ans, sera de 70.000 euros par an.

Si au contraire, il opte pour un cumul emploi-retraite à temps plein (et à salaire identique), il percevra 160.000 euros par an (60.000 euros de retraite100.000 euros de salaire) c'est-à-dire 60 % en plus !

Comment aménager sa fin de carrière ?

Il faut se pencher sur la retraite progressive, dispositif revu et corrigé début 2015 de façon intéressante puisqu'il permet de lever le pied dès 60 ans.

Pour y accéder, un salarié non cadre ou cadre - mais hors forfait jours - ou un indépendant doivent disposer d'une durée d'assurance d'au moins 150 trimestres et vouloir passer à temps partiel. Seul hic : la diminution du temps de travail (40 % minimum et 80 % maximum d'un temps plein) est soumise à l'accord de l'employeur (pour les indépendants, c'est la baisse de revenus qui est mesurée).

Si ce feu vert est donné, une partie des salaires perdus est compensée par le versement d'une pension de retraite dite « progressive », calculée selon les paramètres usuels. Lorsque les retraites sont définitivement liquidées, les droits acquis pendant la période de retraite progressive (qui peut durer dix ans) sont pleinement réintégrés.

Quand faut-il envisager un rachat de trimestres ?

Lorsqu'on a une bonne visibilité sur l'ensemble de ses droits retraite et sur la façon dont va pouvoir se dérouler la fin de carrière, soit deux ou trois ans maximum avant le départ effectif à la retraite.

« Il ne sert à rien de racheter des trimestres trop tôt au regard des évolutions de la réglementation, surtout si l'âge légal est repoussé », explique Valérie Batigne, fondatrice de Sapiendo-retraite.fr. Car si le rachat de trimestres (12 au maximum) a tout pour lui en apparence - l'intégralité des sommes déboursées étant déductibles du revenu global avec report du déficit éventuel sur les années suivantes -, il doit être en réalité appréhendé avec précaution.

D'abord, parce qu'il faut remplir certaines conditions : le rachat ne peut ainsi porter que sur des années d'études supérieures (fonctionnaires, salariés...) ou sur des années dont le nombre de trimestres validés est inférieur à 4 (salariés). Ensuite parce qu'il coûte cher : à 60 ans par exemple, en fonction des revenus annuels soumis à cotisations, un salarié doit débourser de 3.275 euros à 6.472 euros par trimestre selon l'option choisie (rachat du taux seul ou rachat en plus de la durée d'assurance).

Enfin, parce que la somme « investie » doit pouvoir immédiatement créer un surplus de pension non négligeable et surtout être amortie en moins de dix ans de préférence.

Roselyne Poznanski

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