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Présidentielle américaine : et si Clinton l'emportait, finalement ?

Alors que la candidate démocrate a réuni deux millions de voix de plus que Donald Trump, ses soutiens s'organisent. Un recompte des voix va notamment avoir lieu dans le Wisconsin.

Par Étienne Combier

Publié le 24 nov. 2016 à 16:24

Et si, et si... Depuis le 9 novembre et la victoire surprise les soutiens d'Hillary Clinton cherchent par tous les moyens à faire revenir leur championne dans la course. D'autant que semaine après semaine, le décompte des voix fait apparaître que la candidate démocrate a réuni bien plus de votes que son rival républicain. Plus de deux millions de plus.

Mais contrairement à la France où l'élection présidentielle est au suffrage universel direct, l'élection américaine est au suffrage universel indirect. Les citoyens élisent en réalité des grands électeurs, au nombre variable par Etat, qui vont ensuite élire le ou la président(e) des Etats-Unis. A cela s'ajoute qu'un(e) candidat(e) arrivé en tête d'un Etat remporte l'ensemble des grands électeurs, tandis que le/la vaincu(e) n'en obtient aucun.

Ce système explique qu'un président américain puisse être élu sans avoir la majorité du vote populaire. Depuis 1776 et la création des Etats-Unis, cette situation s'est produite cinq fois, cette élection incluse. Mais l'écart de voix n'a jamais été aussi important entre les deux candidats.

Option 1 : la contestation

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Malgré les déclarations d’Hillary Clinton après l'élection de son rival, où elle demandait à ses électeurs de respecter le résultatde "notre démocratie constitutionnelle", ses soutiens ne l'entendent pas de cette oreille.

Une groupe d'informaticiens et d'avocats suggère ainsi avec insistance à Hillary Clinton de contester les résultats de trois Etats clés : le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvanie. Selon eux, ces trois scrutins auraient pu être piratés ou manipulés. Ils estiment notamment que la candidate a reçu 7% de voix en moins dans les comtés dépendant de machines électroniques dans le Wisconsin, ce qui représenterait une perte de 30.000 voix. Dans cet Etat, Donald Trump l'a emporté avec 27.000 voix.

Le groupe, qui n'a pas dévoilé ses preuves en détail, serait en train de discuter avec l'équipe d'Hillary Clinton et notamment son chef de cabinet, John Podesta.

Sans réponse officielle du camp Clinton, le groupe peut compter sur le soutien de la candidate verte à l'élection présidentielle, Jill Stein. Cette dernière a réussi à réunir 2,5 millions de dollarspour payer les frais de recompte dans ces trois Etats. Vendredi, elle a officiellement soumis une demande auprès de la commission électorale du Wisconsin, qui dit "se préparer à recompter les voix". Jill Stein a affirmé sur Twitter que le nouveau comptage débutera "la semaine prochaine" et elle entend également demander un nouveau calcul des voix en Pennsylvanie et dans le Michigan.

S'ils arrivaient à leur fin, il faudrait cependant que la candidate démocrate, qui détient 232 grands électeurs contre 290 pour Trump, soit finalement désignée vainqueure dans les trois Etats pour obtenir la majorité fixée à 270 grands électeurs. Et qu'Hillary Clinton se décide vite : la date limite de contestation est fixée au 28 novembre en Pennsylvanie et au 30 novembre dans le Michigan.

Dans l’histoire américaine, jamais un recompte n’a fait basculer un Etat de l’autre côté pour une élection présidentielle. En 2000, le recompte des voix en Floride avait abouti à une victoire par 537 voix de George W. Bush contre Al Gore. Pour Donald Trump, ce recompte des voix obtenu dans le Wisconsin est "une arnaque de la part du Green Party". "Les résultats de cette élection devraient être respectés au lieu d'être contestés", a insisté le milliardaire.

Donald Trump a estimé que cette opération n'était qu'une manière pour Jill Stein, "qui a obtenu moins de 1% du vote national et ne figurait même pas sur les bulletins dans de nombreux Etats, de remplir ses coffres avec de l'argent dont elle ne dépensera même pas la majeure partie pour ce recompte ridicule".

Option 2 : parier sur les grands électeurs "infidèles"

Si le camp Clinton ne conteste pas les résultats, il pourrait appeler les grands électeurs mandatés par des électeurs républicains à changer leur vote. Car, en réalité, c'est leur vote du 19 décembre prochain qui va désigner "pour de vrai" le président des Etats-Unis.

Ces grands électeurs, dits "infidèles" ou "déloyaux", sont une rareté dans l'histoire des Etats-Unis. Il y en a eu que 158 dans l'histoire du pays, la majorité ayant changé leur vote alors que le candidat qu'ils devaient élire était décédé.

Légalement, 26 Etats ainsi que la capitale, Washington, obligent leurs grands électeurs à suivre le vote des citoyens. Pour le reste des Etats, les grands électeurs peuvent, en principe, changer de candidat le jour du vote.

C'est ce qui a convaincu un Américain de lancer une pétitionpeu après l'élection de Donald Trump. Son objectif : pousser les grands électeurs des 14 Etats où il est arrivé en tête et où il n'est pas illégal de changer son vote, de voter pour Hillary Clinton. Au total, cela représenterait 149 grands électeurs. Aujourd'hui, la pétition a rassemblé 4,6 millions de personnes et 6 grands électeurs ont déjà annoncé qu'ils changeraient leur vote.

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Avec ce basculement, Hillary Clinton se retrouve avec 238 grands électeurs, sur les 270 nécessaires pour obtenir la majorité. Avec cette défection, Donald Trump en conserve 284.

Mais comme le rapporte Politico, si les soutiens de la démocrate parvenaient à convaincre les grands électeurs, cela n’aboutirait qu’à un autre vote, cette fois par la chambre des Représentants, à majorité républicaine. Qui pourrait élire Donald Trump sans contestation possible.

Option 3 : ne rien faire

C'est finalement l'option la plus probable. La candidate, qui n'a jamais semblé vouloir contester le résultat, devrait logiquement s'y tenir et les grands électeurs rester « loyaux ».

Seule voie de sortie : tenter de réformer le système pour la prochaine élection. Des pistes avaient déjà été évoquéesaprès l'élection de 2000, qui avait vu George W. Bush l'emporter alors qu'Al Gore avait réuni plus de 500.000 voix de plus. Sans qu'un chemin législatif, qui passerait probablement une réforme constitutionnelle, puisse aboutir.

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