Publicité

Mediapart révèle des surfacturations vertigineuses à la FFR

Panoramic

Une semaine après avoir mis à jour l’affaire de la double billetterie, le site récidive. Cette fois, documents à l’appui, il dénonce des marges d’une ampleur inouïe dont a bénéficié un intermédiaire très proche des dirigeants actuels.

Pas une semaine ne se passe désormais sans qu’une révélation n'atteigne la FFR et ses dirigeants actuels. Mediapartqui, la semaine dernière, avait déjà révélé le système de double billetterie frauduleuse, a soulevé ce vendredi un nouveau scandale. Qui touche de plus près encore la direction actuelle. Le site d’informations, documents à l’appui, met à jour un système effarant de surfacturation. Pour un montant de 780 000 euros (sur une somme de 1 M€), soit une marge pharaonique de 72% !

Au cœur de ce système, on retrouve les mêmes protagonistes que pour l’affaire de la double billetterie : l’agence événementielle Impact Club, gérée par Gérald Martinez, également président de l’Amicale des anciens joueurs internationaux et longtemps présent au comité directeur de la Fédération. Une société qui compte également pour actionnaire Bernard Godet, l’un des vice-présidents de la FFR, démissionnaire en début de semaine suite aux premières révélations de Mediapart

Cette fois, il est question de surfacturation de dizaines de prestations réalisées pour le compte de la FFR. Impact Club a en effet «dégagé des marges vertigineuses, en ne jouant pourtant qu’un rôle d’intermédiaire entre la FFR et des imprimeurs de métier dans l’exécution des contrats d’impression». Premier marché concerné, celui de l’impression du document «Infos Congrès», bilan annuel d’une centaine de pages, en quadrichromie, que la fédération adresse aux clubs et dirigeants. «Un produit, qu’Impact Club a officiellement conçu, imprimé et distribué pour la FFR de 2006 jusqu’à cet été», explique Antton Rouget, le journaliste de Mediapart. Avant d’ajouter. «En apparence, du moins. Car dans les faits, Impact Club, qui n’est pas imprimeur, sous-traitait les tâches à d’autres professionnels. Ces imprimeurs et graphistes de région parisienne réalisaient la totalité du produit, de la conception jusqu’à son envoi, tandis qu’Impact Club, bénéficiaire du marché pour la FFR, coordonnait le tout en réalisant une plus-value sur la commande.»

6.000 cartes postales promotionnelles au coût de 797 euros HT sont refacturées... 18.000 euros HT à la FFR !

Et là, les marges sont délirantes ! Exemples donnés par Mediapart. En 2013 : les 3 000 exemplaires d’Infos Congrès ont coûté 19.950 € HT mais sont facturés… 84.840 € HT par Impact Édition à la FFR. En 2014 ? De 19 935 € à 90 000 €. En 2015 ? De 22.702 € à 95.570 € ! Et- ce depuis 2008… Autre jackpot, celui des cartes postales de la fédération, cet outil promotionnel avec les photographies des différentes équipes de France. Attention au tournis. En septembre 2012, les 6.000 cartes du XV de France, sorties de l’imprimerie à 835 euros HT, sont facturées à la FFR 9 000 euros, près de onze fois leur prix initial ! Un an plus tôt, le coût de ces 6 000 cartes postales avait déjà été multiplié par 22 pour passer de 797 euros HT à 18.000 euros HT.

Au final, «en huit ans, le différentiel entre les factures de sous-traitants et cette PME de tout au plus cinq employés – dont Gérald Martinez et sa compagne – qui travaille dans l’impression, l’événementiel et la vente d’équipements sportifs, est de 780 000 euros pour des contrats d’un montant total d’environ un million d’euros», résume Mediapart.

Contrairement aux révélations concernant la double billetterie, la FFR a, cette fois, accepté de répondre au site d’informations. Pour des justifications qui ont du mal à convaincre, c’est le moins que l’on puisse dire. «Nous ne sommes pas une entreprise publique, nous ne sommes pas tenus aux règles formelles de l’administration(quant au respect du code des marchés publics – ndlr). Nous sommes une entreprise privée», réplique d’abord la direction financière de la FFR, laquelle est placée, rappelons-le, sous la tutelle du ministère de la jeunesse et des sports qui lui délivre un agrément !

Une "compétence" qui a coûté 780.000 euros à la Fédération Française de rugby

Pressée d’aller plus loin dans les explications, la FFR argue que «Infos Congrès n’est pas un rapport standard. C’est un document complexe par le fait que les données viennent de plein de départements différents et que l’information bouge jusqu’à J-3. Ensuite nous avons besoin d’avoir un prestataire qui est capable de comprendre ce qu’il donne à imprimer et qui, lui-même, a cette capacité à dire : “Attendez, peut-être que là ce n’est pas bon”. Il nous fallait quelqu’un qui avait les compétences techniques mais qui apporte aussi une plus-value sur le document. Une année, Impact Club a détecté une erreur et on a dû coller des stickers dans le rapport d’activités la veille de l’Assemblée générale.» Une "compétence" qui a coûté 780.000 euros à la Fédération Française de rugby.

Sujet

Mediapart révèle des surfacturations vertigineuses à la FFR

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
Aucun commentaire

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

À lire aussi