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Libération
2017

Bartolone ouvre la guerre Hollande-Valls

A Bondy, au rassemblement des amis de Martine Aubry, le président de l’Assemblée nationale a appelé le Premier ministre et le chef de l’Etat à s’affronter dans la primaire organisée par le PS en janvier. Inédit.
par Lilian Alemagna
publié le 26 novembre 2016 à 12h33

Martine Aubry avait pourtant prévenu : «Vous allez être déçus, si vous attendez des petites phrases et des noms, vous pouvez partir, parce qu'il n'y en aura pas», avait lancé la maire de Lille aux journalistes à son arrivée dans une salle des fêtes collée à l'hôtel de ville de Bondy où les siens ont convié une partie de la gauche rose-rouge-verte pour un «Carrefour des gauches et de l'écologie». C'était sans compter sur le local de l'étape : Claude Bartolone.

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Le président de l'Assemblée nationale a déclenché ce samedi une nouvelle secousse au niveau de l'exécutif. Quatrième personnage de l'Etat - pas moins que ça - il a demandé à Manuel Valls et François Hollande de s'affronter dans la primaire organisée en janvier par le Parti socialiste. «Je préfèrerais qu'ils participent tous les deux à la primaire, plutôt que l'un puisse se dire : Voilà je suis éliminé sur le tapis vert, donc je m'éloigne de la campagne, je m'éloigne des socialistes, je m'éloigne de l'action gouvernementale», a-t-il expliqué à la presse… à deux reprises pour bien être sûr qu'il était compris. «S'ils se sentent et l'un et l'autre porteurs d'un projet pour la France, s'ils sentent qu'ils ont des choses à dire aux Français, autant qu'ils aillent à la primaire, et que l'on puisse les voir se rassembler au second tour de cette primaire», a poursuivi l'élu de Seine-Saint-Denis qui appelle aussi - en vain - Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron à venir dans cette primaire prévue les 22 et 29 janvier.

«C'est un séisme»

De quoi doper les intentions des proches de Manuel Valls. Lequel coupe un peu plus à chaque sortie le fil de la «loyauté» qui le lie à François Hollande. «Là, ce n'est pas seulement le Barto politique qu'on connaît tous par coeur. C'est aussi et avant tout le président de l'Assemblée nationale. Honnêtement, c'est un séisme», glisse par SMS un proche du Premier ministre. En revanche, cette sortie de l'ex-président du département de Seine-Saint-Denis a énervé dans le camp Aubry. «ça ne correspond pas à l'état d'esprit d'aujourd'hui, critique François Lamy, fidèle d'Aubry. Si Valls devait y aller, il l'aurait déjà fait»«Il a eu une fenêtre de tir après la sortie du bouquin (Un président ne devrait pas dire ça... NDLR). explique une élue francilienne. Manuel est en train de se «conflanisé»...» Référence au retrait de Michel Rocard - un des pères politiques de Valls - de la présidentielle de 1988, contré par la candidature du sortant, François Mitterrand.

Certes, depuis la sortie du livre Un président ne devrait pas dire ça des journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice L'homme (Stock), Bartolone est très fâché contre Hollande. Mais de là à imaginer un duel inédit dans une primaire entre un chef de l'Etat et son Premier ministre, c'est le signe effarant que la guerre - avant même la fin de la primaire de la droite - est déclarée au sein de l'exécutif. Dès lundi, les micros se tourneront vers Valls pour qu'il réponde à l'invitation de Bartolone.

«Il faut une grande primaire»

«Il s'est passé quelque chose dimanche dernier avec Fillon, défend l'entourage de Bartolone. La droite est ultra-conservatrice et elle est surmobilisée. Il faut trouver les moyens de relancer la machine. Il faut une grande primaire. La gauche doit réagir! Ceux qui ont le sentiment qu'ils ont un projet à présenter doivent y aller!» Et c'est bien le problème de cette gauche réunie ce samedi à Bondy devant quelque 250 personnes : elle souhaite parler «sur le fond» mais n'a pas de candidat commun face à François Hollande, voire Manuel Valls. Certains rêvent de Martine Aubry, d'Anne Hidalgo ou de Christiane Taubira, présente au premier rang ce samedi et qui doit intervenir dans l'après-midi. La maire de Lille a juste lancé à son arrivée : «Chacun me connaît, j'ai toujours pris des positions en fonction de mes convictions. Aujourd'hui, je ne sais rien, j'attends les programmes, les projets. Pour certains, je sais que je ne pourrai jamais être avec eux : Emmanuel Macron par exemple, lui, c'est le seul que je citerai aujourd'hui car il n'est pas à gauche. (...) Aujourd'hui, je ne sais pas pour qui je voterai.»

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