Samedi soir, au stade de France, les Bleus seront un peu comme ces skieurs prêts à aborder une nouvelle piste noire. Problème, ils sont toujours en phase d'apprentissage et ne sont pas forcément prêts à faire face à un adversaire du calibre des All Blacks.

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Depuis 2009, jamais le XV de France n'est parvenu à battre les hommes en noirs (en 10 matchs). La dernière confrontation, il y a 14 mois à Cardiff avait même tourné à la leçon de rugby (63-13). Pour éviter une nouvelle rouste, voici quelques pistes à explorer. Sinon, il faudra prier.

Ne pas se laisser impressionner

Un peu de méthode Coué ne fait pas de mal. Oui, ce sont les Blacks, oui, ils sont quasi-imbattables, mais c'est bien pour cela que le XV de France a un coup à jouer puisque le rugby français a construit sa légende dans ce genre de matchs perdus d'avance. Damien Traille peut en témoigner puisqu'il faisait partie de l'équipe de France victorieuse à Christchurch il y a sept ans. "Si on fait une fixation et qu'on les regarde jouer, on prend une rouste, c'est certain. Il faut éviter de les 'bader' sur le terrain", souffle à L'Express le néo-retraité.

Les All Blacks exécutent le haka avant de défier en test match l'Irlande à Dublin, le 19 novembre 2016

Les All Blacks exécutent le haka avant de défier en test match l'Irlande à Dublin, le 19 novembre 2016

© / afp.com/Paul FAITH

Cette année-là, les Bleus avaient abordé la rencontre avec un trouillomètre élevé. Mais ils avaient réussi à convertir cette peur excitation, pour se transcender. Marc Lièvremont, l'ancien sélectionneur parle dans L'Equipe d'une "crainte saine de prendre une déculottée." Les Bleus arrivaient "un peu en souffrance", mais dans un état d'esprit commando. Et ce, dès le haka.

Pour surprendre les Néo-Zélandais et faire retomber la pression, ils peuvent aussi expérimenter l'idée de la finale de la Coupe du monde 2011, jamais mise en pratique pendant le cérémoniel d'avant-match: répondre aux Blacks par une Danse des canards.

Miser sur un grand buteur

Pour ne pas sombrer samedi, la France misera sur un revenant: Camille Lopez. Celui qui n'avait plus été titularisé depuis mars 2015 aura la charge d'empiler les points au pied contre l'armada de l'Hémisphère sud. "Le fait d'avoir fait venir Lopez, c'était pour qu'il exprime son talent. Il n'a aucune pression, on attend qu'il joue avec ses qualités même s'il doit s'intégrer dans le projet de jeu", indique le sélectionneur Guy Novès.

Le joueur de 27 ans était entré en jeu samedi dernier contre l'Australie à la place de Doussain sans convaincre. Il avait notamment manqué le drop de la "gagne" dans les arrêts de jeu.

Pourtant Damien Traille croit en l'ouvreur de l'ASM: "Il est en pleine réussite avec son club. Le fait d'être entouré de Clermontois (Nakaitaci, Fofana) aidera pour les automatismes." Son rôle sera effectivement primordial. "Contre les Wallabies, on a laissé trop de points en route. Il faut conclure le travail collectif avec un buteur qui tourne autour de 80-85% de réussite." Un taux rarement atteint par les différents buteurs du XV de France, ces dernières années.

Prendre le dessus dans les conquêtes

Toujours facile à dire, certes. Mais face aux doubles champions du monde, l'évidence s'impose un peu plus, comme l'ont prouvé les Irlandais, derniers à les avoir battus au début du mois, mettant ainsi fin à une série de 18 victoires de rang (record absolu au niveau international). Le XV du Trèfle a surpris les Blacks par une rigueur sans faille en conquête.

La touche et la mêlée seront donc les deux secteurs clés pour les faire déjouer. Par ailleurs, "l'Irlande leur a mis une très grosse pression en défense avec un rideau hermétique, et au pied", analyse le troisième ligne Damien Chouly, en conférence de presse cette semaine. Cela passe par un engagement un peu plus poussé qu'à l'accoutumée. Non, on n'a pas dit "agressivité".

Trouver la bonne technique de plaquages

Dans ce secteur, il faudra forcément trouver la formule idoine. L'objectif étant de déstructurer le jeu de passes des Blacks. La première option consiste à plaquer à deux, comme si le lest d'un seul Bleu ne suffisait pas. Les Irlandais avaient appliqué cette technique avec brio au début du mois. Mais pour Rémi Lamerat, le risque est de dépeupler l'arrière-garde française en cas de plaquage raté.

Quade Cooper (à droite) plaque le Néo-Zélandais Ben Smith, le 27 août 2016 lors du match All Blacks-Wallabies à Wellington

Quade Cooper (à droite) plaque le Néo-Zélandais Ben Smith, le 27 août 2016 lors du match All Blacks-Wallabies à Wellington

© / afp.com/Marty Melville

"Ils arrivent à faire jouer énormément derrière eux. La paire de centres néo-zélandaise est celle qui lâche le plus de ballons après contact, ce qui permet aux Blacks d'être toujours dans l'avancée. On n'a pas ciblé le plaquage à deux, mais on l'a dans un coin de la tête."

Autre hypothèse, le plaquage "chaise", qui consiste à stopper l'adversaire debout, pour éviter qu'il ne libère le ballon au sol. Il permettrait, selon Damien Traille, de "casser" le jeu de passes néo-zélandais. Si les Bleus réussissent ce type de plaquages, ils anéantiront le petit temps d'avance des Blacks dans les transmissions. Ils pourraient même finir le match dans un fauteuil.

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