Au Stade de France,

Rarement une défaite contre la Nouvelle-Zélande aura laissé derrière elle un tel sentiment de frustration. Car si le XV de France a perdu samedi contre les All Blacks (19-24), il a fait mieux que jeu égal avec la meilleure nation du monde. Les hommes de Guy Novès ont emballé la rencontre dès l’entame et n’ont jamais abandonné leurs bonnes intentions. Mais ils ont payé cher leur terrible manque de réalisme, là où les Blacks ont saisi la moindre opportunité pour scorer.

La leçon des All Blacks

Bougés comme (presque) jamais ces quinze derniers mois, les Néo-Zélandais n’ont évidemment pas paniqué. Sûrs de leur force, ils ont été intraitables devant leur ligne pour stopper les vagues bleues juste quand il le fallait. Et ont profité de leurs rares occasions pour montrer à leurs adversaires comment on faisait pour aplatir dans l’en-but.

En apnée jusque-là, ils ont ouvert la marque par Dagg sur leur toute première venue dans la moitié de terrain des Bleus (7e). Et puis, sans se faire trop violence, ils ont fait le trou au retour des vestiaires sur un ballon volé par Barrett (43e) et une phase de possession conclue en force par Faumuina (58e). Rien de bien fou quoi, juste un réalisme à vous glacer le sang. On espère que les Bleus en ont pris de la graine.

Mais quand même, quel match des Bleus !

On pourra dire qu’on attendait plus des Blacks, mais il faut remettre les choses à leur place. Ils n’ont simplement pas pu développer leur jeu à cause des Français. On craignait que nos Bleus prennent la marée, et bien ce sont eux qui ont dicté le rythme du match. La première période, notamment, a été exceptionnelle d’intensité.

Certes, il y a eu des sorties de balle un peu brouillonnes, des touches mal négociées et des ballons perdus dans les rucks, mais on a surtout vu une folle envie d’aller défier ces Blacks. Cinq fois en première période, ils ont échoué à quelques petits mètres de la ligne. Et ces 529 mètres parcourus ballon en main, grâce à Gourdon, Fofana, Nakaitaci et Vakatawa notamment, sont une belle folie. Heureusement pour le moral que Picamoles a récompensé tous ces efforts (62e), on l’aurait vraiment très mal vécu sinon.

Du coup c’est bon pour la suite ?

On avait hâte de voir les Bleus, emballants contre les Samoa et qui avaient confirmé leurs intentions contre l’Australie, à l’épreuve de la Nouvelle-Zélande. On n’a pas été déçu. Pas grand monde ne les imaginait à ce niveau. La France n’a pas eu peur, elle a joué, et elle ne s’est pas écroulée physiquement. Menée 24-9 à l’heure de jeu, c’est même elle qui a fini le plus fort, jusqu’à revenir à cinq points dans les derniers instants.

Un an après sa prise de fonction, Guy Novès arrive petit à petit là où il le souhaite. Une identité est en train de germer, clairement. Ça court, ça joue, ça ne lâche rien. Alors oui, il y a toujours ces courants d’air dans la défense et une maladresse parfois déconcertante au moment de conclure. Mais cette équipe donne envie de la voir jouer. Vivement le Tournoi 2017.